L'histoire entre le SMC et Lyna Benaïssa a commencé en 2023. Lors des barrages d'accession en U19 Nationaux, les jeunes pousses caennaises affrontaient leurs homologues du FC Sochaux, où figurait en pointe cette attaquante au profil athlétique. Buteuse à deux reprises contre son futur club, à l'aller comme au retour, l'attaquante sochalienne avait tapé dans l’œil de Chloé Charlot, la coach de la relève « Rouge et Bleu » à l'époque. Convoitée pour venir en Normandie, la Franc-Comtoise a accroché au projet malherbiste, un peu par défaut au départ. "Sochaux n'avait pas encore d'équipe senior et je ne pouvais plus jouer en U18 déjà depuis un an à cause de mon âge. Seulement s'entraîner, c'était long. Je ne voulais pas quitter mon club de cœur, mais je ne pouvais pas continuer sans compétition", explique-t-elle. Cette décision a représenté une épreuve pour la jeune femme. C'était la première fois que l'ex-Sochalienne s'éloignait de sa région natale et de ses proches, sa maman, son frère, Ryad, et sa sœur, Anaïs, adeptes eux aussi du ballon rond.
Au même moment, la jeune Lyna a vécu le tragique décès de son papa, à la suite d'une terrible douleur au pancréas prise en charge "trop tard". La Normande d'adoption a décidé de lui rendre hommage à sa façon. "Comme il est né le 10 décembre, j'ai décidé de porter le n°10, j'y tiens, et cela n'a rien à voir avec mon poste". Son papa, qui lui a donné le virus du foot quand elle avait 5 ans au FC Seloncourt, près de la frontière franco-suisse, doit être terriblement fier du chemin parcouru par sa protégée. Au mois de mai, c'est elle qui avait contribué à sauver le SMC en D3, en inscrivant le but décisif face à Bourges (1-1), d'une magnifique reprise sur un service de Zina Catherine. Début octobre, à l'occasion du carton contre Sarcelles (4-0), l'attaquante a récidivé en débloquant son compteur pour cet exercice 2025-2026. "J'étais orientée dos au but, j'ai réussi à reprendre le ballon en une touche, en demi-volée. Quand j'ai marqué, il y avait trop d'émotions", glisse la principale intéressé, aujourd'hui épanouie dans les rangs « Rouge et Bleu ».
"Comme mon papa est né le 10 décembre, j'ai décide de porter le n°10, et cela n'a rien à voir avec mon poste"
Lyna Benaïssa
Si Lyna Benaïssa a toujours évolué en position de n°9 dans sa carrière naissante, le Stade Malherbe a décelé en elle une certaine polyvalence dans le secteur offensif. Alors qu'elle est capable d'être alignée en pointe donc comme dans un rôle d'excentré, à droite ou à gauche, Tristan Blanchard l'utilise aussi en tant que n°10, devant deux milieux défensifs. "Ce que Lyna propose face au jeu est très intéressant. Elle a un petit gabarit et peut éliminer son adversaire sur sa première prise de balle", analyse son coach. Ce poste lui sourit plutôt bien depuis deux semaines. Fan de Louisa Necib et de Lionel Messi, la Caennaise profite de ce qui lui est offert. "Je vois le jeu et je touche un peu plus de ballons. J'aime bien servir mes coéquipières. Il faut aussi dire que c'est difficile de déloger Korka Fall", sourit-elle. L'internationale sénégalaise en est déjà à quatre réalisations cette saison.
Sa petite sœur, Anaïs suit ses traces
Mobile, technique, et rapide, Lyna Benaïssa n'a pas la puissance des Zina Catherine ou Lisa Bugna. Elle s'illustre autrement. "Lyna est très habile entre les lignes. Elle a cette capacité à conduire le ballon et enchaîner les actions", poursuit Tristan Blanchard. Mais aussi de les finir, à l'image de sa demi-volée chirurgicale contre Sarcelles. Si certaines peuvent parfois avoir le pied qui tremble dans les derniers mètres, ce n'est pas le cas de la jeune attaquante. Tristan Blanchard ne tarit pas d'éloges envers l'ex-Sochalienne. "Elle a un profil à la Jean-Pierre Papin. Je ne dis pas qu'elle fera autant de « Papinades » mais elle se déplace bien dans la surface, a le sens du timing et sa lecture des trajectoires est intéressante". Ses principaux axes de progression résident dans sa capacité à conserver le ballon dos au jeu, sous pression, résister au défi physique mais aussi à canaliser son énergie. "Elle veut tellement bien faire qu'elle court partout et dépense de l'énergie parfois inutilement. Elle a un côté foufou".
"Lyna a un profil à la Jean-Pierre Papin. Je ne dis pas qu'elle fera autant de « Papinades »"
Tristan Blanchard
Preuve en est, sa suspension en Coupe de France contre Saint-Lô, dimanche dernier, la faute à un troisième carton jaune lié à un manque d'inattention. "Quand Korka a marqué, j'ai traversé le terrain sans me poser de question, sans demander l'autorisation. Parfois, je ne me rends pas compte de ce que je fais !", concède-t-elle. "C'est une joueuse qui vit avec ses émotions", abonde son entraîneur. Lors du stage de cohésion cet été, dans la Manche, on a vu une Lyna Benaïssa à la fois joueuse de pétanque, danseuse ou encore faire du wheeling sur son vélo. Quand il est question de mettre l'ambiance, elle est toujours partante. La Normande d'adoption respire la joie de vivre. Et ce n'est pas son nouveau coach qui affirmera le contraire. "C'est un boute-en-train. Sourire et bonne humeur résument parfaitement Lyna", avoue Tristan Blanchard. "On demande à nos joueuses d'avoir leur propre personnalité, car c'est ce qui fait le charme de ce groupe. Elle a très bien compris ce message. Elle est nature". Plutôt introvertie au quotidien, sérieuse sur la pelouse et très à l'écoute des consignes avec "une soif d'apprendre", la Franc-Comtoise change de visage quand elle partage des moments de groupe.
Malgré son jeune âge, elle est capable de faire le show et de divertir les troupes. Alors d'où vient ce « truc en plus » ? "Je ne sais pas, j'ai toujours été celle qui fait rire les autres, à l'école ou chez moi". Elle est ce genre de joueuses qu'un groupe adore compter dans ses rangs pour garantir la bonne humeur. Le foot, c'est sa vie. Passion qu'elle partage avec sa petite sœur de 11 ans. "Elle jongle tous les jours pour essayer de me battre ! Pour l'instant, je gagne, mais elle sera meilleure que moi", sourit la Franco-algérienne ; une double nationalité héritée de son grand-père paternel. Côté professionnel, le ballon rond la suit également. L'attaquante s'est engagée dans une formation à la School Malherbe Caen (organisme de formation dépendant de l'association qui gère aussi la section féminine), en tant que « chargé(e) de développement d'une structure sportive associative ». Elle mène des projets au sein de l'association du SMC, aux côtés de ses coéquipières : Aurélie Abossolo et Morgane Hauvet. Si pour l'heure son avenir n'est pas totalement défini, il se fera probablement dans le milieu du football.
> D3F. J7 - SM Caen (9e - 6 points) / Orléans (13e - 1 point), dimanche 26 octobre à 15 heures au Stade de Venoix-Claude-Mercier.
Léa QUINIO
Les féminines du Stade Malherbe s'engagent pour Octobre Rose
L'un des projets menés par Lyna Benaïssa concerne Octobre Rose. Engagée dans la lutte contre le cancer du sein, l'association du Stade Malherbe organise ce dimanche un rassemblement sportif en présence de 12 équipes U13 issues de la région. Des stands seront mis en place pour sensibiliser les jeunes filles sur cette cause nationale. A 15 heures, place au match de D3 contre Orléans. Exceptionnellement, l'entrée sera payante. Les fonds récoltés serviront à soutenir la recherche et les soins liés à cette maladie. Une remise officielle de chèque sera effectuée a posteriori au Stade Michel-d'Ornano lors d'une rencontre des professionnels.
