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Juliette Chotard : "Un retour à Nantes ? Je l’aurais vécu comme un retour à la case départ"

Avec cinq points d'avance sur son plus proche poursuivant, QRM, où elles se rendent dimanche, Juliette Chotard et les Caennaises sont en position idéale pour accéder à la D3. ©Damien Deslandes

Avec cinq points d'avance sur son plus proche poursuivant, QRM, où elles se rendent dimanche, Juliette Chotard et les Caennaises sont en position idéale pour accéder à la D3. ©Damien Deslandes

Un souvenir : sa première sélection en équipe de France

"C’est vrai que c’est quand même quelque chose ces grosses valises blindées de maillots et de chaussures"

"J’étais en classe et je vois un appel de mon coach (Christophe Benmaza, quand elle évoluait à Saint-Herblain). Puis, deux, trois… Comme il insiste, je trouve ça bizarre. Je le contacte à la sortie des cours et là, il m’annonce que je suis sélectionnée". Voici comment Juliette Chotard a appris sa première convocation en équipe de France jeunes, en février 2016. "Au départ, je ne comprends même pas ce qu’il me dit. Il me le répète. Qu’est-ce que je ressens ? C’est un sentiment qui n’est pas forcément descriptible. Derrière, j’appelle mes parents (Anne et Lionel), ils sont fous de joie". À ce moment-là, la n°8 du Stade Malherbe a pu mesurer le chemin parcouru depuis la rue du domicile familial où elle a tapé dans ses premiers ballons avec les garçons du quartier en suivant sa grande sœur, Marie. "Au début, on faisait du judo mais ma sœur a tanné mes parents pour l’inscrire au foot. Ils ont fini par céder. Du coup, ils ne pouvaient pas me le refuser", raconte celle qui a aussi un petit frère, Léo, licencié à Savenay, son premier club. 

Au total, la milieu offensive, repérée quand elle était pensionnaire du pôle Espoirs de Rennes, compte cinq sélections sous le maillot Bleu en catégories U16-17, toutes en 2016, pour un but face au Kazakhstan. L’équipe de France donc, son château de Clairefontaine et ses fameux équipements qui font rêver n’importe quel footballeur. "C’est vrai que c’est quand même quelque chose ces grosses valises blindées de maillots et de chaussures. Et à chaque nouvelle collection, il y a une autre valise". Et La Marseillaise, a-t-elle eu besoin de la réviser avant de l’entonner ? "Non, je la connaissais déjà", assure-t-elle. "Mais quand tu l’entends pour la première fois (pour une victoire 7-0 contre l’Ecosse, lors d’un tournoi UEFA au Portugal), ça fait quelque chose".

Après avoir obtenu une licence Staps APAS (Activités physiques adaptées et santé), Juliette Chotard poursuit, en parallèle du football, des études avec un master en communication et marketing par alternance. ©Damien Deslandes

Sa particularité : une saison aux USA

"Aux Etats-Unis, le football est plus physique. Tactiquement, par contre, on est meilleur en France"

Quand on retrace le parcours de Juliette Chotard, il y a une ligne qui interpelle immédiatement sur son CV : sa saison à l’Université of Northwestern dans l’Ohio (en 2019-2020). Comment une « gamine » originaire de la région nantaise a-t-elle traversé l’Atlantique pour assouvir sa passion pour le ballon rond ? Tout est parti d’un message d’un agent reçu sur l’application Messenger. "Au début, j’étais un peu réticente, je ne trouvais pas ça très clair, je souhaitais savoir ce qu’il me voulait", se souvient la milieu offensive. À tel point que dans un premier temps, elle ne prévient pas ses parents. Mais au fur et à mesure des échanges avec l’agent en question, le sérieux du projet - intégrer une université américaine via le football - prend progressivement forme. "Je n’aurais jamais osé franchir le cap toute seule. À l’époque, je n’avais pas beaucoup de temps de jeu avec La Roche-sur-Yon en D2, j’ai vu cette proposition comme un tremplin". Avec l’appui de ses parents, désormais mis dans la confidence, l’internationale U17 entame les démarches administratives auprès de l’ambassade des États-Unis. Problème : elle ne parle pas un mot d’anglais. "Il y avait des tests que je n’ai, bien sûr, pas validés". Ce qui aurait pu s’apparenter à un coup fatal dans son envie de départ pour les USA ne se transformera au final qu’en simple contre-temps. "J’ai été envoyée dans cette université dans l’Ohio avec de nombreux internationaux dans le même cas de figure que moi", témoigne Juliette Chotard qui a suivi des études en « Business administration ».

Et l’immersion dans le pays de l’oncle Sam se révélera plus efficace pour l’apprentissage de la langue de Shakespeare que les cours dispensés dans les collèges et les lycées français. "En quatre mois, j’étais bilingue". Toutefois, à Northwestern, elle n’était pas totalement dépaysée avec trois de ses compatriotes au sein du vestiaire dont Eva Lauret qui l’a rejointe, lors de cet exercice 2022-2023, au Stade Malherbe. Sur le plan sportif, la n°8 des « Rouge et Bleu » découvre certaines particularités du soccer avec deux rencontres par semaine, dans une saison qui s’étire seulement de septembre à décembre, et des infrastructures impressionnantes. "Aux États-Unis, le football est plus physique. Tactiquement, par contre, on est meilleur en France et techniquement, ça dépend vraiment du pays d’où la fille est originaire". Championne de sa ligue, Juliette Chotard verra son équipe s’arrêter en quart dans une compétition regroupant des facultés de plusieurs états.

Alors qu'elle devait initialement rester aux Etats-Unis pour un cycle de quatre ans, Juliette Chotard a été contraint de rentrer en France au bout de quelques mois ; la faute à la pandémie de la Covid-19. ©Damien Deslandes

Son parcours : sa signature au Stade Malherbe

"La suite du projet nous réserve plein de bonnes choses"

Alors qu’elle devait au départ rester pour un cycle de quatre ans aux USA, Juliette Chotard va voir son séjour américain s’interrompre au bout de quelques mois seulement ; la faute à la pandémie de la Covid-19 qui a éclaté en mars 2020. Retournée en France, elle se met en quête d’un nouveau club. Mais pas dans la région nantaise où elle a fait toutes ses classes (Savenay, Saint-Herblain, Orvault). "Je l’aurais vécu comme un retour à la case départ". Il faut dire que la jeune femme est assez indépendante et ça, depuis fort longtemps. "Pour intégrer la section sportive à Nantes, je suis partie de chez mes parents en classe de 3e. Ils ne voulaient pas avant. J’ai été hébergée dans une famille d’accueil". Cependant, rien ne la prédestinait à poser ses valises à Caen, où elle ne possédait aucune attache. "J’ai été mise en relation avec le Stade Malherbe par l’intermédiaire de Zoé Brebion qui jouait déjà au club. J’avais été au pôle Espoirs de Rennes avec elle. Comme Romane Philippe (toutes les deux ont quitté le SMC l’été dernier)".

Depuis, l’internationale U17 est devenue l’un des piliers de la section féminine du Stade Malherbe. "Je m’y sens bien. La D1 ? Ça reste dans un coin de ma tête mais je préfère évoluer ici plutôt que de tenter ma chance dans des clubs où je ne serais ni bien sportivement, ni mentalement", confie la principale intéressée qui après avoir obtenu une licence Staps APAS (Activités physiques adaptées et santé) poursuit actuellement ses études avec un master en communication et marketing par alternance. "C’est vrai que de ne pas monter en D2 la saison passée à l’issue des barrages, ce fut un petit échec. Ce fut frustrant de s’arrêter là-dessus. Depuis mon arrivée, on a affiché l’objectif de monter en D2". Si l’ambition des « Rouge et Bleu » est toujours d’accéder à l’étage supérieur, il faut désormais parler de D3. Qui plus est, c’est l’année ou jamais puisque dans le cadre de la création de cette troisième division la saison prochaine, les barrages ont été supprimés. Leader avec cinq points d'avance sur QRM, leur dauphin, qu'elles affrontent dimanche, à quatre journées de la fin, les Caennaises ont tous les atouts en main. "La suite du projet nous réserve plein de bonnes choses", promet Juliette Chotard. On ne demande qu’à la croire.

> R1 Féminin. J21 - Quevilly-Rouen (2e - 47 points) / SM Caen (1er - 52 points), dimanche 7 mai à 15 heures au Stade Mahmoud-Tiarci.

 

Juliette Chotard

> Née le 17 février 2000 (23 ans) à Saint-Herblain (Loire-Atlantique).

> Milieu offensive. 1,68 m. Droitière.

> Parcours : Savenay (2006-2013), Saint-Herblain (2013-2014), Orvault (2014-2016), La Roche-sur-Yon ESO (2016-2019, U19 nationales-D2), Université of Northwestern dans l’Ohio (2019-2020, USA), SM Caen (2020-…).

> Internationale U16-U17 (5 sélections - 1 but).

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