Cet été, le rachat du HAC par la société Blue Crow Sports Group a ramené autant d'éclaircies sur le groupe masculin du club qu'il n'a placé plus d'ombre encore sur le devenir de la section féminine. Dans un contexte économique toujours aussi serré, après avoir perdu de nombreuses joueuses clés (Laurie Cance, Eden Le Guilly, Salomé Elisor...), les Havraises semblaient vouées à des débuts placés sous le signe du danger et de l'incertitude. Pourtant, fortes d'une préparation finalement prometteuse, les « Ciel et Marine » ont lancé leur saison avec un panache inattendu et affichent sept points pris en trois journées. "Je suis très content pour les joueuses", savoure le coach Maxime Di Liberto, qui entame sa deuxième saison sur le banc des seniors. "Ça veut dire qu'avec Laure (Lepailleur, la directrice sportive), on a bien réussi à travailler à l'inter-saison et lors de la prépa. Et c'est sûr que le climat d'apprentissage est bonifié parce que s'entraîner en gagnant des points, c'est toujours plus facile".
Alors qu'elles doivent constamment faire face à des vents contraires, en témoigne la longue blessure de la gardienne internationale belge Lisa Lichtfus survenue à l'aube de la 1re journée contre Strasbourg (2-2), Madeline Roth et ses partenaires ont développé une véritable résilience, incarnée par un état d'esprit collectif qui s'est encore renforcé depuis le mois de mai. "On a augmenté l'intensité de nos séances et leur durée, voire même leur volume dans la semaine", reconnaît Maxime Di Liberto qui pointe cependant volontiers du doigt la solidarité de « ses » filles. "On s'est attardés avec Laure sur le recrutement de joueuses qui voulaient appartenir à un groupe plutôt que de penser à leur carrière ou à l'individualité".
"quand on fait autant d'effort pour le collectif, à un moment, le collectif fait briller les individualités"
Maxime Di liberto
"Quand on est autant attaché au collectif, quand on fait autant d'effort pour le collectif, à un moment, le collectif fait briller les individualités", poursuit le technicien. Le meilleur exemple pour illustrer ses propos est sans nul doute celui de Zoé Stiévenart. Alors qu'elle n'avait inscrit que trois buts en championnat lors de ses deux premières années en Normandie, l'ex-Ruthénoise en compte déjà le même nombre cette saison... après trois journées ! "Je ne vais pas dire que j'ai réellement changé quelque chose, je pense que je me sens bien, tout simplement", témoigne l'attaquante qui n'a jamais eu autant d'impact au sein du club doyen. "Je me sens bien avec les filles, je me sens bien sur le terrain. J'ai fait une bonne préparation, que ce soit collectivement avec l'équipe ou individuellement avant de reprendre. Je suis vraiment concentrée sur moi et mes performances". "Zoé, c'est une fille intelligente, qui a compris ce qu'on attendait d'elle", salue Maxime Di Liberto. "Elle a travaillé aussi sur elle, sur sa façon de jouer, de voir le foot, travailler aussi au quotidien. Je la vois encore plus travailler devant le but. Elle est aussi plus à l'écoute. En fait, c'est du travail à long terme".
Un Stade Océane qui sonne désespérément creux
En "manque de stats" jusqu'alors comme elle le reconnaît elle-même, Zoé Stiévenart est partie sur d'excellentes bases et dans son sillage, l'équipe havraise est juchée sur le podium en ce début du mois d'octobre, derrière les géants que sont l'OL Lyonnes et le Paris FC, mais devant le Paris SG ou Fleury, son futur adversaire. Contre Montpellier, son club formateur, l'attaquante de 23 ans a inscrit un doublé, contribuant largement au succès 3-2. Passé un premier acte timide, les Hacwomen ont offert une deuxième période déroutante. Piégées par un pressing parfaitement huilé, constamment harcelées par des Normandes tranchantes, les Héraultaises ont logiquement fini par s'effondrer. Les efforts répétés et maîtrisés de Chancelle Effa Effa et de ses coéquipières ont alors offert un spectacle rythmé rarement vu à Océane ces derniers mois. "Notre force, c'est notre pressing", développe Zoé Stiévenart. "On presse à 10 000%, on se sent bien physiquement, donc ça nous permet de répéter les courses à haute intensité".
"Que le stade soit plein ou pas, dans tous les cas, on donnera la même chose"
Zoé Stiévenart
"Notre pressing, c'est notre première attaque aussi. Quand on arrive à récupérer le ballon haut sur le terrain, il ne faut pas faire 50 mètres pour marquer. Je pense que c'est un avantage pour nous et c'est ce qu'on maîtrise bien depuis le début de saison collectivement, donc il faut continuer". Détentrices de sept points, soit autant que la saison dernière début janvier (!), les « Ciel et Marine » doivent maintenant se préparer à bien réagir quand le vent tournera. Car l'Arkema Première Ligue est un championnat qui promet d'inévitables moments de moins bien. "On va essayer de faire durer notre situation le plus longtemps possible, mais je suis assez réaliste et je nous vois mal encore 3e après 11 journées", reste lucide Maxime Di Liberto.
Malgré les défis plus redoutables qui se présenteront, à commencer par le déplacement de samedi à Fleury, les Havraises ont la ferme intention de parfaire encore ce football chatoyant et enthousiaste qu'elles proposent en ce début de championnat. Dans le sillage de leurs performances, voir le Stade Océane et ses 25 000 places se remplir davantage ne serait alors que juste récompense pour les partenaires de Romane Enguehard. Contre Strasbourg, ils n'étaient que 400 environ dans les travées. Face à Montpellier, à peine plus de 200. "Que le stade soit plein ou pas, dans tous les cas, on donnera la même chose", réagit Zoé Stiévenart. "Mais c'est sûr qu'on aimerait bien qu'il y ait beaucoup plus de supporters, qu'on soit poussées et suivies par beaucoup plus de personnes". "Les gens sont demandeurs", veut croire Maxime Di Liberto. "C'est la ville du Havre, quand même. Il y a les garçons qui sont en Ligue 1, il y a les filles qui sont en Ligue 1, il y a le hand [féminin] qui est en Ligue 1 aussi. Il y a des choses à faire". Reste à espérer que la meilleure entame de l'histoire du club en Arkema Première Ligue soit porteuse d'une nouvelle dynamique au stade. En tout cas, l'équipe havraise est assurément la plus surprenante de ce début de saison en Normandie.
> APL. J4 - FC Fleury 91 (4e - 6 points) / Havre AC (3e - 7 points), samedi 4 octobre à 17 heures au Stade Robert-Bobin à Bondoufle.