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La création d'une Ligue 3 est-elle envisageable ?

Cette saison, Quevilly-Rouen faisait partie des cinq clubs de N1, avec Bourg-en-Bresse, Béziers, le Red Star et le Gazélec Ajaccio, à disposer du statut professionnel. Les 13 autres dont l'US Avranches évoluaient sous pavillon amateur.

Cette saison, QRM faisait partie des cinq clubs de N1, avec Bourg-en-Bresse, Béziers, le Red Star et le Gazélec Ajaccio, à disposer du statut professionnel. Les 13 autres dont Avranches évoluaient sous pavillon amateur.

En ne stoppant pas définitivement le National 1 comme toutes les autres compétitions masculines dont elle a la gestion dès le 16 avril(1), la Fédération a reconnu, implicitement, le particularisme de ce championnat qui se trouve à la croisée des chemins. "Nous sommes plus proches des professionnels que des amateurs", souligne Michel Mallet, le président de Quevilly-Rouen. "A l'image des pros, on a de vraies contraintes mais sans les moyens financiers qui vont avec. Comme la Ligue 1 et la Ligue 2, on joue sur l'ensemble du territoire, avec des déplacements aux quatre coins du pays. Quand toutes les deux semaines, vous partez deux jours entiers en car pour un match, c'est difficile d'exercer un autre travail à côté". D'ailleurs, à ce niveau, tous les joueurs vivent de leur activité liée au ballon rond.

"Nous sommes plus proches des professionnels que des amateurs"

Une troisième division fondamentale dans la hiérarchie du football français. Les clubs de L1 n'hésitent plus à y prêter certains de leurs plus grands espoirs afin qu'ils s'y aguerrissent. Un championnat parfois aussi synonyme de seconde chance pour des joueurs et non des moindres. De nombreux internationaux français dont des champions du Monde 2018 ont lancé leur carrière à ce niveau : Franck Ribéry, Mathieu Valbuena, N'Golo Kanté…

Pourtant, son modèle économique est plus que précaire. Aujourd'hui, hormis un dédommagement de 50 000 € alloué par la FFF, les clubs de N1 ne perçoivent aucun droit TV (en plus d'une affiche télévisée sur les chaînes du groupe Canal +, toutes les rencontres sont retransmises sur internet). Avant la crise sanitaire, des discussions avaient été entamées avec la LFP. Objectif : obtenir un pourcentage sur le contrat noué avec Mediapro, 1,153 milliard d'euros par saison sur la période 2020-2024 pour diffuser la L1. On parle là d'un montant d'un million d'euros pour chacun des 18 pensionnaires de cette division. Selon certaines sources, les pourparlers étaient sur le point d'aboutir. Mais la pandémie de Covid-19 et ses conséquences économiques ont tout remis en cause.

Autoriser les réserves « pros » à monter en N1

Alors que le football professionnel s'apprête à décider de la répartition de ce « jackpot » (le 20 mai), des négociations ont repris, notamment sous l'impulsion de Gilbert Guérin, le président de l'US Avranches. Toutefois, pour certains dirigeants, l'avenir de ce championnat dépasse largement une simple question d'argent. "Pourquoi les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 accepteraient d'abandonner une partie de leurs droits TV ?", s'interroge Pierre Wantiez, le directeur général du HAC. Quelles contreparties peuvent proposer leurs homologues de N1 ? La promotion des réserves professionnelles à ce niveau (actuellement plafonnées en N2) en est une. "Dans la limite de trois", précise Gilbert Guérin. Cette modification du règlement serait synonyme, en quelque sorte, d'un retour aux sources.

"On ne peut pas prétendre vouloir être professionnel et derrière ne pas accepter les conditions pour l'être"

Jusqu'en 1993, les équipes « B » évoluaient en D3, l'ancêtre du National. "Quand j'étais joueur (sous le maillot de Luçon), j'ai affronté Nantes, Montpellier, Saint-Etienne. Il y avait un véritable engouement. Ça remplissait les stades", se souvient Fred Reculeau, l'entraîneur de la formation manchoise. Au-delà du sujet des réserves, les futurs pensionnaires d'une véritable L3 pourraient se voir imposer un cahier des charges avec une multitude de critères : infrastructures, staff technique(2), médical... "Comme pour nous, à partir de la Ligue 2, avec la licence club qui conditionne le versement des droits TV", suggère Pierre Wantiez.

Cette saison, cinq clubs bénéficiaient du statut « pro » : Bourg-en-Bresse, Béziers, le Red Star, le Gazélec Ajaccio et Quevilly-Rouen. Un statut que les équipes reléguées de L2 conservent pendant deux ans si elles ne remontent pas dans ce laps de temps. Sa perte est souvent vécue comme un traumatisme. Surtout pour celles disposant d'un centre de formation qui voient tous leurs jeunes espoirs s'envoler gratuitement. "S'ils respectaient le cahier des charges, on pourrait très bien imaginer que ces clubs le conservent au-delà de la période des deux saisons", propose comme solution intermédiaire Pierre Wantiez. Quoi qu'il en soit, cette obligation ne choque absolument pas Fred Reculeau. "On ne peut pas prétendre vouloir être professionnel et derrière ne pas accepter les conditions pour l'être". Reste à savoir si les pensionnaires de N1 en auront tous les moyens…

(1)Comme les championnats de L1-L2, le N1 a été définitivement arrêté le 28 avril suite au discours du Premier ministre Edouard Philippe sur le plan de déconfinement.

(2)Pour diriger une équipe de N1, les entraîneurs doivent déjà disposer du BEPF (Brevet d'Entraîneur Professionnel de Football) comme leurs homologues de L1 et de L2.

"Est-ce qu'on a le potentiel en France pour que 58 villes accueillent un club pro ?"

C'est l'une des interrogations de Pierre Wantiez, le directeur général du HAC, à propos de la création d'une Ligue 3. Des questions qui concernent également la formation. "Est-ce qu'il y a le potentiel pour avoir 58 centres de formation dans notre pays ? Car l'idée ce n'est pas de fabriquer des chômeurs".

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