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Christopher Opéri : "Il n’y a eu aucun contact, aucune discussion, pas un mot… J’ai compris de moi-même qu’il n’y aurait pas de suite"

Formé au Stade Malherbe, révélé chez les « pros » à Châteauroux avant un passage par La Gantoise en Belgique, Christopher Opéri est l'une des révélations de la Ligue 2 à son poste de latéral gauche. ©Emmanuel Lelaidier

Formé au Stade Malherbe, révélé chez les « pros » à Châteauroux avant un passage par La Gantoise en Belgique, Christopher Opéri est l'une des révélations de L2 avec le HAC à son poste de latéral gauche. ©Emmanuel Lelaidier

Son parcours : ses racines ivoiriennes

"Les gens sont heureux de ce qu’ils ont"

S’il a grandi et passé toute sa jeunesse à Plaisir, dans les Yvelines, avant d’intégrer le centre de formation du Stade Malherbe, Christopher Opéri est né à Abdijan. "Je suis arrivé en France à l’âge de trois ans avec mes parents (Anita et Philippe) car la guerre venait d’éclater en Côte-d’Ivoire", rembobine le latéral gauche du HAC. S’il a donc dû quitter très tôt son pays natal, celui qui s’est révélé au plus haut niveau sous les couleurs de la Berrichonne de Châteauroux n’a jamais rompu le lien avec ses racines. Dès que son emploi du temps sportif le lui permet, il retourne se ressourcer auprès de sa famille, restée au pays. "J’aime bien l’atmosphère, l’ambiance, la joie de vivre… C’est une autre manière de vivre. Les gens sont heureux de ce qu’ils ont", témoigne Christopher Opéri parfaitement conscient d’être un privilégié avec son statut de footballeur professionnel.

Même quand il est en France, la culture ivoirienne n’est jamais très loin. "Ça m’arrive de remettre les musiques du pays que j’écoutais plus jeune : Douk Saga, Sagacité… (pour les plus curieux, on vous laisse découvrir)", raconte le neveu de Cyril Domoraud, ancien défenseur de Bordeaux, Marseille ou encore de l’Inter Milan. La musique, et la nourriture aussi… "J’apprécie beaucoup les plats de chez moi : l’Attiéké (à base de manioc), l’Alloco (avec des bananes plantains), le poisson braisé…" Au regard de ses performances cette saison, la relation avec la Côte-d’Ivoire pourrait se poursuivre avec le maillot des Eléphants sur le dos. "Je n’ai jamais eu de contact avec la Fédération mais ça serait une fierté d’être sélectionné. C’est mon pays de cœur. Même si j’ai encore pas mal de chemin à parcourir, forcément, c’est dans un coin de ma tête".

Un club : le Stade Malherbe

"Mes débuts chez les pros ? C’était mon premier match comme latéral"

Avant de défendre les couleurs « Ciel et Marine », Christopher Opéri a porté le maillot du voisin « Rouge et Bleu ». Et pour cause, c’est de l’autre côté du pont de Normandie qu’il a été formé, disputant même une rencontre avec l’équipe première : un 1/16e de finale de Coupe de la Ligue à Nancy (avec une élimination 4-2). Paradoxalement, cette apparition chez les « pros » marquera le début de la fin de son aventure malherbiste. "C’était mon premier match comme latéral", rapporte cet ancien excentré. "Forcément, je n’avais pas beaucoup la notion du poste. Je n’avais pas fait un super match, j’avais commis des petites erreurs de placement". Pour sa défense, l’actuel arrière gauche du HAC avait été lancé dans le grand bain au sein d’un onze hybride où l’on retrouvait également d’autres jeunes issus du centre : Paul Reulet, Jordan Leborgne, Jean-Victor Makengo. Alors que le SMC luttait pour son maintien en Ligue 1, cette compétition ne constituait pas une priorité aux yeux de Patrice Garande, l’entraîneur de l’époque. Toujours est-il que derrière, Christopher Opéri n’a plus jamais été convoqué dans les « 18 ».

Son expérience caennaise s’est même terminée quelques mois plus tard dans l’indifférence générale de la direction en place, le directeur général Xavier Gravelaine et le directeur du centre de formation Francis De Taddeo. "Il n’y a eu aucun contact, aucune discussion, pas un mot… J’ai compris de moi-même qu’il n’y aurait pas de suite. Sur le plan humain, ce fut une déception". Toutefois, le natif d’Abdijan ne nourrit aucune rancœur de cet épisode. De son passage à Malherbe, il garde surtout les amitiés qui se sont construites avec les Jason Tré (Red Star), Jordan Tell (Grenoble), Jean-Victor Makengo (Lorient)… "On a grandi ensemble. C’est logique qu’on soit restés en contact".

Formé au Stade Malherbe, Christopher Opéri a disputé un match avec les professionnels : un 1/16e de finale de la Coupe de la Ligue en 2016 sur la pelouse de Marcel-Picot face à Nancy. ©Roland Le Meur

Sa particularité : une machine à centrer

"On a pas mal développé les circuits de passe et le jeu en profondeur de mon côté"

Quand on observe les prestations du HAC cette saison, impossible de ne pas le remarquer. Avec une centaine de centres depuis le début du championnat, Christopher Opéri est l’un des joueurs les plus prolifiques de Ligue 2 en la matière. Au point de devenir un peu sa marque de fabrique surtout avec son geste très caractéristique : un intérieur du pied brossé qui confère presque à ses centres des allures de coups francs. "Je les travaille tout le temps, on peut toujours l’améliorer", confie cet ancien excentré, reconverti donc latéral lors de son passage chez les « pros » sans jamais qu’il ne revienne à ses premiers amours.

Curiosité, quand il était un élément à vocation plus offensive, le n°27 des « Ciel et Marine » ne tentait pas autant sa chance dans cet exercice. D’ailleurs, Christopher Opéri ne considère pas les centres comme sa qualité n°1. "Je trouve que je suis plutôt à l’aise dans la percussion et les jeux combinés à deux, trois", estime le principal intéressé. Le centre étant au final une conséquence de ces phases de jeu. Inévitablement, avec un tel volume, le jeu havrais a tendance à pencher à gauche. "C’est vrai qu’on a pas mal développé les circuits de passe et le jeu en profondeur de mon côté", reconnaît l’ex-Caennais occupant un rôle central dans l’animation offensive prônée par Luka Elsner.

Une passion : la mode

"Je regarde les défilés sur internet, les nouvelles pièces quand elles sortent"

Ne vous fiez pas à sa tenue sportswear quand il se rend aux entraînements à Soquence car Christopher Opéri est certainement l’un des joueurs les mieux « sapés » du vestiaire havrais. "C’est vrai que j’aime énormément la mode. Je regarde les défilés sur internet, les nouvelles pièces quand elles sortent", explique le défenseur « Ciel et Marine » qui jette un regard assidu sur les collections de Bottega, Acne Studios et Yves Saint-Laurent. "J’ai toujours aimé les vêtements mais c’est une passion que j’ai développée au fur et à mesure de ma vie d’homme. C’est important d’avoir des centres d’intérêts en dehors du foot". S’il fait attention à ce qu’il porte, celui qui est passé par La Gantoise en Belgique accorde aussi une importance à son physique. Et pour le derby, pardon, la confrontation régionale, il nous réserve peut-être une petite surprise. "Un pote m’a dit que je devrais tester les tresses". Pour savoir si Christopher Opéri va changer de coupe de cheveux, rendez-vous samedi.

> L2. J33 - SM Caen (5e - 52 points) / Le Havre AC (1er - 65 points), samedi 29 avril à 14 H 45 au Stade Michel-d'Ornano.

 

Christopher Opéri

> Né le 29 avril 1997 (25 ans) à Abidjan en Côte-d’Ivoire.

Latéral gauche. 1,83 m pour 79 kg.

Parcours : Plaisir (jusqu’en 2012 - U15 R1), SM Caen (2012-2017, centre de formation-N3), Châteauroux (2017-2021, L2), La Gantoise (2021-2022, BEL), Le Havre AC (2022-…, L2).

Sous contrat jusqu’en 2024 (+ une année en option en cas de montée en L1).

 

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