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Et si c'était enfin l'heure de l'Avranchinais Mehdi Boussaïd ?

Blessé à la cheville juste après la première journée, Mehdi Boussaïd pourrait signer sa première apparition à Fenouillère à l'occasion de la réception de Sète, ce vendredi. ©Damien Deslandes

Blessé à la cheville juste après la première journée, Mehdi Boussaïd pourrait signer sa première apparition à Fenouillère à l'occasion de la réception de Sète, ce vendredi. ©Damien Deslandes

Des parkings de Gerland où il donna ses premiers coups de pied dans un ballon jusqu'à la plaine de jeux de Saint-Martin-des-Champs où il répète aujourd'hui ses gammes, c'est peu dire que le Franco-algérien Mehdi Boussaïd a baroudé. En 20 ans de football, le milieu offensif de l'US Avranches a souvent flirté avec le haut niveau. En ce début d'année 2022, il n'en a jamais été aussi proche. "Le football, j'ai découvert cette passion avec mes amis quand j'avais six ans à Lyon", confie le joueur qui a soufflé sa 26e bougie voilà deux semaines, le jour de Noël. "Depuis, c'est tous les jours ballon, ballon, ballon... Personne ne m'a poussé là-dedans, mon père travaillait dans la rénovation, il avait un bon pied gauche mais il ne s'en servait pas pour jouer au foot (rires) !" C'est son affection immédiate pour ce sport qui l'a rapidement conduit à essayer d'en faire son métier. "Petit, je pensais devenir footballeur et dans ma vie, j'ai toujours fait avec les moyens du bord".

"Je voulais me ressourcer. À la base, le football doit être une passion et pas un mal de crâne"

Après avoir fait ses classes notamment au FC Gerland et à Cascol Oullins sans jamais fréquenter l'Olympique Lyonnais, Mehdi Boussaïd tente une première aventure hors de chez lui à l'AS Moulins. Concluante, celle-ci lui ouvre les portes d'un centre de formation, celui de Montpellier. "Je n'y suis resté qu'une saison, ça s'est bien passé mais en raison de problèmes d'agent, les choses sont devenues compliquées à l'heure de signer professionnel", explique le milieu de terrain. "Il faut de la réussite pour passer pro. Avec Rolland Courbis, qui dirigeait les pros, ça se passait pourtant bien, je m'entraînais avec l'équipe première mais j'ai quand même dû me résoudre à partir".

Direction alors l'Algérie pour sa seule et unique aventure à l'étranger, jusqu'à présent, sous les couleurs du RC Arbaa, pensionnaire de première division. "Je n'y suis resté que six mois mais c'était une belle expérience", se remémore le principal intéressé qui a alors vu les difficultés s'inviter une nouvelle fois dans l'équation. "J'ai dû revenir à cause d'un problème de papiers, on me demandait de passer amateur, c'était vraiment compliqué". À la surprise générale, Mehdi Boussaïd opère brièvement le choix du cœur et retourne en district à Gerland pour évoluer avec son frère jumeau, El Hedi, gardien de but. "Je voulais faire un peu le vide, me ressourcer. À la base, le football doit être une passion et pas un mal de crâne. On a passé de très bons moments pendant six mois. Je suis très proche de mon frère dans la vie, c'est grâce à lui aussi que j'en suis là. Quand je tapais le ballon, c'est lui qui faisait le gardien, je m'entraînais sur lui". De ce retour à Lyon suivront alors de nouvelles expériences au niveau national, toujours courtes, dans la réserve du Dijon FCO, au Puy Foot 43, à Saint-Priest, au RC Grasse puis à l'AS Cannes jusqu'à le conduire l'été dernier à l'US Avranches.

Un coup de cœur pour la méthode Reculeau

Le challenge proposé par le club manchois est aujourd'hui le défi le plus huppé qui ait été proposé à Mehdi Boussaïd dans sa carrière. Pour la première fois, le voilà confronté à la troisième division française, le championnat le plus relevé qu'il ait côtoyé. "C'est une découverte pour moi", admet-il sans se cacher. "Par rapport au N2, c'est plus athlétique je pense. Après, personnellement, dans les centres de formation, je me suis entraîné avec beaucoup de joueurs professionnels alors le niveau ne me perturbe pas trop". Jusqu'alors, le niveau en question, le Lyonnais de naissance n'a d'ailleurs pas trop pu le mesurer. Blessé à la cheville juste après la première journée, il n'a retrouvé les terrains que début décembre à Cholet (J15. 1-1, le 4 décembre 2021). "J'ai perdu trois mois à cause d'une fissure", peste-t-il. "Là, j'ai vraiment besoin d'enchaîner les matches pour retrouver toutes mes sensations. Je ne me suis pas fixé d'objectif précis pour la deuxième partie de saison, j'ai juste envie de ne pas rechuter et le reste viendra tout seul".

"Je suis un compétiteur. Je veux viser le plus haut possible. J'ai 26 ans et je n'ai pas du tout abandonné l'idée de devenir professionnel"

Le reste en question, c'est évidemment ce que peut apporter Mehdi Boussaïd à l'US Avranches : de la finesse technique au milieu de terrain comme du liant dans le jeu. L'entraîneur Fred Reculeau l'observait depuis de nombreuses saisons et affirme sans détours que le profil du Franco-algérien est idéal pour son projet collectif. Si le succès du mariage entre le joueur et l'USAMSM reste à prouver en 2022, l'ancien Montpelliérain ne regrette nullement son choix d'avoir répondu aux sirènes manchoises. "J'ai adhéré tout de suite et c'est la première fois que j'évolue avec un coach qui pue à ce point le football. C'est très très rare. C'est la première fois que je suis dans un club où quand j'arrive à l'entraînement, je sais que je vais m'amuser et prendre du plaisir".

Evidemment, la vie n'est pas qu'un long fleuve tranquille à Avranches et Fred Reculeau, malgré son incontestable amour du jeu, attend beaucoup de ses hommes au quotidien. Mais dans ce que certains interprètent comme de la dureté, Mehdi Boussaïd voit pour sa part une "exigence" bienvenue. "Il vaut mieux être exigeant que relâché. En tant qu'homme et en tant qu'entraîneur, il n'y a rien à dire, c'est un super coach", clame le milieu offensif. L'aventure normande peut-elle alors, à l'arrivée, permettre au milieu de terrain de marcher sur les pas de Victor Lobri, Moataz Zemzemi ou encore Azzedine Ounahi, tous devenus « pros » dernièrement après avoir évolué sous les ordres de Fred Reculeau ? "Je savais avant de venir que pas mal de joueurs passés ici sont aujourd'hui en Ligue 1 ou en Ligue 2", admet le joueur. "Je suis un compétiteur, je veux viser le plus haut possible bien sûr. J'ai 26 ans et je n'ai pas du tout abandonné l'idée de devenir professionnel. Si je n'y parviens pas, au moins, je n'aurai pas de regrets car j'aurai tout fait pour".

> N1. J19 - US Avranches (11e - 21 points) / FC Sète (12e - 20 points), vendredi 21 janvier à 19 h au Stade René-Fenouillère.

Une carrière jamais loin du monde professionnel

Talentueux, doté d'une belle technique et d'une belle vista, Mehdi Boussaïd est promis à un avenir chez les « pros » depuis de nombreuses saisons. À Montpellier, il n'était pas si loin de l'équipe première. "Lors de la saison 2014-2015, je me suis souvent entraîné avec des joueurs comme Lucas Barrios, Kévin Bérigaud, Karim Aït-Fana, Djamel Bakar, Abdelhamid El Kaoutari, Anthony Mounier, Bryan Dabo..." À Dijon, alors en Ligue 1, les séances avec l'équipe première furent aussi légion. "Là-bas, j'ai côtoyé Marvin Martin, Mehdi Abeid, Frédéric Sammaritano ou encore Cédric Varrault", se souvient l'Avranchinais.

Au gré de sa carrière, le milieu de 26 ans a évidemment attiré le regard de quelques clubs professionnels sans que les choses n'aboutissent toutefois. Par exemple, après un très bel exercice 2019-2020 finalement interrompu par la Covid-19, ses grosses performances en National 2 du côté de Grasse auraient pu lui ouvrir les portes de l'AC Ajaccio en Ligue 2. Mais encore une fois, faute de réussite et d'accord tripartite, les perspectives d'une découverte du monde professionnel se sont évaporées. Souhaitons au Franco-algérien que tout ça ne soit que partie remise. Pourquoi pas avec l'US Avranches ?

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