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Evens Joseph, personne ne l'avait vu venir aussi vite

ISSU DU MAGAZINE. Dans un secteur offensif où la majorité des attaquants normands ont affiché des limites rédhibitoires à ce niveau, il constitue l'une des rares éclaircies (la seule peut-être) de cette phase aller. "Evens est une très belle surprise", se félicite Fabien Mercadal. Dans la foulée de son baptême du feu en Ligue 1 (contre Monaco, le 24 novembre), le natif de Neuilly-sur-Marne en région parisienne a paraphé son premier contrat professionnel en s'engageant jusqu'en 2021. Pour celui qui est arrivé en U13 au centre de formation du Stade Malherbe, tout s'est brutalement accéléré.

Difficile à imaginer quelques mois en arrière. Alors qu'il n'est pas parvenu à s'imposer en National 3 lors de l'exercice précédent, le jeune homme d'origine martiniquaise par ses parents démarre la demie et la finale de la phase finale du championnat de France U19 sur le banc* ! "Il s'est blessé juste avant et pendant son absence, l'équipe a tourné sans lui. Dans ces périodes-là, on privilégie la forme à l'instant T. Evens s'est retrouvé en méforme au mauvais moment", rembobine Michel Rodriguez, le responsable de cette catégorie d'âge au SMC.

"Evens s'est un peu perdu la saison dernière"

Pourtant, dès l'été 2017, ses éducateurs fondent déjà de gros espoirs en lui. "Avec Michel, on avait expliqué à Francis (De Taddeo, l'ex-directeur du centre de formation) que compte tenu de ses qualités, les pros auraient certainement besoin de lui", se souvient Grégory Proment, l'ancien entraîneur de la réserve caennaise. "Quand j'ai découvert ce garçon, j'ai dit à Greg que si avec son profil, on ne parvenait pas à l'amener chez les pros, c'est qu'on avait raté quelque chose", abonde Michel Rodriguez. Mais finalement, l'éclosion a pris plus de temps que prévu.

"Evens s'est un peu perdu la saison dernière. Est-ce qu'il s'est infligé trop de pression ou est-ce qu'on lui a en trop mis ? Peut-être que c'était tout simplement trop tôt", s'interroge Grégory Proment, désormais à la tête de l'équipe B du FC Metz en R1. "L'année passée, je lui ai souvent répété qu'il fallait qu'il se décide une bonne fois pour toute à accélérer sa progression s'il voulait taper à la porte des pros", ajoute Michel Rodriguez. "Je lui avais suggéré des axes d'amélioration. Il avait tendance à disparaître des matches. Il ne se montrait pas assez régulier dans son investissement offensif et défensif".

"Il rentre, il profite, il croque dans la L1 à pleine dents"

Des conseils que le principal concerné a entendus. "Depuis la reprise en juillet, Evens semble mettre tous les atouts de son côté. Il a franchi un cap", estime le coach des U19. Et les résultats sont au rendez-vous. Devenu un titulaire indiscutable en N3, Evens Joseph a progressivement pointé le bout de son nez à l'étage supérieur. Un effectif qu'il avait déjà côtoyé durant une bonne partie de la préparation. Positionné dans le couloir gauche lors de ses premières apparitions chez les « grands », le porte-étendard de cette génération « Rouge et Bleu » née en 1999 a livré un échantillon de ce qu'il pouvait apporter à un collectif en manque d'idées et de talents : vitesse, percussion, élimination en un contre un.

Des aptitudes que l'on n'avait plus vues du côté de d'Ornano depuis un certain Yann Karamoh. "Par rapport à nos autres attaquants, Evens possède des qualités différentes qui nous faisaient défaut", reconnaît Fabien Mercadal. Dans le sillage de son apport footballistique, le néo-pro a fait souffler un vent de fraîcheur sur un Stade Malherbe en plein doute. "Il rentre, il profite, il croque dans la Ligue 1 à pleine dents alors que certains joueurs ressentent le poids de notre situation. Il nous apporte du dynamisme car il n'a pas été impacté par tout ce qui nous a touchés depuis le début du championnat. Certes, il a 20 ans, il vient de signer son premier contrat pro mais s'il dépasse ses coéquipiers, comme c'est le cas actuellement, il va jouer ce petit", ne passe pas par quatre chemins le patron technique du SMC.

"Si on croit qu'Evens va régler tous nos problèmes..."

Pour l'instant, le n°13 du SMC doit se contenter d'un statut de joker de luxe (quatre apparitions pour 119' de temps de jeu). "A chaque fois qu'il a endossé ce rôle-là, il a été performant. Est-ce que ça sera la même chose s'il débute ? On ne sait pas", lance Fabien Mercadal. C'est vrai qu'il serait dangereux de faire porter une trop forte responsabilité à un « gamin » qui évoluait encore en cinquième division au mois d'octobre. Aussi talentueux et prometteur soit-il, Evens Joseph n'endossera pas le costume de sauveur du club normand. Une situation dont est parfaitement conscient l'entraîneur caennais : "Si on croit qu'Evens va régler tous nos problèmes, on va lui faire du mal. Et à nous également".

Un sentiment partagé par Grégory Proment : "Tous les joueurs ne sont pas capables de gérer la pression. A Metz, à l'époque, il y avait un garçon qui était présenté comme le nouveau Robert Pires et au final, il a réalisé une toute petite carrière par rapport à son potentiel. On ne doit pas mettre une chape de plomb au-dessus de la tête d'Evens. Il fera gagner des matches (et c'est déjà le cas avec ce penalty obtenu dans les arrêts de jeu contre Toulouse, mardi soir) mais il faut l'accompagner, le laisser tranquille, en paix. Pour moi, actuellement, Evens est un joueur bonus". Reste à savoir si le Stade Malherbe, qui lutte pour son maintien, pourra se permettre le luxe de le laisser grandir à son rythme.

*En demi-finale contre Auxerre puis en finale face à Montpellier, Evens Joseph était respectivement rentré à la 68' et à la 73'.

Evens Joseph

> Né le 16 juillet 1999 à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis).

Attaquant. Droitier. N°13.

1,77 m pour 71 kg.

Formé au SM Caen.

Cette saison : 4 matches (119').

Sous contrat jusqu'en 2021.

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