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Ligue 2. Comment les clubs normands gèrent la trêve Coupe du Monde ?

Alors que Gautier Lloris et les Havrais reprendront l'entraînement dès ce vendredi, Adolphe Teikeu est les Caennais retrouveront les terrains de Venoix lundi. ©Damien Deslandes

Alors que Gautier Lloris et les Havrais reprendront l'entraînement dès ce vendredi, Adolphe Teikeu est les Caennais retrouveront les terrains de Venoix lundi. ©Damien Deslandes

Alors qu’elle était toujours organisée, jusqu’à présent, en juin et en juillet, au terme de la saison sportive en Europe, la Coupe du Monde a été décalée à la fin de l’année civile pour bénéficier de températures plus clémentes au Qatar, pays hôte de cette 22e édition. Conséquence directe de ce changement de calendrier, les championnats professionnels comme la Ligue 1 et la Ligue 2 en France se sont mis en mode pause, depuis la mi-novembre et jusqu’à Noël. Par sa date et sa longueur, cette trêve est inhabituelle. Reste à savoir comment la gérer ? "La principale différence, c’est la période de repos octroyée aux joueurs", pointe Benoît Pickeu, le préparateur athlétique du Stade Malherbe. "Normalement, il n’y a quasiment pas de coupure, cinq-six jours de repos maximum". Avec dans la foulée de la reprise, le 1/32e de finale de la Coupe de France, le premier week-end de janvier, pour ceux qui sont encore engagés.

"Comme j'ai passé la trentaine, je ne suis pas sûr  que les vacances soient une bonne chose pour moi", yann Boé-Kane

Pour cet exercice 2022-2023, que ce soit à Caen, au Havre ou à Quevilly-Rouen, les joueurs bénéficient de deux semaines de vacances… enfin presque. "Les garçons ont été libres la première semaine avant de devoir respecter un programme individualisé la deuxième", précise Luka Elsner, le coach du HAC, qui sera extrêmement vigilant sur les kilos superflus, ce vendredi, à l'heure de retrouver ses troupes. "C’est très important de maintenir son poids afin de repartir sur des bases saines". Mais qu’est-ce qui figure dans ces fameux programmes ? "Il y a du travail d’aérobie à base de courses, du renforcement musculaire, des circuits pour les appuis, crampons aux pieds", dévoile Benoît Pickeu pour les « Rouge et Bleu ».

"L’objectif, c’est de ne pas perdre le gain physique emmagasiné depuis le début du championnat. Ce programme leur évite d’être totalement à l’arrêt pendant 15 jours. C’est une remise en route. Même si couper huit jours à ce stade de la saison constitue un repos conséquent, il n’y aura pas de désadaptation, de perte musculaire". Yann Boé-Kane se montre, lui, encore plus prudent. "Comme j’ai passé la trentaine, je ne suis pas sûr que les vacances soient une très bonne chose pour moi. J'ai coupé trois-quatre jours maximum avant de reprendre doucement", annonce le milieu de QRM du haut de ses 31 ans. Pompes, tractions, étirements nourrissent son quotidien jusqu’à lundi et son retour au terrain de La Ferme. "On ne s’en rend pas compte mais on perd très vite".

Stage au Maroc pour le HAC, aux Sables-d’Olonne pour Malherbe, à Deauville pour QRM

Tous les acteurs s’accordent, par contre, pour affirmer que cette trêve leur permet de se régénérer mentalement. "Car derrière, il n’y aura quasiment pas de pause(1). Ça sera assez exigeant", prévient Luka Elsner qui emmènera ses troupes en stage à Agadir, au Maroc. Les Caennais, eux, prendront la direction des Sables-d’Olonne, en Vendée alors que les « Rouge et Jaune » retourneront à Deauville. "C’est comme s’il y avait deux saisons en une. La deuxième partie de championnat va être longue. Il faut se préparer à un marathon", confirme Yann Boé-Kane. "On n’a pas l’habitude de jouer cinq mois de rang". Avec 23 matches - sans compter la Coupe de France, du 26 décembre, date de la reprise de la Ligue 2, au 5 juin, pour la 38e et dernière journée - contre 19 habituellement sur une phase retour, Benoît Pickeu trouve, lui, la programmation "presque plus harmonieuse".

"On ne va pas forcément trop s'occuper du foncier. L'idée, c'est de renouer avec le rythme de la compétition", Luka Elsner

Si ces vacances sont aussi réduites, c’est parce que les clubs n’envisagent pas de mettre en place une nouvelle préparation physique complète après celle de cet été. "On ne va pas forcément trop s’occuper du foncier. L’idée, c’est de renouer le plus rapidement possible avec le rythme de la compétition, de retrouver notre intensité", souligne un Luka Elsner adepte des doubles séances quotidiennes, les mardis et les jeudis. "C’est comme une préparation athlétique continue qui s’étend au fur et à mesure de la saison. Ça nous met en condition pour tenir toute l’année". Son de cloche quasi-identique du côté de Benoît Pickeu qui va également mettre à profit cette coupure pour procéder à un check-up complet de l’ensemble de l’effectif malherbiste.

"On va refaire un bilan au niveau médical et repasser certains tests physiques. Normalement, on n’a pas le temps, la trêve hivernale est trop courte. Pour nous, c’est presque une chance", estime le frère cadet du président Olivier Pickeu. Pour aborder au mieux à la reprise de la Ligue 2, Caennais, Havrais et Quevillais disputeront aussi plusieurs matches amicaux(2). Même s’ils l’ont anticipé du mieux possible, cette trêve Coupe du Monde demeure une grande inconnue. Comment les joueurs vont-ils réagir à cette interruption des compétitions exceptionnelle ? "On ne sait pas trop à quoi s’attendre. C’est la première fois qu’on va le vivre", s’interroge Yann Boé-Kane. Au HAC, Luka Elsner préfère, lui, voir le verre à moitié plein. "On a trois semaines devant nous pour progresser, faire évoluer notre jeu, trouver de nouvelles ressources… Il n’y a aucune raison pour qu’on ne revienne pas plus fort et plus déterminé". Rendez-vous à partir du 26 décembre pour voir si les espoirs du technicien slovène se matérialiseront.

(1)Entre les mois de janvier et de juin, une seule fenêtre internationale figure au calendrier, du 20 au 28 mars.

(2)Alors qu'un match amical devait les opposer vendredi 16 décembre au complexe de Venoix, le Stade Malherbe et QRM ne s'affronteront pas compte tenu du report du 8e tour de la Coupe de France du club caennais face à Vire, le lendemain (samedi 17).

Le « Boxing day » à la Française ne fait pas l’unanimité

Yann Boé-Kane ne fait pas partie des partisans du Boxing Day à la française. Pour le milieu de QRM : "Noël, c’est sacré. C’est un moment qu’on partage en famille". Cette année, il le sera aussi avec quelques milliers de supporters. 

Pour rattraper le retard occasionné par l’absence de compétitions nationales pendant un mois et demi, la Ligue de football professionnel (LFP) a notamment fixé deux journées de championnat lors des fêtes de fin d’année (les 26 et 30 décembre pour la L2, les 28 décembre et 1er janvier pour la L1), se calquant sur le modèle anglais du « Boxing day ». Véritable institution outre-Manche, ces rencontres entre Noël et le 1er de l’An constituent une grande nouveauté en France. Un positionnement dans le calendrier loin de faire l’unanimité chez les principaux concernés. "Pour moi, Noël, c’est sacré. C’est un moment qu’on partage en famille", lance le milieu de QRM Yann Boé-Kane qui, comme nombre de ses confrères footballeurs professionnels, ne pourra pas être avec tous ses proches durant cette période. "En Angleterre, c’est vrai qu’il y a du spectacle. Ça peut attirer un nouveau public dans les stades. Je peux comprendre que pour les supporters, ça puisse être sympa, moins pour les joueurs".

D’autant plus qu’avec un match de Ligue 2 le 26 décembre, des séances d’entraînement vont être organisées samedi 24 et dimanche 25. "Il y aura un sacrifice à faire", ne cache pas Luka Elsner, le coach du HAC. "Maintenant, on fait un métier tellement formidable qu’on n’a pas le droit de se plaindre. D’autres personnes avec des boulots beaucoup plus pénibles que le nôtre ne passent pas Noël en famille", est parfaitement conscient Yann Boé-Kane. Surtout que ce « Boxing day » ne devrait pas connaître de prolongement. Aucune journée de championnat n’ayant été programmée durant les fêtes lors de l’exercice 2023-2024.

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