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« Momo » El Kharraze, le bras droit de Mathieu Bodmer au HAC

Après un premier passage entre 2015 et 2020, Momo El Kharraze, ici, en compagnie du président Jean-Michel Roussier au Stade Bollaert ce week-end, est revenu au HAC en juin 2022. ©Emmanuel Lelaidier

Après un premier passage entre 2015 et 2020, Momo El Kharraze, ici, en compagnie du président Jean-Michel Roussier au Stade Bollaert ce week-end, est revenu au HAC en juin 2022. ©Emmanuel Lelaidier

Une amitié de plus de 30 ans avec Mathieu Bodmer

"C’est comme un petit frère"

Entre « Momo » El Kharraze (53 ans) et Mathieu Bodmer (41 ans), c’est l’histoire d’une amitié vieille de 33 ans ! Et pour cause, le premier a été l’éducateur du second dans leur ville d’Evreux, tout d’abord à l’ALM en poussins puis à l’EAC chez les minimes. "Mathieu, c’est l’un des jeunes que j’ai le plus encadré", s’exclame le directeur sportif (DS) adjoint du club doyen. "Depuis, on n’a jamais coupé les ponts, j’ai suivi toute sa carrière". Pour lui, Mathieu Bodmer est comme "un petit frère". Les liens qui les unissent dépassent largement les limites du rectangle vert. "Avec ma femme, j’ai eu la chance d’être présent sur le baptême de ses deux garçons à Lyon : Mathéo (19 ans, professionnel au HAC) et Timéo (17 ans, en U19 au SM Caen). Ça ne nous rajeunit pas", se remémore, avec un grand sourire, celui qui est devenu depuis la saison dernière le bras droit de son ancien joueur.

Avant de collaborer au sein de la maison « Ciel et Marine », les deux hommes avaient déjà œuvré ensemble de 2010 à 2013, à l’Evreux FC 27. "C’était mon président", souligne Momo El Kharraze. "Quand, avec Bernard Mendy (également originaire de la préfecture de l’Eure), ils ont l’idée de faire fusionner les deux clubs (l’ALM et l’EFC pour former l’EFC 27), je quitte la région parisienne pour travailler sur ce projet en tant que directeur technique et responsable de la formation".

Un retour au HAC

"La formation est dans l’ADN de notre projet"

En juin 2022, « Momo » El Kharraze a posé ses valises dans la cité Océane. En compagnie notamment de Mathieu Bodmer ainsi que du président Jean-Michel Roussier et du data analyst Julien Momont, le Franco-Marocain fait partie de la nouvelle équipe dirigeante des « Ciel et Marine ». "On travaillait sur la reprise d’un club depuis quelque temps", rappelle cet ex-cadre technique à la FFF durant 17 ans. Pendant longtemps, le nom de Saint-Etienne a circulé avant que leur choix ne se porte sur Le Havre. "Quand on a commencé à regarder les clubs de Ligue 2 qui pourraient nous intéresser, le HAC est arrivé en tête". Des premiers contacts avec le propriétaire Vincent Volpe, que « Momo » El Kharraze connaissait de son précédent passage en « Ciel et Marine » (lire ci-dessous), ont été noués. "On lui a démontré qu’on avait un véritable projet. Il a été convaincu et nous a confié la responsabilité de la politique sportive : des jeunes aux seniors en passant par les féminines".

Il faut dire que le duo constitué par l’éducateur passé par Evreux avec Mathieu Bodmer possède de nombreux atouts. "Déjà, on est issus de la Normandie, on connaît tout le monde et tout le monde nous connaît. On savait aussi comment le club fonctionnait. Ça aide", avance le directeur sportif adjoint. Depuis leur arrivée, de nombreux partenariats avec des clubs du bassin havrais ont été signés : Tréfileries Les Neiges, Mont-Gaillard, Gonfreville, Frileuse, Caucriauville, Montivilliers… "On a également nos connexions en région parisienne ; une région d'où sont originaires plusieurs jeunes sortis par le HAC". Surtout, les deux compères sont sensibilisés à la formation. "C’est dans l’ADN de notre projet. On ne force rien. Quand un jeune exprime des qualités, ça nous parle". Une vision qui colle parfaitement avec l’histoire du club doyen. "Les pièces du puzzle s’imbriquent bien. Je dis souvent qu’on est au bon endroit".

"Evreux, c’est notre Masia"

En référence au prestigieux centre de formation du FC Barcelone, voici comment « Momo » El Kharraze qualifie la richesse du vivier de footballeurs issus de la ville ébroïcienne. "Dayot Upamecano, Ousmane Dembélé, Rafik Guitane, Aloïs Confais, Samuel Grandsir, Steve Mandanda, Brice Samba, Mathieu Bodmer… Vous imaginez le nombre de jeunes qui en sont sortis".

Avec le directeur sportif Mathieu Bodmer et le data analyst Julien Momont, « Momo » El Kharraze - qui félicite, ici, Samuel Grandsir après le match nul à Montpellier en début de saison - a contribué à développer le département souting du HAC. ©Emmanuel Lelaidier

Auparavant, une première expérience en « Ciel et Marine »

"C’est fabuleux de voir que des jeunes ont fait leur petit bout de chemin"

Au Havre, « Momo » El Kharraze n’a pas débarqué en terre inconnue. Avant de revenir il y a pratiquement deux ans, le natif de Talmest au Maroc avait déjà exercé à partir de 2015 et pendant cinq saisons au HAC ; tout d’abord comme responsable du recrutement de La Cavée Verte puis en tant que directeur sportif adjoint aux côtés de Christophe Revault. "Paix à son âme. Son décès a été une grosse perte", témoigne-t-il à propos de l’ancien gardien emblématique du club doyen qui nous a quittés en mai 2021. Relation avec les agents, gestion des contrats, négociations, prolongations, ruptures ont été son pain quotidien durant quatre mercatos.

Auparavant, quand il travaillait à "l’académie" comme il l’appelle, « Momo » El Kharraze - via son réseau en région parisienne - a contribué à recruter de nombreux jeunes qui désormais font partie de l’effectif de Luka Elsner : Arouna Sanganté, Yassine Kechta, Elysée Logbo, Simon Ebonog, Steve Ngoura… Une liste loin d’être exhaustive. Autant d’éléments qu’il a retrouvé à son retour dans la cité Océane. "C’est fabuleux de voir qu’ils ont avancé, qu’ils ont fait leur petit bout de chemin". Toutefois, sans son intervention combinée à celle de Mathieu Bodmer, certains n’auraient jamais défendu le maillot « Ciel et Marine » chez les « pros ». "Yassine, on (la direction précédente) lui avait fait comprendre qu’il n’y avait rien pour lui. Elysée et Simon ne voulaient pas signer le contrat stagiaire qu’on leur avait soumis. Nous, on leur a proposé de passer pro". Pourquoi une telle différence de traitement entre deux directions techniques ? "L’avantage, c’est que Mathieu a suivi ces générations en venant voir son fils, Mathéo. Moi, je connais les petits, leurs familles, leurs entourages… On a une conviction sur le potentiel sportif et humain de ces jeunes même si quand on en fait signer un, on ne peut évaluer notre travail que six, sept ou huit ans après". L’un des exemples les plus parlant concerne Yassine Kechta. "Dès qu’on est arrivé avec Mathieu, on s’est positionné pour lui proposer un contrat. On lui a dit : « Tu ne bouges pas, tu restes »".

Un rôle clé dans le processus de recrutement

"On a créé un département scouting qu’on pilote avec des process qu’on a élaborés"

Parmi ses missions au HAC, « Momo » El Kharraze intervient notamment dans le recrutement. "Avec Mathieu (Bodmer) et Julien (Momont), on a créé un département scouting qu’on pilote avec des process qu’on a élaborés. Tout le monde parle la même langue". Et tout le monde contribue. A la Cavée Verte, le directeur François Rodrigues et Chico Malo, le responsable du recrutement en Ile de France, sont, bien entendu, à 100% impliqués. Idem pour la manager générale Laure Lepailleur et le responsable des jeunes Maxime Diliberto chez les féminines.

Si Mathieu Bodmer et son bras droit font fonctionner à plein régime leurs réseaux, ils s’appuient également sur la data. Une étape qui relève de la compétence de Julien Momont et Charafédine Benkerbich (ce dernier est arrivé en mars 2023, en provenance du PSG). "Julien et Charafédine nous déblaient le terrain. Ils couvrent les championnats pertinents à nos yeux, sportivement et financièrement", détaille le DS adjoint. Pour l’équipe première masculine, 88 championnats sont « scoutés ». "Sur un poste ciblé, ils nous proposent une liste de cinq joueurs. Avec Mathieu, on regarde de près chaque dossier, on peut changer les joueurs qui sont prioritaires, on peut en sortir certains…" Cette liste est attentivement scrutée par Luka Elsner. "On en discute ensemble même si le coach nous fait entièrement confiance". Cette expertise de chaque cas est complétée avec le référent au poste au sein du staff technique. "Si on engage un gardien, on fait appel à Nicolas Douchez, un attaquant, Jean-Michel Lesage…" Une fois qu’un élément est retenu, un entretien visio est organisé avec lui en présence, entre autres, de Mathieu Bodmer, « Momo » El Kharraze, Julien Momont et Luka Elsner. "On lui explique comment il va être utilisé, comment on peut le faire progresser". Derrière, les deux « patrons » du secteur sportif au Havre finalisent les négociations avec la validation financière du président Jean-Michel Roussier.

Recrutement : l’exemple Daler Kuziaev

"On a convaincu Daler que le bon projet, c’était le nôtre au HAC"

Daler Kuziaev est incontestablement l'un des plus « gros » coups signés par le département scouting du HAC piloté par Mathieu Bodmer, « Momo » El Kharraze et Julien Momont. ©Damien Deslandes

L’été dernier, le HAC avait marqué les esprits en matière de recrutement en engageant Daler Kuziaev (31 ans). Comment une écurie promue en Ligue 1, aux moyens modestes à l’échelle du football international, est parvenue à faire signer un international russe, comptant près de 50 sélections ? Surtout que la concurrence ne manquait pas. "Daler avait une proposition de prolongation du Zénith entre les mains. D’autres clubs se trouvaient sur les rangs, notamment en Liga, en Turquie et en Ligue 1", confirme « Momo » El Kharraze, mis sur la piste du milieu relayeur par l’intermédiaire de l’un de ses contacts. "J’en ai parlé à Mathieu (Bodmer). Il m’a répondu que c’était un super joueur".

A partir du moment où le directeur sportif a donné son aval, le process de recrutement élaboré par l’Etat-major havrais a été activé. "On a organisé une visio avec Daler et son père, en présence du coach (Luka Elsner). De base, le joueur était intéressé pour venir dans un championnat occidental. Derrière, on a réussi à le convaincre que le bon projet, c’était le nôtre", se félicite le bras droit de Mathieu Bodmer. En tout, les négociations se sont étendues sur six semaines. "Une durée normale pour un dossier de cette envergure. Ça avait été identique avec Tino Kadewere à l’époque".

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