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Pour la capitaine Eva Lauret, Malherbe attend "la petite braise pour allumer le feu"

Après trois défaites en autant de journées, le Stade Malherbe d'Eva Lauret serait bien inspiré de s'imposer, ce dimanche, sur la pelouse du VGA Saint-Maur. ©Antonin Cathrine / SM Caen

Après trois défaites en autant de journées, le Stade Malherbe d'Eva Lauret serait bien inspiré de s'imposer, ce dimanche, sur la pelouse du VGA Saint-Maur. ©Antonin Cathrine / SM Caen

Il y a un peu plus d'un an, en mai 2024, Eva Lauret nous confiait que "jouer dix minutes ou être sur le banc" la rendrait heureuse. On a compris tout de suite où elle voulait en venir. Impatiente de rechausser les crampons après une deuxième rupture des ligaments croisés, la joueuse de 23 ans a dû ronger son frein jusqu'en septembre de la même année. Mais des complications l'ont empêché de savourer à 100% son retour sur les terrains la saison dernière. "J'ai retouché le ballon, mais j'avais des gênes à répétition, des lésions musculaires et en janvier, je me suis fait une grosse entorse de la cheville", témoigne la n°4 du Stade Malherbe. "Ça m'a stoppé dans mon élan".

Depuis son arrivée en Normandie en 2022, la Réunionnaise n'a disputé qu'une poignée de matchs sous le maillot « Rouge et Bleu », dont deux sous les ordres de Théodore Genoux puis quelques minutes grappillées la saison dernière avec Chloé Charlot aux manettes. Après un exercice 2024-2025 en dents de scie, Eva Lauret aspire à un avenir meilleur. Avec un nouveau projet, un nouvel entraîneur et de nouvelles coéquipières, tout semble réuni pour tourner la page de ces premiers mois peu glorieux à Caen. "Cette période difficile est derrière moi. J'avais la dalle de reprendre après deux années blanches. Il y a une super énergie dans le groupe et un collectif qui a la capacité de faire de grandes choses"

"cette période difficile est derrière moi. J'avais la dalle de reprendre après deux saisons blanches"

Ces deux blessures auront eu au moins un effet bénéfique : engranger de l'expérience dans sa préparation physique. Déterminée cet été à retrouver un groupe et "vivre des émotions" de l'intérieur, Eva Lauret a tout mis en œuvre pour être en forme. "Je me suis bien préparée pendant l'été. Désormais, je prends à cœur mes temps de récupération. Avant, je ne coupais pas forcément le sport durant les périodes « off ». Maintenant, je fais plus attention". La défenseure a aussi profité de la période estivale pour retourner sur son île natale. Pendant 15 jours, elle a savouré le climat idyllique de la Réunion pour se ressourcer en famille. "Je n'étais pas rentrée depuis un an et demi. Ça me manque parfois. La culture et le temps sont très différents de la métropole". Randonnées, plats typiques, pique-niques avec ses proches... Les activités n'ont pas manqué pour recharger les batteries.

Nommée capitaine en début de saison

A l'heure de la reprise de l'entraînement, au mois d'août, le SMC a retrouvé une autre Eva Lauret. Bien dans sa tête et dans son corps, la n°4 des « Rouge et Bleu » a posé le pied sur les terrains de Venoix, morte de faim, prête à relever le défi du maintien en D3, avec l'envie de "commencer et finir la saison". Vivre un exercice plein, voilà ce qui l'anime. La jeune femme a aussi changé de statut. Sur les trois premières journées face à la Roche-sur-Yon, Bréquigny et Bourges où elle était titulaire, Eva Lauret a porté le brassard. "Je ne m'y attendais pas. J'étais à la fois surprise et contente que les filles veulent que je sois leur capitaine (désignée à la suite d'un vote des coéquipières et du staff)", confie celle qui a déjà porté le ruban au bras au pôle espoir de Tours et lors de son passage aux Etats-Unis (avec deux années dans une Université de l'Ohio et deux autres en Louisiane). Revenant de loin, la Réunionnaise perçoit cette nomination comme une récompense. "J'ai toujours été au bord du terrain à soutenir le groupe, même quand j'étais blessée. Je pense que les filles ont apprécié mon engagement".

"Le match à Saint-Maur est capital pour la suite. Ça me tient à cœur que l'on gagne là-bas et qu'on commence une série"

Résilience, mental d'acier, prête à tout donner pour le collectif... Ces valeurs sont celles que l'on attend, entre autres, d'une capitaine. Alors, à quoi ressemble une Eva Lauret dans ce nouveau rôle ? "J'encourage le groupe, dans les bons comme dans les mauvais moments. En tant que défenseure centrale, je vois tout le terrain. Je communique beaucoup, mais je sais aussi être ferme quand il faut (sourire)", glisse-t-elle. Sans oublier le discours d'avant-match, où elle réunie en cercle ses partenaires sur le pré à quelques secondes du coup d'envoi "pour être prêtes à partir sur le champ de bataille". Dans le vestiaire, elle a toujours le mot qu'il faut, à tenter de rassurer une coéquipière, tout en restant à sa place. "Je n'ai pas de pression supplémentaire avec ce brassard. Il y a plusieurs leaders dans l'équipe. Le plus important, c'est que chaque joueuse se sente soutenue. Le coach m'a fait confiance. Je veux honorer ce statut".

Un statut qu'il faudra assumer toute la saison, dans les moments simples comme les plus difficiles. Pour l'instant, le Stade Malherbe patine encore. Le début de championnat n'est pas celui espéré avec trois défaites en autant de sorties. Les filles de Tristan Blanchard sont même les seules dans leur poule à n'avoir engrangé aucun point. "Ce sont les premiers matchs et donc les premiers réglages. On ne doute pas. On a conscience qu'on est capable de faire mieux. Il faut être patientes", rassure la nouvelle capitaine, qui se veut même optimiste. "D'un sens, heureusement que ces matchs-là arrivent maintenant, ça nous donne des axes de travail pour la suite. Maintenant, il manque cette petite braise en nous pour allumer le feu". Les Caennaises ont l'occasion de débloquer leur compteur, ce week-end, sur la pelouse de Saint-Maur, promu en D3 mais au passé grandiose au niveau national. Pour Eva Lauret, ce sera l'heure des retrouvailles avec l'un de ses anciens clubs. "J'y ai joué un an et on est devenues championnes de U19 national (en 2017-2018). Ça va me faire bizarre de rejouer là-bas. C'était un club convivial et familial, un peu comme ici à Malherbe. Nos différences culturelles faisaient notre force". Si elle ne garde que des bons souvenirs de son passage en banlieue parisienne, il n'y aura pas de place pour l'amitié, ce dimanche. "Ce match est capital pour la suite. Ça me tient à cœur que l'on gagne là-bas et qu'on commence une série". Si le maintien reste le seul objectif affiché dans les rangs « Rouge et Bleu », Eva Lauret se laisse le droit de rêver à un Top 5. Après tout, tout va très vite dans ce championnat de D3.

> D3F. J4 - VGA Saint-Maur (8e - 3 points) / SM Caen (13e - 0 point), dimanche 28 septembre à 15 heures au Stade Adolphe-Chéron.

Léa QUINIO

"Une capitaine n'est pas forcément la meilleure joueuse mais c'est quelqu'un d'exemplaire, capable d'avoir du leadership dans le groupe, avec un peu d'ancienneté. Eva coche toutes ces cases"

Tristan Blanchard sur le choix de sa capitaine

"Eva, c'est une fille intelligente et mature, qui est écoutée et surtout, qui ne parle pas pour ne rien dire. Elle est capable de mettre le collectif avant sa performance individuelle. C'est une joueuse de devoir sur qui on peut compter. Toujours à l'heure, elle sait prendre des initiatives pour le bien de groupe et est animée par la volonté de performer en équipe. Elle a les valeurs du club dans la peau", poursuit le coach de la section féminine du Stade Malherbe.

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