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La solidité et l’efficacité havraise, l’irrégularité caennaise

Le « derby » normand de samedi opposera la meilleure équipe à l'extérieur : le HAC de Luka Elsner, à la formation la plus performante à domicile : le SMC de Stéphane Moulin. ©Damien Deslandes

Le « derby » normand de samedi opposera la meilleure équipe à l'extérieur : le HAC de Luka Elsner, à la formation la plus performante à domicile : le SMC de Stéphane Moulin. ©Damien Deslandes

Au HAC, pas besoin de beaucoup marquer pour l’emporter

Si le HAC occupe le fauteuil de leader au soir de la 32e journée, il le doit en grande partie à son efficacité dans les deux surfaces de réparation. A commencer par la défense : le collectif de Luka Elsner concède peu de tirs (8,75 par match) ainsi que peu d’occasions chaudes (0,74 expected goals par match). Et sur les rares situations qui lui échappent, le club doyen peut s’appuyer sur ses gardiens (Arthur Desmas et Mathieu Gorgelin). D’ailleurs, le différentiel entre les xG (22,2) et les buts réellement encaissés (14) est nettement en leur faveur avec un écart de 8,2.

L’avantage pour les Havrais quand on a une arrière-garde aussi hermétique, c’est qu’on n’a pas besoin de beaucoup marquer pour l’emporter. La preuve avec seulement 1,14 expected goals par match ; ce qui les classe au 12e rang de Ligue 2. Ce n’est pas un hasard si les meilleurs goleadors du HAC ne comptent que six buts (Nabil Alioui et Quentin Cornette). A titre de comparaison, une seule autre formation dans ce championnat dispose d’un meilleur buteur moins prolifique : Pau avec les cinq réalisations de Mons Bassouamina.

Au HAC, un système de jeu hybride

Quand le HAC ne possède pas le ballon (deuxième meilleur taux de possession de L2 avec 54,2%), son dispositif tactique, en fonction de son adversaire et de l’avancé du match, se rapproche plus d’un 4-5-1 ou d’un 4-4-2. Avec le ballon, le schéma varie avec des sorties de balle avec trois joueurs à l’arrière : Oualid El Hajjam se joignant aux deux centraux afin de ne pas écraser le jeu. Une supériorité numérique dans leur camp qui facilite la conservation et la progression du « cuir ». Avec cette position reculée, le latéral droit havrais se garde également la possibilité d’allonger le jeu dans la profondeur si le besoin s’en fait ressentir. C’est d’ailleurs sur l’une de ses ouvertures que Samuel Grandsir a marqué le seul but de la victoire à Pau (J29. 1-0, le 1er avril).

A l’opposée, Christopher Opéri est plus haut sur le terrain, le long de la ligne de touche. Samuel Grandsir, l’excentré gauche, est, lui, situé à l’intérieur du jeu, dans le demi-espace gauche. De son côté, Victor Lekhal reste dans une position centrale dans le cœur du jeu. Beaucoup plus mobiles, les autres milieux (Amir Richardson, Yassine Kechta avant sa blessure) et l’attaquant axial (Nabil Alioui, Jamal Thiaré) sont chargés de manipuler la base et les carrés ; soit les espaces devant et derrière la ligne de milieu adverse.

Ces notions de base et de carrés sont des principes tactiques du « football de position ». Le style de jeu des « Ciel et Marine » semble s’en inspirer notamment au niveau de l’occupation des zones sur le terrain : pendant qu’un joueur se déplace pour occuper une zone, un de ses coéquipiers vient se positionner dans l’espace laissé libre. Grâce à leurs mouvements incessants, les hommes de Luka Elsner cherchent à s’éloigner de leurs adversaires pour recevoir le ballon dans un espace libre. Par certains aspects, le style de jeu du HAC est similaire à celui des Clermontois de Pascal Gastien il y a quelques années, promus en Ligue 1 en 2021 : un football de possession et de position, patient mais efficace.

Avec six réalisations, Nabil Alioui occupe, en compagnie de Quentin Cornette, la tête du classement des buteurs havrais. Un seul autre club de L2 compte un meilleur goleador aussi peu prolifique : Pau avec les cinq réalisations de Mons Bassouamina. ©Damien Deslandes

A Malherbe, à la recherche du déséquilibre sans se déséquilibrer

« Attaquer ne doit pas se faire au détriment de la défense ». Tel pourrait être le credo de Stéphane Moulin en observant le style de jeu du SMC cette saison. Solide et bien organisée, l’équipe caennaise respecte un équilibre entre les phases offensives et défensives. Pour ne pas laisser d’espaces aux adversaires, les attaques doivent être exécutées avec prudence. Sur le banc, le staff est attentif aux moments de déséquilibres causés par des engagements trop prononcés de certains joueurs dans des zones inappropriés. Naturellement attirés vers l’avant, Hianga’a Mbock, Anton Salétros et Ali Abdi sont les plus surveillés. 

Dans ce contexte, obtenir des supériorités numériques et positionnelles dépend énormément de la rapidité des passes et des enchaînements. Les ralentissements provoqués par du déchet technique peuvent amener de la stérilité et la recherche du déséquilibre devient impossible à l’image de la première période face à QRM (J30. défaite 2-1, le 8 avril).

A Malherbe, Docteur « d’Ornano » et M. « Extérieur »

Au grand désespoir de ses supporters, le Stade Malherbe est, cette saison, le champion de l’irrégularité, alternant le bon (à d’Ornano) et le médiocre (à l’extérieur). Il suffit de jeter un coup d’œil à ces deux classements spécifiques pour s’en rendre compte. A domicile, le club caennais occupe, après 32 journées, le fauteuil de leader avec 35 points (10V-5N-1N) mais seulement la 13e loin de ses bases avec 17 unités (4V-5N-7D). A titre de comparaison, et pour expliquer les 13 points d’écart entre les deux équipes, le HAC est deuxième ex aequo à domicile avec Bordeaux (9V-7N)… et premier à l’extérieur (8V-7N-1D) !

Les partenaires de Romain Thomas ont semblé pendant longtemps se chercher. Tout au long de la saison, Stéphane Moulin et son staff ont opéré des ajustements afin que leur équipe soit la plus performante possible : défense à trois centraux puis deux, passage de deux attaquants à un seul, réintégration de Jessy Deminguet au milieu de terrain de septembre à décembre, recrutement d’Anton Salétros dans l’entrejeu… Au regard des derniers résultats (6V-2N-2D, seul Metz fait mieux sur cette période), la formule idoine a peut-être été trouvée. Réponse samedi ?

Au SMC, le staff caennais veille à ce que des éléments comme Hianga'a Mbock et Ali Abdi, naturellement attirés vers l'avant, ne déséquilibrent pas le bloc avec des engagements trop prononcés dans des zones inappropriées. ©Damien Deslandes

> L2. J33 - SM Caen (5e - 52 points) / Le Havre AC (1er - 65 points), samedi 29 avril à 14 H 45 au Stade Michel-d'Ornano.

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