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Vincent Volpe : "Réduire les coûts sans sacrifier la qualité de l'équipe ni abandonner notre objectif"

De retour en France depuis le milieu de la semaine, Vincent Volpe devrait délivrer quelques précisions sur la situation financière du HAC "pour que les gens comprennent mieux". ©Emmanuel Lelaidier

De retour en France depuis le milieu de la semaine, Vincent Volpe devrait délivrer quelques précisions sur la situation financière du HAC "pour que les gens la comprennent mieux". ©Emmanuel Lelaidier

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les articles de L'Equipe puis de Paris-Normandie parus fin avril et prêtant à Vincent Volpe l'intention de céder le HAC, sous fond de difficultés financières, ont fait du bruit dans le microcosme havrais. Sollicité avant les révélations de nos confrères pour dresser un premier bilan d'une saison particulièrement pénible pour les supporters « Ciel et Marine », le président américain a démenti, avec fermeté, une possible vente du club doyen. "Ce n'est pas vrai, le club n'est pas à vendre. Aucun processus n'a été engagé dans ce sens ni aucune banque d'investissement mandatée. Je ne cherche pas non plus d'investisseurs minoritaires. Il n'y a rien de tout ça. Jusqu'à preuve du contraire, pour réaliser ce type de transaction, il faut un acheteur et un vendeur. Et je ne suis pas vendeur".

"Depuis la reprise du club il y a six ans, je n'ai pas touché un centime de retour sur investissement, ni moi, ni personne d'ailleurs"

Pourtant, à en croire le dirigeant normand, ce ne sont pas les sollicitations qui lui font défaut. "Des acheteurs, je peux vous l'assurer, ce n'est pas ce qui manque. Je suis contacté presque en permanence", assure Vincent Volpe qui réfute également s'enrichir sur le dos du HAC(1). "Soyons simple, j'ai assuré que j'investirais 10 M€ avec 3,5 M€ d'investissement direct et 6,5 M€ dans le compte courant. Ce dernier est bloqué. Je me suis engagé devant la DNCG à ne pas y toucher. Le jour où il y aura une vente, le compte courant sera traité comme des actions. Depuis la reprise du club il y a six ans, je n'ai pas touché un centime de retour sur investissement, ni moi, ni personne d'ailleurs. M'accuser aujourd'hui de me faire de l'argent sur le dos du club, c'est vraiment n'importe quoi".

Pour le président américain, il n'y a pas de raison, outre mesure, de s'inquiéter de la situation économique du Havre. "La dernière fois que des chiffres ont été publiés, au 30 juin 2020, le club était dans un état très stable financièrement. D'ailleurs, la DNCG ne nous a fait aucun commentaire. Notre dette nette était inférieure à 2 M€", expose l'homme d'affaires rappelant, au passage, que des investissements très lourds ont été consentis dans le domaine sportif depuis 2015. "On s'est engagé dans un projet ambitieux en dépensant beaucoup d'argent dans l'équipe professionnelle. En l'espace de cinq ans, on a doublé notre masse salariale(2)". Ces investissements lourds ont été financés "par des transferts avec des ventes assez élevées(3). Sur les cinq dernières années, notre balance des transferts, une fois qu'on a tout payé dont les commissions des agents, est en moyenne supérieure à 8 M€".

Le Brexit va bouleverser le modèle économique du HAC

Toutefois, Vincent Volpe le reconnaît, ce modèle est caduc. La faute, selon lui, à la conjonction de trois facteurs extérieurs. "Le Brexit, la Covid et la diminution par deux des droits TV par rapport à ce qu'on attendait (avec la fin prématurée de Mediapro)", énumère-t-il. Alors qu'on ne connaît toujours pas le montant des droits TV pour la période 2021-2024 et que la crise sanitaire a privé les clubs de recettes billetterie lors de cet exercice 2020-2021, le dirigeant havrais estime que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne va profondément bouleverser le mercato des pensionnaires de Ligue 2. "Pourquoi les prix de certains transferts étaient aussi élevés ?", interroge le président américain. "Parce qu'à chaque fois un club de Ligue 1 s'intéressait à l'un de nos joueurs, il se trouvait en concurrence ses homologues anglais. Mécaniquement, ça les faisait grimper".

"(sur le mercato) Ce n'est pas parce qu'on va finir 13e qu'on doit se précipiter. Pas question de paniquer"

Avant de poursuivre : "Avec le Brexit désormais, il est quasiment impossible de réaliser une vente directe de la Ligue 2 vers l'Angleterre. Du coup, les clubs de Ligue 1 ne vont certainement pas se gêner de nous proposer moins pour nos joueurs". Conséquence : "Si vous additionnez A + B + C, il n'est pas impossible d'envisager une perte de chiffre d'affaires de 8 à 10 M€". Dans ces conditions, le HAC va devoir revoir sa copie même s'il semble exclu de toucher au centre de formation et à la section féminine. "Il va falloir réduire les coûts sans sacrifier la qualité de l'équipe ni abandonner notre objectif". Sous-entendu la montée en Ligue 1.

Difficile à envisager. Pourtant, Vincent Volpe, qui n'exclut pas une restructuration interne d'ici cet été, lui, y croit. "Il ne faut pas oublier une chose : au niveau des salaires des joueurs, on va rentrer dans une époque déflationnaire. C'est pourquoi je pense qu'il va être possible d'avoir une meilleure équipe sportivement avec moins d'argent", assure le président du club doyen pour qui le mercato sera révélateur de la tendance dans les prochains mois. "Ce n'est pas parce qu'on va finir 13e qu'on doit se précipiter. Pas question de paniquer. A notre effectif de base, il faudra prendre les bonnes pioches à un prix raisonnable. Et puis vous savez, s'il ne s'agissait que d'une question d'argent, on devrait déjà être en Ligue 1". Pas certain que ce constat console les supporters « Ciel et Marine ».

L'apport du centre de formation, les résultats de la section féminine, le modèle économique du Stade Océane (restaurant, hôtel, loyer...), l'intégralité de l'interview de Vincent Volpe à retrouver dans le dernier numéro de FOOT NORMAND, actuellement en kiosques.

(1)Dans son édition datée du 27 avril, Paris-Normandie indique que les 6,5 M€ injectés dans le compte courant l'ont été avec un taux d'intérêt d'1,5%. Le quotidien seinomarin évoque également un prêt de 8 M€ accordé au HAC par l'une des filiales de Vincent Volpe que le club doyen rembourse sur une base  de 5% d'intérêts.

(2)Selon les rapports de la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion), la rémunération du personnel chargée au HAC se montait à 8,046 M€ en 2014-2015, la saison avant le rachat du club par Vincent Volpe. En 2018-2019 (le dernier bilan disponible), cette même rémunération du personnel chargée atteignait 14,838 M€.

(3)Depuis 2015, le HAC aurait touché entre 45 et 50 M€ avec les transferts notamment de Tino Kadewere, Rafik Guitane et Lys Mousset mais aussi des pourcentages sur des reventes comme dans les cas de Riyad Mahrez et Ferland Mendy.

"Chaque saison qui passe sans monter en Ligue 1 est un échec"

Pour le président Vincent Volpe, Paul Le Guen, sous contrat jusqu'en 2023, est plus que jamais l'homme de la situation pour le HAC. ©Emmanuel Lelaidier

Si le HAC est débarrassé de la pression du maintien depuis le week-end dernier et son succès 5-3 sur la pelouse de Valenciennes, cet exercice 2020-2021 n'aura pas répondu aux attentes des supporters « Ciel et Marine ». Et c'est un euphémisme. Cette déception, Vincent Volpe la comprends. "Chaque saison qui passe sans monter en Ligue 1 est un échec", assure le président américain. "Notre objectif ne consiste pas à jouer le maintien comme c'est le cas cette saison mais à monter ou, au moins, à finir dans le Top 5 pour y prétendre. Parmi toutes les critiques que j'entends à gauche, à droite, je trouve qu'il n'y en a aucune de recevable sauf une, que je partage, on n'est pas monté".

Pour expliquer ces résultats décevants, le recrutement, ou plutôt l'absence de recrutement avec notamment aucun transfert payant réalisé depuis un an, est pointé. "Pour moi, cela ne tient compte que de la moitié de l'histoire. Les gens ne voient que les transferts. Ils nous disent : « Vous n'avez pas beaucoup acheté ». Je leur réponds : « Regardez notre masse salariale ». Je le répète, depuis cinq ans, elle a doublé. D'ailleurs, on n'est pas resté inactif, on a ajouté des joueurs*. On n'a pas conçu l'équipe pour être plus faible que l'année d'avant. Maintenant, vous conviendrez que trouver un remplaçant à Tino Kadewere (meilleur buteur de L2 en 2019-2020 avec 20 réalisations en 24 matches), ce n'est pas simple", rappelle Vincent Volpe qui maintient sa confiance à Paul Le Guen (sous contrat jusqu'en 2023). "Ça ne fait aucun doute, c'est l'homme qu'il faut pour le HAC".

*Durant le mercato estival, le HAC a engagé cinq joueurs : Pierre Gibaud, Nolan Mbemba, Quentin Cornette, Nabil Alioui et Khalid Boutaïb.

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