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Antoine Lepeltier : "Plus je grandis, plus je vois les sacrifices que mes parents ont consenti pour moi"

Antoine Lepeltier est le seul membre de la génération 2005 issu de la préformation du Stade Malherbe à avoir paraphé un contrat stagiaire. ©Damien Deslandes

Antoine Lepeltier est le seul membre de la génération 2005 issu de la préformation du Stade Malherbe à avoir paraphé un contrat stagiaire. ©Damien Deslandes

Chaque mois, nous allons à la rencontre de l'un des espoirs du football normand (HAC, Stade Malherbe, QRM, US Avranches, FC Rouen...), qu'il soit un titulaire en puissance de l'équipe première, un joueur en quête de temps de jeu ou un jeune de la réserve à qui l'on prédit un bel avenir. On parle foot mais pas que...

Son parcours : une demi-saison gâchée par les blessures

"A chaque fois que je recommençais à courir, j’avais mal, je stoppais, je repartais en soins..."

Antoine Lepeltier n’est pas près d’oublier le 9 septembre 2023. C’est à cette date qu’il a effectué son retour sur les terrains. Dix « petites » minutes avec la « B » (N3) contre Flers qui aux yeux du latéral valaient de l’or. Il faut dire que le jeune Caennais a vécu une dernière saison compliquée, perturbée par toute une série de blessures dont une pubalgie pariétale. "J’ai ressenti les premières douleurs fin décembre", se remémore celui qui était un titulaire quasi-indiscutable dans le couloir gauche de la réserve (N2). Si la trêve hivernale lui offre un peu de répit, rapidement, cette désagréable sensation au niveau du bas-ventre refait surface. S’il continue de jouer quelques semaines en serrant les dents et avec un temps de jeu adapté , le finaliste de la Gambardella 2022 doit se résoudre à un repos forcé. "Au départ, on (avec son entourage) ne voulait que je me fasse opérer car ça signifiait que ma saison était terminée". Dans un premier temps, cette stratégie s’avère payante puisque le natif de Vire reprend la compétition via un tour de Coupe de Normandie.

Mais cette période d’inactivité contrainte n’est pas sans conséquence sur son organisme. 15 jours après son retour, Antoine Lepeltier est victime d’une élongation à une cuisse. "Je me soigne, je reviens mais un samedi matin, à l’entraînement, je me fais une nouvelle élongation… sur l’autre cuisse cette fois-ci". Plus embêtant, il n’est pas débarrassé de sa pubalgie. "Mentalement, ce fut un moment dur. A chaque fois que je recommençais à courir, j’avais mal, je stoppais, je repartais en soins... Dans ma tête, je pensais tout le temps aux douleurs". Face à ce sentiment d’impuissance, le défenseur de la réserve malherbiste se rend à l’évidence : l’opération est inéluctable. Aujourd’hui, cet épisode n’est plus qu’un mauvais souvenir. "Je n’y songe même plus". Toutefois, pas question de brûler les étapes. "L’idée déjà, c’est de retrouver du rythme. On y va prudemment, crescendo. Les entraînements, c’est une chose mais ça ne vaut pas l’intensité des matches".

Sa particularité : il poursuit des études supérieures

"On ne sait jamais, si je n’arrive pas à percer dans le foot, au moins, j’aurai un bagage à côté"

A une époque où certains de ses coéquipiers ne passent même pas leur baccalauréat ; leur emploi du temps avec le groupe professionnel étant jugé incompatible pour assister à des cours en parallèle, Antoine Lepeltier poursuit des études supérieures. Suffisamment rare pour être souligné bien qu’au Stade Malherbe, ils sont plus nombreux qu’on le pense (Adama Timera, Ilias Miraoui, Salim Diakité, Gagny Traoré, Maxence Agnoly, Gabin Tomé, Lucas Vovard et Timéo Bodmer, tous membres de l’effectif réserve - U19, se trouvent aussi dans ce cas). Pour notre latéral gauche, le bac était déjà un minimum. "S’il ne l’avait pas, il le repassait", annonce son papa, Lionel. "Ensuite, on a discuté avec les coaches Seube (Nicolas, directeur du centre de formation) et Leroux (Romain, en charge des U19 et responsable de la scolarité au SMC) pour savoir si on le laissait se consacrer au foot à 100% pendant un ou deux ans". Finalement, ce n’est pas l’option qui a été retenue.

"On m’a conseillé de continuer. Ça me permet de garder un équilibre de vie. Et puis, on ne sait jamais, si je n’arrive pas à percer dans le foot, au moins, j’aurai un bagage à côté", livre celui qui vient de débuter un BTS commercial NDRC (Négociation et digitalisation de la relation client). S’il dispose d’horaires aménagés, Antoine Lepeltier, entre les cours et les entraînements, ne va pas chômer. Un emploi du temps qui ne l’effraie nullement. "C’était encore pire l’année dernière avec les révisions sachant que je loupais pas mal d’heures au lycée avec les séances. Heureusement, j’avais le tutorat pour m’aider". Grâce à 18 professeurs bénévoles, les pensionnaires du centre de formation du Stade Malherbe bénéficient d’un soutien scolaire après les entraînements.

Avec 13 apparitions dont 12 fois dans le onze de départ, Antoine Lepeltier, alors qu'il venait tout juste de souffler sa 17e bougie, était devenu un titulaire quasi-indiscutable en réserve (N2) avant que sa pubalgie ne le freine. ©Damien Deslandes

Son tout premier club : l’AF Virois

"Si Antoine en est là aujourd’hui, c’est aussi grâce au président Christophe Lécuyer"

Avant d’intégrer le centre de formation du Stade Malherbe, Antoine Lepeltier a accompli ses premières armes à l’AF Virois, jusqu’à la catégorie U13. De ses débuts avec le club du Bocage est resté une solide amitié avec Elouan Labadie-Vincent. "C’est mon meilleur pote", lance le défenseur à propos de celui qui évolue avec les U19 nationaux de l’US Avranches. Cette année, les deux compères se sont encore rapprochés. Désormais étudiant à Caen, Elouan habite à 300 mètres du domicile de la famille Lepeltier. "Dès qu’on peut, on se voit, on regarde les matches de foot ensemble, on joue à la Playstation…"

Même s’il l’a quitté maintenant il y a plusieurs saisons, Antoine Lepeltier bénéficie toujours du soutien de son tout premier club et de son président : Christophe Lécuyer. "Si Antoine en est là aujourd’hui, c’est aussi grâce à lui. Il connaît mieux le milieu du foot que nous. C’est un mec bien", lui rend hommage Lionel, son papa. "C’est pourquoi quand Antoine a signé son contrat aspirant-stagiaire à d’Ornano, j’avais tenu à ce qu’il soit avec nous". Un engagement loin d’être anodin puisque c’est le seul membre de la génération 2005 issu de la préformation du SMC à en avoir paraphé un. Depuis, il a été rejoint par quelques garçons recrutés à l’extérieur comme Adama Timera.

Son poste : d’attaquant axial à latéral gauche

"L’un de mes coéquipiers se blesse, le coach me fait entrer latéral, je n’avais jamais joué à ce poste"

Aujourd’hui latéral gauche, Antoine Lepeltier n’a pas toujours évolué à ce poste. Et pour cause, quand il s’est engagé avec le Stade Malherbe, le natif de Vire occupait la pointe de l’attaque ! "Le coach Péron (Jean-François) a commencé par me décaler sur le côté gauche. Et sur un match en U16 contre Evreux où j’étais surclassé, l’un de mes coéquipiers se blesse. Le coach m’envoie m’échauffer et me dit que je vais entrer comme latéral. Je n’avais jamais joué à ce poste". Sa prestation tape dans l’œil de Matthieu Ballon, le responsable des U17.

« Tu as des qualités défensives et offensives. La saison prochaine, je t’alignerai comme latéral ». Voici en substance le message que lui a transmis l’entraîneur des U17 nationaux des « Rouge et Bleu ». Au fil de sa formation, Antoine Lepeltier s’est démarqué par sa polyvalence. Capable d’évoluer également piston, il avait disputé la finale de Coupe Gambardella 2002 en position d’axial gauche au sein d’une défense centrale à trois. Mais c’est en tant qu’arrière gauche qu’il s’imagine un avenir à haut niveau. "En tant que piston, il faudrait que je développe plus d’explosivité, de force, de vitesse…"

Antoine Lepeltier entouré de ses parents, Sylvaine et Lionel. Quand le jeune joueur s'est engagé avec le Stade Malherbe à 13 ans, toute sa famille originaire de Vire l'a suivi, en déménageant à Caen. ©Damien Deslandes

Des personnes qui comptent : ses parents

"Quand on est arrivé à Caen, j’étais encore jeune, je ne me rendais pas compte"

Brillant sous les couleurs de l’AF Virois, Antoine Lepeltier n’a pas tardé à être repéré par plusieurs structures professionnelles. Le Havre, Brest, Caen, pour ne citer qu’elles… A l’âge de 13 ans, le finaliste de la Gambardella 2022 ne manque pas de sollicitations. Si le Stade Brestois lui fait la cour, le latéral gauche choisit son homologue malherbiste. Seul hic mais de taille, il ne peut pas intégrer l’internat du club normand, faute de place. Un problème rapidement résolu pour la famille Lepeltier. "De toute façon, on lui avait dit : « Peu importe où tu signes, on te suit, on déménage", raconte son papa qui a, au passage, dû changer de travail.

C’est ainsi qu’à l’été 2018, Lionel et Sylvaine, son épouse, effectuent l’heure de route séparant Vire de Caen, pour s’y installer avec leurs trois enfants ; Antoine ayant deux petits frères : Alban (16 ans) et Aubin (12 ans), tous les deux également footballeurs, à la Mos. Un comble alors que le père de famille est… rugbyman ! "Quand on est arrivé à Caen, j’étais encore jeune et je ne me rendais pas compte de tout ça. Mais plus je grandis, plus je vois les sacrifices que mes parents ont consenti pour moi et mes frères", témoigne l’aîné de la fratrie. "Je vais essayer de leur rendre ce qu’ils m’ont donné". Une pression que ses parents lui enlèvent tant ils paraissent heureux de leur choix de vie. "Franchement, qu’Antoine réussisse ou pas dans le foot, on n’a aucun regret".

Antoine Lepeltier

  • Né le 5 octobre 2005 (18 ans) à Vire (Calvados).
  • Latéral - piston. Gaucher. 1,82 m pour 75 kg.
  • Parcours : AF Virois (jusqu'en 2013), SM Caen (depuis 2018)
  • Sous contrat stagiaire avec le SM Caen jusqu'en 2025.
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