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"Je ne peux pas me permettre d'être patient. Il faut que j'obtienne des résultats dès cette saison"

Alors qu'on lui reproche souvent de ne pas assez parler de football dans ses conférences de presse, Pascal Dupraz reconnaît le faire volontairement. "Je préfère en parler à mon staff et à mes joueurs". ©Damien Deslandes

Alors qu'on lui reproche souvent de ne pas assez parler de football dans ses conférences de presse, Pascal Dupraz reconnaît le faire volontairement. "Je préfère en parler à mon staff et à mes joueurs". ©Damien Deslandes

Sa nomination il y a un an à la tête du Stade Malherbe

"On connaît tous les joueurs, toutes leurs caractéristiques, des pros aux U15-U17"

"Il ne faut pas oublier qu'au moment où nous sommes arrivés, le club était quelque peu moribond (17e et premier non-relégable, avec six points en neuf journées). Et pas seulement depuis une semaine mais depuis quelques mois voire saisons. Je crois pouvoir dire qu'on a redonné un peu de vie. On a replacé certains principes essentiels, à mon sens, pour la bonne marche d'un club. Tout d'abord, on a fixé un cadre pour les joueurs professionnels. Ensuite, on a montré qu'on ne formait pas un Etat dans l'Etat ; ce qui me semble fondamental. On s'est intéressés à ce qui se passait ailleurs que dans le groupe professionnel. Aujourd'hui, on connaît tous les joueurs, toutes leurs caractéristiques, des pros aux U15-U17. Un club de foot, c'est une entité. Aujourd'hui, les contours de notre effectif ont été largement modifiés par rapport à celui qu'on avait à disposition le 1er octobre. C'est le travail qu'on a effectué mais que les gens ne voient pas forcément. On a eu l'audace, le culot d'incorporer des jeunes. Qui va me dire que c'était évident que (Kélian) Nsona vienne avec nous dès notre première semaine la saison dernière ?".

La marge de progression de l'équipe

"Certains ne sont pas encore dans un projet collectif. Ils ont un ego surdimensionné"

"Déjà, avec les mêmes garçons, on est plus costauds, on est moins fragiles, on subit moins. C'est un bon départ. Maintenant, il faut qu'on soit meilleurs dans la pertinence, dans la réalisation technique. Ça passe par la confiance, par l'acceptation qu'on ne peut pas toujours tout faire vite. Il faut prendre le temps de la préparation. Certains ne sont pas encore dans un projet collectif. Ils ont un ego surdimensionné. Il faut que ça cesse sinon, ça ralentira la progression de l'équipe. On manque aussi de personnalité. Mes équipes, elles ont de la personnalité. On doit être également plus performants dans notre animation offensive contre les blocs renforcés. Il nous faut plus de complémentarités au milieu avec des garçons qui se projettent plus, qui assument plus le jeu. On manque aussi de mouvements. C'est le ballon qui doit vivre et les joueurs qui doivent courir davantage. Il faut se déplacer les uns par rapport aux autres. Ça passe, peut-être, par l'arrivée de joueurs extérieurs*. Car vous avez beau tirer la quintessence des joueurs que vous avez à disposition, cet effectif a été construit pour un 3-5-2 avec l'apport de pistons venant de l'arrière. Moi, je suis plus adepte d'un 4-4-2 ou d'un 4-2-3-1 avec des joueurs de couloir qui sont les créateurs de l'équipe".

*Le Stade Malherbe devrait officialiser d'ici peu les signatures du gardien Garissone Innocent (prêté avec option d'achat par le PSG), du défenseur Vladislav Molchan (Krasnoïarsk, D2 russe) et de l'attaquant Alexandre Mendy (Bordeaux).

Ses objectifs avec le Stade Malherbe cette saison

"On n'est pas obligés de finir premier ou deuxième. Je suis un adepte des matches couperets"

"Je ne peux pas me permettre d'être patient. Je n'en ai pas les moyens. Je vous rappelle que mon contrat s'arrête au 30 juin (2021, avec une option d'une saison supplémentaire en cas de montée en Ligue 1). Au contraire, il faut que je sois extrêmement prompt, vif. C'est pourquoi quand j'entends certains dire que c'est une saison de transition, je leur réponds : « Vous êtes gentils ». Il faut que j'obtienne des résultats dès cette saison. Je rappellerais quand même que des résultats, on en a depuis le mois d'octobre, plus qu'avant. Quand vous doublez la moyenne de points pris avec le même effectif, c'est qu'il se passe quelque chose (0,67 point pris avec Rui Almeida, 1,47 avec Pascal Dupraz la saison dernière). De toute façon, le challenge fait partie de ma vie. Il faut que je profite du moment présent. S'il y a une fenêtre, il faut s'y engouffrer. Je rêve d'être l'entraîneur qui ramène le Stade Malherbe en Ligue 1. Et on n'est pas obligés de finir premier ou deuxième. Je suis un adepte des matches couperets".

Les reproches concernant sa communication

"Vous pensez que les modestes résultats que j'ai obtenus, c'est juste en ramenant ma bonhomie sur le terrain ?"

"Je ne parle pas beaucoup publiquement de l'aspect footballistique ou tactique pur. Je sais que ça me joue des tours. C'est peut-être mon tort mais je le fais sciemment. Souvent, les journalistes m'interrogent en conférence de presse en exprimant leur ressenti de spectateur, qui n'est pas forcément faux mais qui se défait de la problématique de l'entraîneur que je suis. Ils ne savent pas les axes de travail de mon équipe, les progrès qu'on doit réaliser et aussi les consignes données donc je préfère ne pas me noyer dans des explications-justifications. Je préfère en parler à mon staff et à mes joueurs. Du coup, je ne suis pas dans la mode. Mais vous pensez que les modestes résultats que j'ai obtenus, c'est juste en ramenant ma bonhomie sur le terrain ? En parlant aux joueurs de la pluie et du beau temps ? En leur disant : « Vas-y, il faut que tu y ailles aujourd'hui », ou en leur faisant des causeries ? Vous croyez que c'est en vociférant, en gueulant, en parlant aux journalistes ? J'ai pris un club en Promotion d'honneur (Evian Thonon-Gaillard), en l'espace de 20 ans, il est passé de la neuvième à la première division. Derrière, je vais à Toulouse. Ils sont morts-vivants et ils revivent. Même ici...".

Son rapport aux sports en dehors du football

"J'ai eu des frissons devant le titre de champion du Monde d'Alaphilippe"

"J'aime le sport, tous les sports : l'athlétisme, le hockey, le handball, le volley... Je suis un passionné. Je vais passer pour un fou mais le curling, ça me botte ! Vous voyez, le curling, ce sont les mecs qui balaient. Comme la pétanque, c'est une science, du jeu, de la technique, du collectif… Le seul dont je suis moins fan, où j'accroche moins, et c'est un tort, les jeunes vont hurler d'ailleurs, c'est le basket. Je trouve que le défi physique est vicié, ça siffle vite faute. Dimanche, j'ai eu des frissons, des larmes (référence au titre de champion du Monde de cyclisme de Julian Alaphilippe). J'ai beaucoup apprécié les commentaires d'Alaphilippe mettant en avant la victoire de l'équipe de France. C'est certainement aussi la victoire du stratège, du coach : Thomas Voeckler (le sélectionneur). Quand il envoie trois Français devant à deux tours de la fin, même moi qui doit m'y connaître un peu en stratégie, je me suis dit : « Qu'est-ce qu'il fait ? » Il a fallu que je lise L'Equipe le lendemain pour comprendre que c'était un leurre, tout était prévu. Il a envoyé trois mecs. Après, ils n'ont plus bougé. Ils ont laissé rouler les Belges et les Italiens parce qu'il a voulu leur faire croire qu'Alaphilippe n'était pas dans un bon jour".

RETROUVER L'INTÉGRALITÉ DE L'INTERVIEW DE PASCAL DUPRAZ DANS LE PROCHAIN NUMÉRO DE FOOT NORMAND (N°31) EN KIOSQUES MI-OCTOBRE.

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