Foot Normand
Coupe de France. 32e de finale - US Avranches (N2) / Brest (L1), vendredi 19 décembre

A l’US Avranches, un Hengbart peut en cacher un autre

C’est un cas de figure assez rare, même s’il n’est pas inédit, l’US Avranches est dirigée cette saison par deux frères ; Romain Hengbart ayant rejoint son aîné, Cédric, nommé sur le banc manchois cet été. Le cadet de la fratrie possède une double casquette : adjoint de l’équipe première et responsable de la réserve (R1). Historique, origine, fonctionnement… Avant le 32e de finale de la Coupe de France contre Brest (L1), nous sommes partis à la rencontre de ce duo.

Alors que son frère aîné, Cédric, a été nommé, cet été, à la tête de l'US Avranches, Romain Hengbart l'a rejoint en qualité d'adjoint et pour s'occuper de la réserve. ©Rémy Caraby / USAMSM

Quand Romain coachait Cédric

"Cédric avait repris une licence pour une donner un coup de main"

S’ils n’avaient encore jamais collaboré au sein d’un staff, Cédric et Romain Hengbart avaient déjà été réunis dans le même club. Au tournant des années 2020, le cadet a dirigé son aîné à l’AJS Colleville Ouistreham puis à l’ESFC Falaise. "Cédric avait repris une licence de joueur pour me donner un coup de main quand il n’avait pas de match avec les U17 nationaux de Malherbe (où il officiait à l’époque en qualité d’adjoint de Matthieu Ballon)", rappelle l’ancien entraîneur du LC Bretteville-sur-Odon. Reconverti attaquant dans les championnats régionaux, l’ex-défenseur du SMC n’avait disputé qu’une poignée de rencontres ; la faute notamment à la crise sanitaire de la Covid-19 qui avait paralysé les compétitions de football comme bien d’autres pans de notre société. Plus récemment, à la tête de Blois (N2) pendant trois saisons (2022-2025), l’actuel coach de l’USAMSM avait sollicité son petit frère à distance. "De temps en temps, je demandais à Romain de regarder les matches de nos adversaires. Ils me donnaient son avis. Sur le recrutement aussi".

Des discussions familiales endiablées

"On se renvoie ch…, chacun va de son côté et au bout de dix minutes, c’est oublié"

Avant qu’ils ne se retrouvent à l’US Avranches cet été, Cédric et Romain n’avaient jamais envisagé concrètement de travailler ensemble, hormis lors de quelques discussions informelles sur un coin de table. La peur de se disputer ? "Non", assure l’aîné de la fratrie Hengbart qui comprend également le benjamin, Maxime (30 ans). "Ça nous arrive souvent durant des discussions en famille. On se renvoie ch…, chacun va de son côté et au bout de dix minutes, c’est oublié. On n’est pas rancunier. On ne se fâchera pas pour du foot". Il faut dire que dans le clan Hengbart, le ballon rond est un sujet qui déchaîne les passions. "On a deux personnes assez têtues", rapporte, dans un large sourire, l’adjoint des « Bleu et Blanc », en référence à son grand frère et à son père, Francis. "Quand on voit que la discussion n’a pas d’issue, avec Maxime, on lâche l’affaire mais eux, ils peuvent y rester des heures et des heures". "C’est vrai que parfois, ça monte en gamme et personne d’autre ne peut en placer une. « Pourquoi tu alignes tel joueur ? » « Mais c’est lui le meilleur ». En général, ça se finit avec « Tu n’y connais rien de toute façon »", se marre le n°1 de l’USAMSM.

Analyse de l’adversaire, appui sur la partie logistique, animation d’ateliers ciblés... Dans un staff réduit, Romain Hengbart est à la disposition de son frère "en fonction de ses besoins". ©Rémy Caraby / US Avranches

Leur première association dans un staff

"Pour entraîner la réserve, il était hors de question d’imposer quelqu’un"

Les deux « frangins » Hengbart ont donc franchi le pas dans le Sud-Manche. Une question d’opportunité. "Quand j’ai été nommé, Xavier (Gravelaine, le directeur sportif de l’USAMSM) m’a expliqué que le club cherchait un adjoint, capable aussi d’entraîner la R1. Il m’a demandé si je connaissais quelqu’un", rembobine Cédric. Forcément, à la lecture de la fiche de poste (un technicien régional, ayant déjà exercé à ce niveau et en qui il voue une confiance absolue), l’ex-formateur de Malherbe a immédiatement songé à son frère. "Par contre, pour coacher la réserve, il était hors de question que j’impose quelqu’un, même si je n’avais aucun doute sur sa capacité à mener ce projet. Romain a rencontré Xavier, il y avait d’autres candidatures, c’est un choix du club", insiste le patron du staff avranchinais.

Au départ, l’heureux élu n’y croyait pas vraiment, surtout qu’il était déjà engagé avec l’AS Tourlaville où il occupait depuis 12 mois un poste de responsable technique jeunes. "Je dirigeais également les U18 R2 et j’étais l’adjoint de Matthieu Travers sur l’équipe première (R2)", détaille Romain. "J’étais en CDI avec le club. On avait quasi-finalisé le projet pour la saison à venir. Alors devoir leur annoncer que je partais, seulement un an après mon arrivée, n’a pas été une décision facile. Mais les dirigeants de Tourlaville ont très bien compris qu’il m’était difficile de refuser cette proposition, autant d’un point de vue sportif que familial".

Les fonctions de Romain

"Déléguer, c’est encore compliqué"

Analyse de l’adversaire, appui sur la partie logistique, animation d’ateliers ciblés (coups de pied arrêtés, spécifique attaquant…)… Dans un staff réduit, que seul le préparateur athlétique Charles Ploquin complète, Romain fait office de touche-à-tout. "Je suis à disposition de Cédric en fonction de ses besoins du moment". Alors que son grand frère dispose d’un effectif limité en quantité, il lui arrive même de dépanner sur des exercices quand il manque un joueur. Et s’il n’a jamais évolué plus haut que le Régional 1 et affiche, fort logiquement, un niveau un ton en dessous physiquement, le cadet de la fratrie Hengbart "ne dénature pas sur le plan technique et dans la réflexion autour du jeu". "Romain respecte les consignes, il joue simple et comme par hasard, il ne perd pas un ballon", commente l’ancien entraîneur de Blois qui aimerait bien parfois que le reste de son groupe suive cet exemple. "Quand on est dans le bureau, on se dit que c’est quand même abusé que ce soit Romain qui applique parfaitement nos principes".

Pourtant, s’ils se connaissaient parfaitement bien en dehors des terrains, les deux « frangins » ont dû apprendre à parler le même football. "Il a fallu que chacun trouve sa place, ce qui n’est pas facile. Romain avait développé un fonctionnement différent. Il a dû comprendre le mien", consent Cédric, habitué à travailler seul, ou presque, depuis le début de sa carrière sur un banc. "J’ai mes habitudes, j’aime bien prendre les choses en main et déléguer, c’est encore compliqué pour moi". Toutefois, petit à petit, le jeune duo à la tête de l’US Avranches prend ses marques. Et cette aventure en Coupe de France, où les « Bleu et Blanc » défieront le Stade Brestois, pensionnaire de Ligue 1, en 32e de finale, représente une nouvelle étape dans leur apprentissage.

> Coupe de France. 32e de finale - US Avranches (N2) / Brest (L1), vendredi 19 décembre à 20 H 45 au Stade René-Fenouillère.

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Comme le nombre de séances auxquelles Romain Hengbart peut participer par semaine. A la demi-douzaine d'entraînements avec l'équipe première s'en ajoutent trois aux commandes de la réserve (les mardis, mercredis et vendredis soir) plus, bien sûr, les matchs le week-end. "Ça me fait des bonnes journées", plaisante l'adjoint de Cédric. "Je suis souvent le premier arrivé et le dernier parti", annonce le technicien qui a intégralement en charge la « B », pensionnaire de R1 : préparation du matériel, animation de la séance, gestion du groupe...

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