À la lecture de la feuille de match, les 11 000 spectateurs présents ce vendredi soir ont eu le droit à une petite surprise. Bien que son équipe restait sur deux productions convaincantes dans le jeu, contre Dijon (0-0) et Sochaux (1-1), sans pour autant affoler les compteurs, Maxime d’Ornano avait décidé de revoir sa copie sur le plan offensif. Exit le 4-3-3, place à un 4-2-3-1 (ou 4-4-2) avec la première titularisation en pointe d’Armand Gnanduillet ! "L’idée, c’était de le lancer, c’est évident", a expliqué après coup le coach malherbiste. C’est vrai que depuis le début de la saison, l’avant-centre s’était contenté de miettes, ou presque, avec 96’ de temps de jeu réparties en quatre apparitions. Toutefois, pas certain que la prestation livrée par l’ex-Manceau face à Valenciennes ait spécialement donné envie à son entraîneur de lui accorder une deuxième chance. Alors que son arrivée a été entourée d’une vague de scepticisme, après deux derniers exercices ratés à Dunkerque (L2) et dans le Doubs (N1), le n°11 des « Rouge et Bleu » n’a pas fait taire ses détracteurs durant l’heure où il a foulé la pelouse de d’Ornano.
À l’exception d’une bonne frappe à l’entrée de la surface de réparation en première période (19’), Armand Gnanduillet n’a absolument pas pesé sur les débats. Invité à s’exprimer sur la (non) performance de son attaquant, tout comme sur celle d’Adama Diakité, qui à peu près tout fait à l’envers contre le VAFC, Maxime d’Ornano n’a pas souhaité individualiser les carences de son collectif. "Je n’aime pas isoler un joueur ou deux. C’est plutôt collectivement que notre production n’a pas été suffisante, dans le déplacement du bloc adverse", commente le technicien caennais. "Le plan de jeu de notre adversaire était de nous laisser le ballon. À nous de mieux l’utiliser. Il y a eu trop de déchets techniques. On a voulu aller trop vite. Face à 11 joueurs sous le ballon, on doit être patient, les travailler sur les côtés, à l’intérieur…"
Tout ne peut pas reposer sur Mohamed Hafid et Ivann Botella
Certes, mais pour que son équipe tourne rond, Maxime d’Ornano a besoin d’individualités impactantes. "Bien évidemment, si tous les joueurs sont au top de leur forme, on pourra faire des différences. C’est ce qui nous a manqués, un peu de folie", concède le coach normand. "On n’a pas réussi à emballer le match. C’était un peu trop monorythme". Et l’animation offensive malherbiste ne peut pas reposer uniquement sur les épaules de Mohamed Hafid qui, rappelons-le, n’avait jamais enchaîné deux titularisations de rang avant cette saison ! Qui plus est, l’ailier va rapidement être identifié (si ce n’est pas déjà le cas) par les adversaires comme la menace n°1. D’autres doivent prendre le relai et donc augmenter le curseur à l’image d’un Williams Mazié, discret pour ses débuts sous le maillot « Rouge et Bleu » ou d’un Belkacem Dali-Amar qui, malgré cette frappe en rupture s’écrasant sur la transversale de Jean Louchet (69’), n’est, pour l’instant, que l’ombre du joueur qu’il a été à QRM lors de l’exercice précédent. Son physique, avec cette entorse à la cheville contractée juste avant le coup d’envoi du championnat, expliquant peut-être cela.
S’il aurait pu gonfler son compteur personnel d’une unité, avec ses deux coups de tête (4’, 50’), Ivann Botella - auteur de trois réalisations cette saison, toutes à l’extérieur - ne doit pas être le seul à trouver le chemin des filets. Contre Valenciennes, l’ancien du Red Star a été positionné un cran plus bas par rapport aux précédentes sorties du SMC, en soutien d’Armand Gnanduillet. "Je voulais mettre Ivann dans une position un peu plus intérieure afin qu’il prenne les espaces et amène sa qualité technique dans le cœur du jeu", décrypte Maxime d’Ornano. Un choix qui a profondément modifié le visage de la ligne d’attaque caennaise pour un résultat plus que mitigé ; Armand Gnanduillet n’ayant pas la même activité, le même volume de courses, la même capacité à déclencher le pressing que son coéquipier… "On n’a pas assez pesé devant", reconnaît l’ex-entraîneur du FC Rouen. Bien sûr, pour Armand Gnanduillet, il s’agissait de son baptême du feu dans le onze de départ et tout jugement définitif constituerait une grave erreur. Mais quand on prétend aux premiers rôles, peut-on se permettre de luxe d’être patient en espérant que son avant-centre retrouve son efficacité d’il y a trois ans (14 buts et sept passes décisives avec Le Mans, en N1) ?