Il faudra incontestablement bien plus qu’un succès arraché à l’ultime minute contre un relégable pour réconcilier la tribune Borrelli avec son club… "Pour retrouver la confiance du peuple rouge et bleu, il faut gagner, gagner, (il se répète). Je sais qu’il n’y a pas que les victoires qui comptent, on doit mouiller le maillot, se battre", se montre lucide Yann M’Vila, l’un des rares Caennais exemplaires sur le pré. Quelque chose nous dit que lui et ses partenaires auront surtout besoin de temps. La preuve, ces sifflets émanant du kop après la fin du match quand les joueurs ont salué, à distance, leurs fans. Des sifflets à domicile à la suite d’un succès du Stade Malherbe, du jamais-vu de mémoire de suiveurs du football normand ! Tout comme l’affluence. Si le décompte officiel a communiqué sur 9 868 spectateurs, abonnés compris, ils n’étaient pas plus de 8 000, et encore, à avoir pris place dans les travées de d’Ornano.
Forcément, ce chiffre interpelle quand on connaît la fidélité, l’amour, la passion du public caennais. "C’est normal que les supporters soient frustrés. On les a déçus. Depuis le début de la saison, on n’arrive pas à les satisfaire", se veut conciliant le capitaine du SMC. A son initiative, ses coéquipiers, le staff et les dirigeants se sont réunis dans le rond central après avoir décroché ces trois points, véhiculant l’image qu’ils ne formaient qu’un. De là à dire que c’est contre le reste du monde, il n’y a qu’un pas… Le ton de la soirée, glaciale (au propre comme au figuré), avait été donné d’entrée. A l’annonce de leur nom par le speaker, les joueurs, à de rares exceptions à l’image de Léo Milliner, le gamin de la formation, ont reçu une bronca. Un traitement identique a été réservé à Maxime d’Ornano.
La conférence expéditive de Maxime d’Ornano
Visiblement pas en hauteur de sainteté auprès des fans « Rouge et Bleu », le coach malherbiste a même eu droit à des « d’Ornano démission » au retour des vestiaires. Est-ce que ce sont ces manifestations de mécontentement qui l’ont courroucé ? Toujours est-il que l’ex-entraîneur du FC Rouen s’est présenté en conférence particulièrement fâché. D’ailleurs, il ne sera resté que 38 secondes devant la presse. Un record. Juste le temps de lâcher qu’il était "content d’avoir gagné". Là aussi, on a assisté à quelque chose d’inédit. Et pourtant, depuis 2018, de Fabien Mercadal, à Michel Der Zakarian en passant par Jean-Marc Furlan, le SMC en a connu des techniciens peu loquaces et peu à l’aise dans cet exercice. S’il ne nous appartient pas de commenter l’attitude de Maxime d’Ornano, il est quasi sûr que cette (non) intervention médiatique ne lui a pas fait remporter des points de sympathie auprès des amoureux du club normand.
Dommage, car le désamour avec les supporters semble profond. Exemple à la demi-heure de jeu. Alors que le MNK avait décidé de ne pas animer sa tribune pendant, a minima, les 49 premières minutes ; 49 comme le nombre de jours qui séparaient Malherbe de sa dernière victoire en National (J9. 2-0 aux dépens du Puy), le groupe est sorti de son silence pour se moquer de son équipe. Sur une séquence de possession de Bourg-Péronnas, des « Olé » ont fusé du stade à chaque passe des Bressans. Si ces réactions peuvent, dans une certaine mesure, prêter à sourire, sans le but d’Armand Gnanduillet à la 93’, la soirée aurait pu prendre une tournure bien plus triste. Une poignée d’énergumènes s’étaient déjà positionnés pour envahir la pelouse au coup de sifflet final.
