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Le SMC de Jean-Marc Furlan décrypté par Stat Malherbe

Contrairement à ses équipes précédemment dirigées, le Stade Malherbe de Jean-Marc Furlan n'affiche pas, pour le moment, un pourcentage de possession supérieur à 50% ni un indice PPDA inférieur à 10. ©Damien Deslandes

Contrairement à ses équipes précédemment dirigées, le Stade Malherbe de Jean-Marc Furlan n'affiche pas, pour le moment, un pourcentage de possession supérieur à 50% ni un indice PPDA inférieur à 10. ©Damien Deslandes

Alexandre Mendy et Ali Abdi se régalent avec Valentin Henry

S’il est co-leader du championnat en compagnie d’Amiens après cinq journées avec 12 points sur 15 possibles, le Stade Malherbe n’occuperait que la 7e place en se basant sur les Expected Goals (xG)(1). Si le club caennais surperforme par rapport au nombre de buts attendus, c’est parce qu’il en a inscrit beaucoup à la suite de centres où la probabilité de marquer était faible. Toujours est-il que la moitié des réalisations des « Rouge et Bleu » proviennent de centres (quatre buts de la tête + un CSC). Jusqu’à présent, les combinaisons et les décalages dans les couloirs fonctionnent à merveille. En s’appuyant sur ses latéraux, Ali Abdi à gauche, Valentin Henry à droite, l’équipe de Jean-Marc Furlan parvient à créer des supériorités numériques. Si le SMC n’est pas l’équipe qui centre le plus (14,7/match), c’est elle qui centre le mieux avec un taux de réussite de 37,5% auquel l’ex-Sochalien n’est pas étranger.

Valentin Henry possède un taux de réussite sur ses centres de 62,5% (dans le Top 5 des latéraux de L2)

Recruté durant le mercato, Valentin Henry s’avère précieux dans la construction du jeu caennais. En moyenne, il réalise 65 passes par match (dans le Top 2 des latéraux de L2). D’ailleurs, le n°4 des « Rouge et Bleu » est le latéral de Ligue 2 qui effectue le plus de passes longues : 8,5 par match. Par ses nombreux renversements, il contribue souvent à déséquilibrer les blocs adverses. Dans son couloir, à l’issue de combinaisons permettant de jouer des deux contre un, ou des trois contre deux, Valentin Henry possède un taux de réussite sur ses centres de 62,5% (dans le Top 5 des latéraux de L2) ! Ses centres ont abouti à deux passes décisives.

Alexandre Mendy est, bien évidemment, sa cible prioritaire (voir la vidéo en bas de l'article). En n°2, on retrouve Ali Abdi ; l’arrière gauche du SMC a reçu sept centres débouchant sur deux tirs pour autant de buts ! Réputé pour son tempérament offensif ; ce qui lui a joué des (vilains) tours par le passé, l’international Tunisien s’éclate avec l’arrivée de Valentin Henry. D’ailleurs, les deux latéraux n’hésitent pas s’engager en même temps sur des attaques. Une prise de risque assumée pour l’équilibre collectif de l’équipe car elle expose le Stade Malherbe aux contres adverses mais qui s’avère, pour le moment, plus que rentable.

(1)Nombre de buts attendus par match pour une équipe au regard du nombre et de la qualité des occasions obtenues.

La cartographie des centres du SM Caen depuis le début de la saison met en avant l’activité et la réussite de Valentin Henry dans cet exercice.

Bilal Brahimi n’a pas besoin de marquer pour être important

Depuis le coup d’envoi du championnat, Jean-Marc Furlan - qui a rapidement dégagé un onze type - a disposé son équipe avec deux lignes de quatre, en défense et au milieu, et une attaque à deux têtes : Alexandre Mendy en n°9 et Bilal Brahimi en soutien. Hyperactif dans la moitié de terrain adverse, ce dernier s’est révélé être le parfait complément de l’avant-centre caennais. Le Franco-marocain apporte le danger soit par la passe (5,4 passes par match dans le dernier tiers du terrain) ou le dribble (5,3 duels offensifs gagnés par match). Paradoxalement, il n’a encore inscrit aucun but ni délivré de passe décisive mais son absence dans les deux prochains mois (fracture de la malléole externe) devrait peser lourd. Avec sa blessure plus celle de Yoann Court (élongation aux ischio-jambiers), Godson Kyeremeh, l’un des remplaçants les plus utilisés, l’espoir Tidiam Gomis, voire Mohamed Hafid, peuvent espérer gratter un temps de jeu plus conséquent dans les semaines à venir. Toutefois, la signature de Mickaël Le Bihan, le dernier jour du mercato, pourrait mettre tout le monde d’accord.

A noter que quand Alexandre Coeff entre en jeu (ce qui s’est produit sur les 5res journées), le Stade Malherbe passe en 4-1-4-1 avec l’ancien Auxerrois en position de sentinelle devant la défense. Coïncidence ou pas, c’est dans ce système que le club normand a concédé ses deux seuls buts jusqu’à présent, dans les arrêts de jeu face à Laval (J5. défaite 2-1, le 2 septembre).

Les données statistiques en fonction des trois systèmes de jeu utilisés par Jean-Marc Furlan depuis le début de la saison.

Des indicateurs statistiques qui ne traduisent pas la solidité défensive

Si ces deux buts ternissent le bilan de ces 5res journées, il convient de signaler que le Stade Malherbe se montre solide en subissant seulement 3,51 xG (deuxième meilleure équipe du championnat derrière Laval). Une solidité qu’il doit avant tout à la discipline de son organisation : des joueurs bien en place, une bonne distance entre eux, des coulissages, des orientations… Sa manière d’attaquer conditionne également sa façon de défendre. Le 4-4-2 est d’ailleurs reconnu par de nombreux observateurs comme le système idoine pour optimiser l’occupation de l’espace et notamment les transitions entre les phases offensives et défensives.

Le Stade Malherbe est la formation de Ligue 2 qui presse le moins dans le camp adverse avec un indice PPDA de 17,53

En tout cas, la solidité des « Rouge et Bleu » n’est pas dû à un pressing haut sur le terrain. C’est bien simple, le club caennais est la formation de Ligue 2 qui presse le moins dans le camp adverse avec un indice PPDA(2) de 17,53. Son pourcentage de possession est également inférieur à 50% (49,6%). Deux données en opposition avec les équipes dirigées par Jean-Marc Furlan depuis la saison 2016-2017 (Brest puis Auxerre) : un indice PPDA inférieur à 9,8 et une possession moyenne supérieure à 52%. Le Stade Malherbe est aussi la formation qui dispute le moins de duels, réalise le moins de tacles et d’interceptions par minute de possession adverse (4,1).

Le nouveau coach normand aurait-il renié certains de ses principes de jeu sur l’autel de l’efficacité ? Pas sûr. S’il tient le ballon moins souvent que son adversaire en moyenne, le SMC réalise, tout de même, 461 transmissions par match (le quatrième plus haut total de L2) avec un fort taux de passes par minute de possession : 15,2 (dans le Top 3 de L2). Si son temps de préparation dans la construction de ses attaques est principalement concentré dans les deux premiers tiers du terrain, l’équipe caennaise, comme expliqué un peu plus tôt, parvient rapidement à trouver de la verticalité et des décalages grâce à son jeu en mouvements et ses passes. Par ailleurs, le fait qu’elle n’ait été menée qu’une minute, qui plus est la dernière des arrêts de jeu face à Laval, ne l’a jamais contraint à dominer un adversaire pour inverser un score.

(2)Passes permises par action défensive.

A noter que ces données, compte tenu de l’échantillon d’analyse assez restreint (seulement cinq rencontres) et du degré d’adversité rencontré, sont à décrypter avec précaution. Elles ne présagent en rien de la suite de la saison malherbiste. L’enchaînement des prochaines semaines (avec Grenoble, Guingamp, Bordeaux notamment), à commencer par Saint-Etienne, samedi, à d’Ornano, devrait nous apporter une tendance plus claire.

> L2. J6 - SM Caen (1er - 12 points) / Saint-Etienne (15e - 5 points), samedi 16 septembre à 15 heures au Stade Michel-d'Ornano.

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