Foot Normand
D3F. J12 - Quevilly-Rouen / SM Caen, dimanche 21 décembre à 14H30

A QRM, Shirley Pigache, une joueuse altruiste au service du collectif

Rouennaise de naissance, Shirley Pigache (30 ans) a entamé sa quatrième saison sous les couleurs de QRM, après huit années chez le voisin du FCR, où elle a découvert la D2. Sa reconversion de défenseur à attaquante, son amour pour le futsal, son épopée en Coupe de France en 2015… Découvrez l’une des joueuses les plus altruistes du collectif de Thibault Denis.

Shirley Pigache est très proche de plusieurs de ses coéquipières dont Fanny Gosseye. ©coco_photographie

Elle aurait pu définitivement arrêter le football en 2020. Touchée par le confinement lié à la pandémie de la Covid-19, et avec l’envie de profiter de sa famille, Shirley Pigache a fait une pause pendant deux saisons. Mais la tentation du ballon rond était trop grande. Footballeuse depuis ses huit ans, après avoir débuté au Vallée de Seine FC, il était encore trop tôt pour faire ses adieux à sa plus grande passion. Partie en sport-études en Picardie, où elle évoluait à Abbeville lors de l'exercice 2010-2011, l'ex-défenseure a toujours été très fidèle. A sa ville, d’abord, puis à ses couleurs. Elle a passé huit saisons au FC Rouen, en U19 national puis en D2, lancé par Stéphane Arnold, fait un petit saut de puce à Amiens (D2) le temps d'une année, avant de revenir dans sa ville natale, pour rejoindre QRM, depuis 2021. Une longévité qui lui réussit plutôt bien. Cette saison, comme la précédente, elle est l’une des joueuses les plus utilisées par Thibault Denis depuis le début du championnat. "Shirley est en forme. Ses statistiques parlent pour elle, cela montre son efficacité”, confirme son coach.

On ne parle pas du nombre de ballons récupérés ou de tacles réussis. Mais bien de buts marqués. Car si Shirley Pigache a durant très longtemps évolué au sein de l'arrière-garde, puis au milieu de terrain, la Rouennaise a été repositionnée à la pointe de l’attaque la saison dernière, par son ancien entraîneur, Youcef Chekkal. "En général, plus on vieillit, plus on recule. Moi, c’était l’inverse", plaisante la n°11 des « Jaune et Rouge ». En prenant le groupe quevillais en main en janvier 2025, Thibault Denis n’a pas voulu tout chambouler. Chez sa joueuse, le technicien a perçu de vraies qualités "dans les décrochages, son jeu varié dans la construction et la finition”. Selon lui, sa carrure "lui permet de garder des ballons dos au jeu. Elle a aussi une frappe très intéressante".

Comme Fanny Gosseye, elle a craqué pour le futsal

Renarde des surfaces, Shirley Pigache est souvent comparée à un certain Olivier Giroud. Ce n'est pas pour rien que le papa de l'une de ses partenaires la surnomme ainsi. Aussi chirurgicale que le champion du Monde 2018 dans les zones de finition, la Rouennaise se montre souvent décisive. C’est simple, après sept journées de D3 cette saison, elle était la meilleure goleador du groupe A. Elle est désormais troisième ex-aequo avec trois autres joueuses, avec six réalisations à son actif. Mais alors, d'où vient ce sens du but, quand on a toujours été cantonné à des tâches défensives ? La principale concernée n'a pas vraiment d'explication. "Je regarde beaucoup de matchs de foot à la télé, surtout le foot anglais ou la Ligue des Champions, peut-être que ça m’aide”, avance-t-elle. Lors de ses jeunes années au FCR, l’enseignante en activité physique adaptée s’inspirait plutôt de certaines de ses coéquipières comme la milieu Lucie Barbet (actuelle présidente de Plateau Est) ou encore la défenseure Sarah Nahim, très professionnelle dans son approche du foot.

Désormais, Shirley Pigache a pour idole des attaquants comme Phil Foden, à Manchester City. “Je regarde beaucoup ses déplacements. Son parcours est dingue, c’est un joueur qui a explosé grâce à Pep Guardiola que j’aime beaucoup”, lance cette fan des Citizens. Adepte du jeu combiné, dans les petits espaces, la Quevillaise a trouvé chaussure à son pied à ce poste. Elle en est presque devenue accro aux stats. “A chaque match, je note les noms des buteuses et le nombre de buts sur mon téléphone. Je rends des comptes au club à la fin de la saison”, sourit-elle. Au-delà des chiffres, elle est aujourd’hui une attaquante très altruiste, aux yeux de son coach, capable de se plier en quatre pour son équipe. Une qualité qui fait la différence dans un sport collectif. “Shirley donne beaucoup pour le groupe. Elle est très généreuse sur les courses défensives, notamment sur le pressing”, décrit Thibault Denis.

"Shirley donne beaucoup pour le groupe. Elle est très généreuse sur les courses défensives, notamment sur le pressing"

Thibault Denis

Son volume de courses à haute intensité, Shirley Pigache le tient du futsal, tout comme sa lecture de jeu, la prise d’informations ou encore sa qualité technique. A l’instar de sa coéquipière de toujours, Fanny Gosseye, elle est tombée sous le charme du futsal à l’université. Chaque mardi midi, lors de l’AS Futsal, ce que l’on appelle plus communément l’UNSS, les deux copines se retrouvaient sur le petit terrain. Trois fois championne de France, championne d’Europe à une reprise, ces expériences lui ont ouvert des portes au niveau international. En 2018, elle a été retenue dans la liste des « 12 » pour disputer les Mondiaux de futsal universitaires au Kazakhstan. En mai 2025, en Suède, la n°11 des « Jaune et Rouge » a connu sa première sélection avec l’équipe de France de la spécialité, créée en 2023, où elle a chanté La Marseillaise pour la première fois, coq sur le torse.

La Lyonnaise Ada Hegerberg lui a donné son maillot

“C’étaient des émotions que je n’avais jamais connues avant. J’ai dû verser ma petite larme discrètement”. Bien qu’elle n’ait eu que peu de temps de jeu, Shirley Pigache compte deux capes avec les Bleues. Aujourd’hui, elle mène un double-projet en s’entraînant deux fois par mois avec l’Hercules FC, dans l’Eure, en plus de ses séances de foot à 11 avec QRM. Une cohabitation entre les deux pratiques permise par la bonne entente et communication entre les coachs des deux entités, Anthony Cordoba et Thibault Denis. Si, pour l’instant, la Rouennaise s’éclate sur grand terrain, elle ne ferme pas la porte à une carrière en indoor. “Je ne projette pas de faire carrière, mais si je peux goûter à la D1 un jour, ça serait génial ! Tout passe par le plaisir, je joue avec la même bande de copines", lâche celle qui a été élue meilleure joueuse de l’année 2024 à l'issue d'un vote proposé par notre rédaction.

"Je suis la plus jeune (de sa bande de copines). Si elles arrêtent, ça va me faire bizarre"

Shirley Pigache

Cette bande de copines dont elle parle, c’est Fanny Gosseye, Maude Perchey, Marie Desplanques, Marlène Petit ou encore Chloé Caudron. Toutes ont plus ou moins suivi le même chemin, du FCR à QRM, en passant par le futsal. Pour certaines, cela fait plus de dix ans qu’elles évoluent sous le même maillot, sans jamais se quitter. Un “noyau dur” avec qui Shirley Pigache a grandi et avec qui elle s’est construite, en tant que joueuse. “Sur le terrain, on peut tout se dire, sans mettre de filtres”. Mais également en tant que femme. Au point de repousser le moment où l’une d’entre elle prendra sa retraite sportive. “Je suis la plus jeune. Si elles arrêtent, ça va me faire bizarre. Par exemple, quand on part en déplacement, je suis toujours dans la même chambre que Fanny. On est toujours à côté dans les vestiaires. Il y a un peu de superstition dans tout ça”.

Avec son amie Fanny Gosseye, capitaine de QRM, Shirley Pigache a aussi vécu son plus beau souvenir. En 2015, les filles du FCR s’étaient hissées en demi-finale de la Coupe de France contre l’ogre lyonnais de Camille Abily, Amel Majri, Elodie Thomis… Devant 5 000 spectateurs à Diochon, elles s’étaient inclinées 4-0. Un score anecdotique tellement l’épopée était belle. “On était presque satisfaites de ne perdre que 4-0 contre des filles qu’on voyait à la télé. Elodie Thomis, elle court vraiment très vite. En tant que défenseure, je me souviens avoir plus couru que touché de ballons", s’amuse-t-elle. "C’était une expérience dingue. Ada Hegerberg m’avait même donné son maillot !” L’histoire ne dit pas si elle l'a remercié en norvégien…

> D3F. J12 - Quevilly-Rouen Métropole (5e - 15 points) / SM Caen (4e - 16 points), dimanche 21 décembre à 14 H 30 au Stade Michel-Mutel.

Léa QUINIO

Quel bilan pour QRM avant le derby contre le Stade Malherbe ?

Créditées d'une bonne première partie de saison, Shirley Pigache et ses coéquipières ont l'occasion d'accomplir un pas supplémentaire vers le maintien en cas de succès aux dépens de Caen. ©coco_photographie

"Notre bilan est mitigé. On a fait de belles performances en tenant tête à des équipes classées devant nous (Roubaix et Bourges), sans arriver à prendre les points. Comme on n’avance pas forcément sur le plan comptable, ça peut jouer dans les têtes. Il faut continuer à travailler, car avec quatre descentes cette saison, il faut se mettre à l’abri le plus tôt possible", avance Thibault Denis, le coach d'une formation de QRM membre du Top 5. "Le match contre Caen sera très intéressant contre une équipe qui monte en puissance. Notre premier objectif est le maintien, mais si on peut finir l’année 2025 avec les trois points, on débutera la deuxième partie de saison en confiance. Ce match est très important”

Quitter la version mobile