Site icon Foot Normand

Debrief du 1er match de P. Dupraz : L'application du gegenpressing

Utilisé un cran plus haut qu'avec Rui Almeida, dans une position de milieu offensif gauche, Yoël Armougom a dézoné à de multiples reprises, créant une supériorité numérique sur le côté droit et semant la zizanie dans le marquage castelroussin.

Utilisé un cran plus haut qu'avec Rui Almeida, dans une position de milieu offensif gauche, Yoël Armougom a dézoné à de multiples reprises, créant une supériorité numérique sur le côté droit.

A l'issue de son baptême du feu comme entraîneur du Stade Malherbe, Pascal Dupraz a qualifié l’affrontement contre Châteauroux (le 4 octobre) de "match vivant". Le nombre important de duels défensifs et offensifs disputés (260) en atteste. Des chiffres qu'on n'avait plus vus à d’Ornano depuis 33 rencontres et une défaite face à l’OM, le 19 janvier 2018 ! "Vous verrez dès le match contre Châteauroux que mes préceptes sont différents de ceux qui étaient en vigueur jusqu'à présent".

Alors qu'il avait lâché cette déclaration durant sa conférence de presse de présentation, Pascal Dupraz n’a pas menti. En l'espace de quelques jours, il a réussi à transfigurer les Caennais en transposant des ingrédients déjà aperçus à Toulouse il y a deux ans : de l’intensité et de l’énergie, surtout sans ballon. Sous Rui Almeida, le Stade Malherbe affichait peu de dynamisme au moment de récupérer le « cuir », tout en se faisant transpercer par les attaques adverses. Face aux Castelroussins, on a enfin vu des joueurs actifs, courir vers le porteur de balle plutôt que vers leur but.

Après avoir fait visionner des images du Liverpool de Jürgen Klopp à son groupe, le technicien normand a insisté sur une récupération du ballon la plus rapide possible une fois celui-ci perdu afin de se montrer dangereux au plus vite ; son équipe se trouvant proche des cages adverses. Pendant une heure, on a assisté au gegenpressing* savoyard.

Positionné haut sur le terrain, le bloc « Rouge et Bleu » a limité le nombre de passes de La Berrichonne dans son propre camp grâce à la crise d'espace-temps exercée par les partenaires de Rémy Riou. Le SMC a récupéré une quantité importante de ballons : 92 dont 21 dans le dernier tiers du terrain. Un record depuis le 19 novembre 2017 et la réception de Nice !

Six attaques rapides dont une aboutissant à l'égalisation

Il faut dire que la façon d’attaquer sous Rui Almeida et son 5-3-2 ne permettait pas de défendre vers l’avant. L’occupation de l’espace avec beaucoup de largeur et la distance entre les joueurs empêchaient une fermeture des espaces rapides. Les passes latérales interceptées se transformaient en autant de munitions pour l’adversaire pour mener des contre-attaques léthales. Mais ne nous trompons pas, s'il défend différemment avec un contre-effort à la perte du ballon et un mouvement coordonné vers l’avant sur les temps de passes adverses, le Stade Malherbe n’a pas résolu ses difficultés sur les transitions défensives.

Contre Châteauroux, le club normand a encore subi six attaques rapides dont une aboutissant à l’égalisation. Sur cette action, Pascal Dupraz a pesté contre l'absence de contre-effort à 80 mètres des cages de son équipe permettant l’enclenchement d’une action offensive castelroussine. Mais que dire de l’inaction des Caennais à 30 mètres de leur but. Alors que Lamine Ghezalli (n°29) est collé contre la ligne de touche, quatre défenseurs « Rouge et Bleu » se trouvent en opposition simple, avec une volonté timide de récupérer le ballon. Le jeune joueur adverse a l’espace et le temps pour délivrer une passe vers Alexis Gonçalves (n°14) ; ce dernier réalisant un appel dans le dos de l'arrière-garde caennaise avant de remettre dans la course de Romain Grange (n°15) armant et frappant à vingt mètres du but. Une faute de concentration qui se paie cash.

Des permutations entre Armougom et Zady Sery

Mais les nouveautés dans le jeu caennais ne concernent pas que les séquences sans ballon. On a apprécié notamment les courses de Yoël Armougom et ses nombreuses permutations avec l’autre ailier, Caleb Zady Sery. A plusieurs reprises, le Réunionnais s’est permis de quitter son flanc gauche pour s’inviter côté droit, semant la zizanie dans le marquage adverse et créant une supériorité numérique sur un côté où l’apport offensif du latéral Steeve Yago fut limité.

Des situations intéressantes, qu'il soit servi ou pas, car ses mouvements ont libéré de l’espace pour ses coéquipiers. C’est d’ailleurs entre la 55’ et la 75’, après une permutation entre les deux joueurs de couloir que le n°3 des « Rouge et Bleu » a délivré un centre décisif pour la tête de Prince Oniangué (60’). Trois minutes plus tard, Caleb Zady Sery est rentré intérieur pour frapper et forcer Rémy Pillot à se détendre (63’).

Si les expected goals le donnent vainqueur avec 1,55 but attendu contre 0,61 pour Châteauroux et qu'il ne s’était jamais autant procuré d’occasions qualitatives cette saison, le Stade Malherbe ne s'est pas imposé. Mais que Pascal Dupraz se rassure, même le Liverpool de Jürgen Klopp ne s’est pas fait en trois jours.

*Expression allemande, le gegenpressing (prononcez « guégueune pressing ») peut se traduire par contre pressing. Cette tactique consiste à presser l'adversaire de manière très agressive dès la perte du ballon pour une récupération de la possession haut sur le terrain afin d’attaquer rapidement le but adverse.

RETROUVER LA CHRONIQUE DE STAT MALHERBE CHAQUE MOIS DANS LE MAGAZINE FOOT NORMAND.

Quitter la version mobile