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Adolphe Teikeu : "Pendant mon enfance, j’ai souvent rêvé de remporter la CAN avec le Cameroun"

Adolphe Teikeu sera sûrement un spectateur attentif du match d'ouverture de la 33e édition de la CAN, ce dimanche (17 heures), entre le Cameroun et le Burkina Faso. ©Damien Deslandes

S'il est droitier, Adolphe Teikeu peut jouer avec ses deux pieds. D'ailleurs, l'intéressé ne cache pas une préférence pour le côté gauche de la défense centrale. ©Damien Deslandes

Quand on lui pose la question, la réponse fuse. "Le plus beau jour de ma carrière ? Le 5 février 2017". Ce soir-là, à Libreville, au Gabon, le Cameroun s’adjuge la Coupe d’Afrique des Nations grâce à un succès en finale aux dépens de l’Egypte (2-1). Titulaire en charnière centrale, comme sur l’ensemble de la compétition, Adolphe Teikeu réalise l’un de ses vœux les plus chers. "Pendant mon enfance, j’ai souvent rêvé de jouer pour le Cameroun, de remporter une CAN", raconte le néo-Caennais dont l’histoire d’amour avec la sélection avait démarré quasiment un an auparavant*.

"Des enfants courraient sur des kilomètres derrière notre bus"

"Quand j’ai disputé mon premier match avec le Cameroun, contre l’Afrique du Sud (le 29 mars 2016), je me suis dit que toutes ces années de travail payaient. Après, il ne faut pas juste être content d’être appelé, on doit être en capacité de relever le défi", souligne celui qui est issu d’une grande famille de sportifs avec un papa et un frère également footballeurs ainsi qu’une grande sœur, Laure, volleyeuse internationale. Dans les heures qui ont suivi ce sacre, l’ancien défenseur de Sochaux a été témoin de « la folie » qui s’est emparée de ses compatriotes.

"Quand vous retournez au pays, vous vous rendez compte que vous avez accompli quelque chose d’énorme. Tout le monde était sorti dans la rue pour nous accueillir. Des enfants courraient sur des kilomètres derrière notre bus, des personnes bloquaient le passage juste pour le toucher. Ces scènes de communion, c’est vraiment ce que j’ai ressenti de plus fort. C’est la preuve que le peuple aime son équipe quand elle gagne. Bon, on n’oublie pas que quand on perd, on ramasse". Si la liesse populaire fut aussi importante, c’est parce que le Cameroun, pourtant l’une des plus grandes nations du continent, n’avait plus soulevé ce trophée depuis… 15 ans ! "Je n’avais raté aucun match à la TV", se souvient Adolphe Teikeu.

Supporter à vie des Lions Indomptables

A l’époque, les Lions Indomptables avaient réalisé un retentissant doublé (2000-2002). Deux ans auparavant, ils avaient signé l’un des plus grands exploits du football africain en décrochant la médaille d’Or aux JO de Sydney. Dans cette génération figuraient, entre autres, Samuel Eto’o, Geremi, Pierre Womé et un certain Rigobert Song. "Mon idole", lâche, les yeux toujours remplis d’admiration, le nouveau n°13 des « Rouge et Bleu ». "C’est une légende, l’un des footballeurs camerounais les plus respectés, les plus vénérés". Autant dire que quand l’ex-défenseur du FC Metz, de Liverpool et de Galatasaray lui a adressé ses félicitations après le titre en 2017, le natif de la région de Mbo n’était pas peu fier. "J’ai aussi reçu des appels d’El Hadji Diouf, Patrick Mboma, Emmanuel Adebayor et même Didier (Drogba)".

"Tant que je n’aurai pas pris ma retraite, je penserai toujours à la sélection"

Ces marques de reconnaissance de ses pairs ont constitué une forme de récompense pour un joueur qui a gravi les échelons progressivement dans son pays. "J’ai commencé dans un petit club de mon quartier : le FC Sop. Quand on était tout jeune, il y avait une compétition, la Coupe Top organisée par une brasserie au Cameroun. Quand tu la jouais, tu gagnais le respect", témoigne l’homme aux 22 capes avec les Lions Indomptables qui fut loin d’avoir un parcours linéaire. "A un moment, j’ai arrêté le foot pour les études puis j’ai repris et conjugué les deux".

La suite l’a vu intégrer une académie, un type de structure très répandu en Afrique, avant d’évoluer avec le collège La Confiance à Bafoussam avec lequel il a été couronné champion du Cameroun junior en 2006. "On avait aussi une équipe en troisième division, le Colago FC. On est monté en D2. Après, je suis parti en première division, au Fovu de Baham". Quelques mois plus tard, l’heure du grand départ pour l’Europe, et l’Ukraine plus précisément, a sonné (lire ci-dessous). S’il n’a plus été convoqué en équipe nationale depuis le mois de mai 2018 et une confrontation amicale contre le Burkina Faso, Adolphe Teikeu restera à vie un supporter des Lions Indomptables. "Je suis Camerounais", répond-il comme une évidence sans avoir perdu tout espoir d’être retenu à nouveau. "Tant que je n’aurai pas pris ma retraite, je penserai toujours à la sélection". Une belle preuve d’amour.

"En Afrique, quand vous avez une opportunité, vous la saisissez"

La carrière d’Adolphe Teikeu est notamment marquée par son départ, en provenance de son Cameroun natal, au Metalurh Zaporija alors qu’il n’était âgé que de 19 ans ! De l’extérieur, ce choix peut paraître surprenant. "Vous savez, en Afrique, sur 200 000 joueurs qui espèrent devenir professionnels, seulement 100 voire moins vont y parvenir", indique l’ex-Sochalien qui avec le temps s’est, toutefois, parfaitement intégré à son nouvel environnement, au point de rester six saisons en Ukraine et en Russie. "Après, il ne faut pas se le cacher, le choc fut violent quand je suis arrivé. La barrière de la langue fut difficile. Mais progressivement, je me suis habitué et aujourd’hui, je parle couramment russe".

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