Alors que plusieurs coups de sifflets des arbitres ces dernières semaines ont suscité de l'incompréhension dans le camp « Ciel et Marine », le HAC n'est pas le seul pensionnaire de Ligue 1 à se plaindre des décisions des « hommes en noir ». C’est même devenu monnaie courante dans les après-matchs. Et si elle était censée apporter de la clarté, la VAR n’a pas levé les doutes tant les interprétations des images sont subjectives, et ces conditions d’utilisation assez floues aux yeux des différents protagonistes. Dans un souci d'évolution, la direction de l’arbitrage met en place des initiatives pour plus de transparence, mais selon le technicien havrais Didier Digard, le dialogue entre les acteurs reste la priorité. "La seule chose que j'aimerais améliorer, et le seul moyen pour moi d'aller vers l'avant et de faciliter les choses, c'est juste qu'on ait de la communication".
Le coach du club doyen connaît la complexité de se trouver derrière le sifflet. Pour lui, il s'agit avant tout d'une relation humaine entre l'arbitre, les joueurs et l'entraîneur en bord de terrain. "C'est un métier extrêmement compliqué et je serai incapable d’arbitrer un match. Mais ce sont des êtres humains et je pense qu'avec la communication, on peut régler énormément de choses". Frédéric Ortiz, directeur des opérations de l'association du HAC et arbitre au niveau fédéral et régional depuis plus de 20 ans, est intervenu dans notre podcast, en partenariat avec Tendance Ouest et Le Courier Cauchois, pour évoquer ce sujet. "Il faut plus de transparence. Les analyses de la direction de l’arbitrage sont déjà très bien (après chaque journée de championnat), mais à mon sens, elles ne sont pas suffisantes. Je pense que le grand public a besoin d’avoir plus d’analyses, plus de situations et de dire quand ils se sont trompés. On est tous dans la même famille. Pour le spectacle et pour la Ligue 1, plus les arbitres seront intégrés au spectacle, mieux ce sera pour tout le monde".
Didier Digard pas spécialement emballé par le challenge
Sur certaines évolutions des lois du jeu, Didier Digard n’a pas d'avis tranché. Mais quand on lui évoque l'instauration de challenges pour que les coachs sollicitent directement la VAR (une fois par match ou par mi-temps), sur le modèle du tennis ou de certains sports américains, l'ex-entraîneur niçois n'est pas spécialement emballé. "Il ne faut pas que ça casse le rythme. C'est déjà très dur quand il y a un but et que tout le monde est dans l'expectative de savoir s'il peut le fêter ou non. Ça enlève un peu de saveur même si ça rend les choses plus justes". Le technicien aime le football tel qu’il est, surtout avec des émotions qui se vivent avant tout en direct. "Il ne faut pas trop dénaturer le jeu, j'aime les émotions que ça procure. Et déjà, la VAR freine un petit peu cela. Le challenge pourrait être intéressant, mais normalement, on ne devrait pas en arriver là malgré tout puisque c'est le rôle de la VAR à la base". D'une logique implacable.
Pour Frédéric Ortiz, ce challenge pourrait devenir une bonne initiative. "La FIFA l’a testé dans des compétitions de jeunes, je pense que c’est une bonne idée de pouvoir délester un peu de responsabilité auprès des arbitres. Vous avez un challenge, vous l’utilisez, comme ça se fait au tennis". Un des autres serpents de mer en matière d'arbitre concerne l’expulsion temporaire (pour une durée de 5 ou 10'). Mis en place également chez les jeunes, cette sanction comporte une limite dans le suivi. "Les arbitres sont seuls (dans ces catégories), donc ils doivent gérer le temps de jeu, mais aussi le temps d’exclusion. Les bancs de touche feront pression au bout de six minutes pour que leur joueur revienne". Autre souci, l’allongement des temps morts dans une rencontre. "Sur les dix minutes d'infériorité numérique, une équipe va prendre tout son temps pour réduire le temps de jeu effectif, sur les remises en touche par exemple. Ça va être contre productif et ces dix minutes vont en réalité se transformer en deux-trois minutes de sanction". Entre communication et évolution des lois qui régissent le football, le débat reste vieux comme le football et semble sans fin.
> L1. J13 - Paris SG (1er - 27 points) / Le Havre AC (12e - 14 points), samedi 22 novembre à 21 H 05 au Parc des Princes.
