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SMC - HAC : Aux origines de la rivalité

Comme il y a un an et demi, on espère que les deux kops rivaliseront d'imagination pour se répondre par banderoles interposées. ©Damien Deslandes

Comme il y a un an et demi, on espère que les deux kops rivaliseront d'imagination pour se répondre par banderoles interposées. ©Damien Deslandes

Où commence la rivalité entre le Stade Malherbe et le HAC ? S’ils se sont affrontés en championnat dès les années 1930, ce n’est que depuis une trentaine d’années que les deux clubs ont vraiment pris l’habitude de se croiser. "La rivalité Caen - Le Havre, elle a grandi saison après saison avec nos matches l’un contre l’autre", raconte Christophe Vaucelle alias Olaf, le président du Malherbe Normandy Kop 96 (MNK 96), principal groupe de supporters caennais. "A l’origine, il n’y en avait pas forcément de rivalité entre nous. De mémoire, on a vraiment commencé à les jouer en 1993-1994 (en 1991-1992 exactement avec la montée des hommes du président Jean-Pierre Hureau en D1)".

"Le match contre le haC, c'est Caen qui en a fait une confrontation régionale", yann Simon

Avant que le SMC ne renoue pleinement avec le professionnalisme à la sortie des années 1980, celui qu’on nommait à l’époque le derby normand concernait Le Havre AC et le FC Rouen. Malherbe n’avait pas sa place dans l’équation. "Au départ, notre rival historique, c’est Rouen", confirme Yann Simon, le porte-parole de la Fédération des supporters du HAC. "Le souci, c’est que depuis 1985 que je suis supporter, des HAC - Rouen en aller-retour, j’ai dû en connaître six et depuis le début des Barbarians en 1993, il n’y en a même eu qu’un seul entre nos deux équipes premières".

Privés de confrontations avec leur meilleur « ennemi », les supporters « Ciel et Marine » ont-ils alors tout simplement changé de rival ? C’est ce que croit Christophe Vaucelle. "Les Havrais sont orphelins du FCR donc ils se sont automatiquement reportés sur le SM Caen dans la région". La réalité n’est toutefois pas si simple du point de vue adverse. "Quand il y a un HAC - Rouen, même chez les jeunes, ce sont des matches très importants à gagner. Le match contre Le Havre, c’est Caen qui en a fait une confrontation régionale", glisse Yann Simon.

Un rapport à la Normandie diamétralement différent

Le rapport à la Normandie est justement l’un des principaux points de dissonance entre les deux clubs. "Je suis immensément fier d’être normand, le drapeau normand est d’ailleurs tatoué sur mon bras depuis très longtemps", clame Christophe Vaucelle. "Le Havre est une ville française construite par le roi de France il y a près de 500 ans, c’est une ville française en Normandie construite par des Bretons. Le Havre n’est absolument pas un club normand, il suffit de regarder le nombre de fois où l’on aperçoit des drapeaux normands dans leur stade. Et quand ils en mettent un, la plupart du temps, il est à l’envers". Du côté du HAC, il est vrai qu’on s’associe par essence davantage à son identité havraise. "On attache relativement peu d’importance à la région", assume Yann Simon. "Chez nous, l’important, c’est la ville. Nos amis de Caen ont fait de nos rendez-vous un peu un match de Hauts-Normands contre Bas-Normands alors que nous, très clairement, la Normandie, ça passe au deuxième voire troisième plan. Historiquement, le match a plus d’importance pour eux que pour nous".

"Cette rivalité ? Elle ne s'invente pas, elle ne se force pas, elle est forcément naturelle", Christophe Vaucelle

Les fans du Stade Malherbe ont-ils alors inventé cette rivalité avec le voisin havrais ? "Ça ne s’invente pas, ça ne se force pas, c’est forcément naturel", se défend Christophe Vaucelle. "C’est un derby avant d’être une rivalité. Tous les derbies du monde, on veut absolument les gagner. La ferveur en tribunes fait que l’intensité du match n’est pas la même". "On ne va pas se le cacher, progressivement, il y a bien une rivalité qui s’est mise en place", concède pour sa part Yann Simon sans accepter pour autant de partager sa paternité. "Il n’y a pas une publication sur Le Havre sur des sites généralistes ou dédiés aux Ultras sans qu’on ne voie un Caennais mettre des commentaires. Je n’ai pas l’impression qu’on ait des gens comme ça au Havre qui vont systématiquement commenter des choses sur Caen".

Il est vrai qu’avec l’émergence des réseaux sociaux, les échanges entre supporters ne se limitent désormais plus aux gradins mais dans ce registre, si l’on en croit les supporters « Ciel et Marine », les offensives viennent principalement du camp opposé. "C’est souvent bas de plafond en plus", maugrée Yann Simon. "Systématiquement, avant, c’était Le Havre, c’est moche, ça pollue, bref des trucs habituels. Maintenant, c’est plus sur le fait que le stade n’est pas rempli. Ça devient assez soûlant, agaçant et cet agacement provoque une sorte de ras-le-bol. Quand on les joue, si on arrive à les battre comme c’est le cas cette année (2-1 au match aller, à Océane, début septembre), on se dit qu’ils vont fermer leur bouche pour un moment, qu’on va être tranquilles et qu’on va pouvoir vivre notre vie".

Objectif L1 pour le HAC, entretenir la ferveur pour le SMC

Quelle qu’ait été son origine véritable, la rivalité entre Caennais et Havrais devrait connaître une forme de paroxysme fin avril à l’occasion d’un « derby » que les hommes de Luka Elsner joueront pour se rapprocher de la Ligue 1. Pour ceux de Stéphane Moulin, décrochés dans la course à la montée, il sera surtout question d’honneur. "Malgré notre saison, la ferveur est là et sur ce derby, elle va être décuplée par rapport à un match normal (à guichets fermés depuis déjà deux semaines). Notre tifo sera à la hauteur de l’événement", promet Olaf.

"Je préfère faire match nul à Caen et que nos rivaux perdent", yann Simon

Côté havrais*, l’organisation est souvent plus simple qu’à Océane où le stade est parfois difficile à animer. À quelques exceptions près. "Pour les Caennais, comme ils ont perdu à l’aller, je pense que ce match est primordial car il peut apporter une vraie éclaircie dans leur saison. Moi, je préfère faire match nul à Caen et que nos rivaux perdent pour leur prendre un point que de gagner à d’Ornano et que nos rivaux l'emportent aussi dans le même temps".

Avant de voir, peut-être, leur voisin havrais les abandonner pour au moins une saison, les supporters « Rouge et Bleu » voudront assurément marquer le coup car quoi qu’on en dise, le derby normand prend du poids saison après saison. "Les derbies à d’Ornano, je les ai tous connus sauf un, et celui de la saison dernière, c’était la folie", rappelle Christophe Vaucelle. "Je n’avais jamais vu la tribune et le stade comme ça. Les gens étaient vraiment surexcités, ils voulaient vraiment mettre une grosse ambiance. De notre côté, c’était le plus chaud que j’ai vécu, j’étais impressionné. Et le prochain qui arrive, ça risque d’être quelque chose encore…" Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour samedi.

> L2. J33 - SM Caen (5e - 52 points) / Le Havre AC (1er - 65 points), samedi 29 avril à 14 H 45 au Stade Michel-d'Ornano.

Aurélien Renault

*Protestant contre le nombre de places qui lui a été attribuées dans le parcage visiteur (900 billets fixés par la Préfecture du Calvados alors qu'on les dirigeants havrais leur avaient annoncé 970 dans un premier temps), la Fédération des supporters du HAC ne sait pas encore si elle organisera le déplacement. Elle donnera une réponse ce mardi à 18 heures.

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