Zoumana Bagbema : "Djibi Diao ? Peu de personnes auraient misé sur moi alors que je sortais d’une blessure à un genou"

Son début de saison : une (demi) révélation

"Mon but ? Ça a rendu ma famille et mes amis heureux"

Fin août, face au FC Fleury, lors de la victoire 2-1 du Stade Malherbe, Zoumana Bagbema s’est envolé dans le ciel de Bondoufle pour décocher un coup de tête et inscrire son premier but chez les professionnels. Une réalisation forcément un peu particulière pour ce natif de Melun, en région parisienne. "Comme je n’habitais pas loin (quand il était plus jeune), il y avait ma famille, mes amis dans les tribunes. Ça a rendu tout le monde heureux", se félicite le principal intéressé. Un but qui est venu mettre un peu plus en lumière le bon début de championnat de ce milieu longiligne (1,93 m sous la toise tout de même !) même si sa perte de balle à Sochaux a coûté l’ouverture du score à son équipe (J6. 1-1, le 12 septembre). "On lui a montré, il sait qu’il ne devait pas la perdre, mais la remettre en une touche pour un coéquipier devant lui", décrypte Maxime d’Ornano.

Toutefois, cette erreur n’empêche pas le coach du SMC de lui accorder sa confiance. Avec seulement 20 joueurs de champs au sein de l’effectif caennais, les dirigeants normands - Reda Hammache, le directeur du recrutement en tête - avaient indiqué, pendant le mercato, vouloir laisser de la place aux jeunes. Message parfaitement compris par Zoumana Bagbema. Avec déjà six apparitions pour un temps de jeu de 249’, l’ex-pensionnaire du centre de formation du PSG est le 12^e élément le plus utilisé par Maxime d’Ornano. Surtout, que ce soit en sentinelle devant la défense ou un cran plus haut, le n°25 des « Rouge et Bleu » fait office d’option n°2 en cas de défection de l’un des trois titulaires du milieu de terrain : Yann M’Vila, Lorenzo Rajot et Belkacem Dali-Amar. "C’est un joueur qui a d’énormes qualités mais, pour l’instant, il n’exprime que 70% de son potentiel, notamment sur le plan offensif. Par rapport à ses aptitudes athlétiques, il est capable de se projeter plus haut, d’apporter encore plus de danger", analyse l’entraîneur caennais.

Ses blessures : victime de deux ruptures des ligaments croisés

"Je ne sens prêt pour gratter tout ce que je peux"

Un début de championnat d’autant plus savoureux que Zoumana Bagbema "revient de loin", pour reprendre ses propos. Alors qu’il n’a que 21 ans, ce milieu de terrain a déjà été victime de deux ruptures des ligaments croisés, une à chaque genou ! La dernière en date remonte à il y a un peu plus d’un an, fin août 2024 ; une semaine après sa première convocation dans le groupe « pro », à l’époque dirigée par Nicolas Seube. Une blessure qui est intervenue alors qu’il défendait les couleurs de la réserve malherbiste (N3). Résultat : une année de perdue. "Je n’oublie pas d’où Zoumana revient. Il faut faire preuve d’un peu de patience", met en garde Maxime d’Ornano. "J’ai fait un gros travail avec les kinés l’année dernière. J’ai repris petit à petit. La préparation s’est bien passée. Aujourd’hui, je me sens prêt pour disputer cette saison et gratter tout ce que je peux".

S’il est aussi bien revenu sur les terrains, c’est peut-être parce que Zoumana Bagbema avait déjà traversé cette épreuve. Car en débarquant au SMC à l’été 2023, n°25 des « Rouge et Bleu » sortait d’une saison quasi-blanche, en raison d’une blessure similaire survenue en octobre 2022. "C’était pendant un match de championnat (U19) contre Lens. Je venais juste de marquer. J’ai senti qu’il se passait un truc bizarre. J’ai continué à jouer quelques minutes avant d’être obligé de quitter mes coéquipiers", raconte le principal concerné qui a eu le diagnostic dès sa sortie du terrain. "Bien sûr, il a fallu le confirmer avec des examens mais du coup, je m’étais préparé à encaisser le choc. J’ai été pris en charge par des excellents kinés. Ils m’ont dit que ce n’était pas fini, que si je bossais bien, je pourrais revenir au plus haut niveau". Force est de constater qu’ils étaient dans le vrai.

Ses clubs : du PSG au SM Caen

"On a disputé des tournois incroyables, en Malaisie, au Japon…"

Toutefois, cette rupture des ligaments croisés (la première) a marqué un véritable coup d’arrêt dans sa carrière naissante. Au cours des six années où il a défendu les couleurs parisiennes, ce membre d’une fratrie comprenant quatre frères (Aboubakar, l’ainé, Hamed et Prince, le cadet) a, tout d'abord, vu du pays. "On a disputé des tournois incroyables, en Malaisie, au Japon…" Puis est intervenue la Youth League (la Ligue des Champions des U19) aux côtés d’un certain Warren Zaïre-Emery. "On a disputé le premier match ensemble contre la Juventus. Après, Warren a basculé avec les pros". Zoumana Bagbema, lui, a enchaîné les bonnes performances dans cette compétition. Au point qu’on a évoqué au PSG un possible contrat « pro ». C’est finalement avec le Stade Malherbe que le jeune homme d’origine ivoirienne franchira le pas. Après un exercice abouti, en 2023-2024, avec la réserve caennaise, en N3 (23 apparitions pour 19 titularisations et six buts), le milieu de terrain longiligne s’est engagé jusqu’en 2027 avec le SMC.

Suivi depuis qu’il a 12 ans par Djibi Diao, le responsable de la cellule de recrutement du centre de formation, celui que tout le monde surnomme « Zoum’ » aurait d’ailleurs pu défendre bien plus tôt les couleurs « Rouge et Bleu ». "Mes parents (Kady et Youssouf) avaient même visité les installations". A l’époque, son choix s’était donc porté sur le PSG, lui, le natif de Melun. "Ce qui avait fait la différence, c’est que j’avais la possibilité de rentrer chez moi tous les week-ends". Mais quand Djibi Diao lui a de nouveau proposé de rejoindre le Stade Malherbe à l’été 2023, alors qu’il se trouvait libre, cette fois-ci, Zoumana Bagbema n’a pas hésité. "Même si ça m’a surpris dans un premier temps, j’ai été tout de suite d’accord. Peu de personnes auraient misé sur moi alors que je sortais d’une blessure à un genou".

> N1. J8 - Châteauroux (9^e - 8 points) / SM Caen (6^e - 10 points), vendredi 26 septembre à 19 H 30 au Stade Gaston-Petit.