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Les chemins de traverse des Avranchinais Mathis Lemeray et Bastien Launay

Alors qu'ils ne sont pas passés par un centre de formation d'un club professionnel, Mathis Lemeray et Bastien Launay ont tous les deux atteint le National, en attendant peut-être mieux demain.

Alors qu'ils ne sont pas passés par un centre de formation d'un club professionnel, Mathis Lemeray et Bastien Launay ont tous les deux atteint le National, en attendant peut-être mieux demain.

Dans la pépinière à talents avranchinaise, les grands de demain s’appellent peut-être Mathis Lemeray (20 ans) et Bastien Launay (22 ans). Tous les deux défenseurs, pas forcément destinés à arpenter les terrains du National, ces jeunes Normands ont en commun de n’avoir jamais fréquenté de centre de formation. "À l’époque, quand je jouais à l’US Alençon, je voyais certains de mes amis intégrer un centre alors forcément, j’y pensais moi aussi", confie Bastien Launay, une quarantaine de matches de N1 au compteur. Sauf que la possibilité de se rapprocher d’un club professionnel ne s’est jamais concrétisée pour le natif de L’Aigle. "Deux-trois représentants ont parlé avec mes parents, il y a eu des lettres envoyées à Alençon pour m’inviter à faire des essais mais au final, ça ne s’est jamais fait". Ces opportunités manquées, l’arrière manchois ne les regrette absolument pas aujourd’hui.

"Avec Littré, J’ai vécu des expériences de fou avec un mondial en République Tchèque et deux titres de champion de France"

Contrairement à une idée reçue, et même si de nombreux jeunes footballeurs ne jurent que par eux, les centres de formation ne constituent par l’unique voie vers le haut niveau. S’ils permettent aux joueurs âgés de 10 à 20 ans d’augmenter drastiquement leurs chances de devenir un jour professionnel, ils ne sont pas un gage absolu de réussite. Loin de là. "Quand j’étais adolescent, je n’avais pas de plan de carrière défini et je ne pensais jamais jouer un jour en National", admet Mathis Lemeray. "J’avais l’ambition de jouer le plus haut possible, d’être toujours en équipe première si possible. J’ai eu un contact avec le Stade Rennais mais c’est resté très vague, je n’ai d’ailleurs jamais vraiment rêvé de rejoindre un club professionnel".

Dans leur parcours, Bastien Launay et Mathis Lemeray partagent la particularité d’avoir été pensionnaires du lycée Emile-Littré à Avranches ; un établissement qui dispose d’une section football régionale depuis 1997 (la seule dans l’ex-Basse-Normandie). "J’y ai vécu des expériences de fou avec un championnat du monde en République Tchèque et deux titres de champion de France. Sans Littré, je n’en serais clairement pas là aujourd’hui", raconte le latéral droit. Si on rembobine le film encore plus loin, la vie de footballeur des deux défenseurs avranchinais a en fait basculé une première fois lorsque l’un et l’autre ont intégré des sections sport-études dès leur classe de 4e : Bastien Launay à Gacé dans l’Orne, Mathis Lemeray à Brécey dans la Manche.

Le rôle déterminant de la section foot du lycée Littré dans leur parcours

"Intégrer Littré est un peu plus simple lorsqu’on a déjà fait un sport-études", précise Jean-Noël Le Buzullier, responsable de la section avranchinaise depuis près de 22 ans ! "On connaît déjà les élèves, ils ont déjà une habitude de travail, ils savent s’entraîner avec un gros volume d’heures et sont déjà habitués à l’internat". S’impliquer très jeune dans le football a donc maximisé les chances des deux Normands de bénéficier d’une formation de qualité. D’ailleurs, peut-on considérer une section sportive comme celle de Littré comme un « mini » centre de formation ? "Je ne sais pas exactement comment fonctionnent les centres", expose celui qui dirige aussi les U19 nationaux de l’USAMSM. "Le lycée fait de gros efforts pour que les séances soient parfaitement intégrées aux emplois du temps scolaires. Maintenant, les centres ont pour objectif de former des footballeurs professionnels. Ce n’est pas notre cas". Depuis qu’elle a été lancée, la section sportive avranchinaise n’a vu aucun de ses pensionnaires devenir « pro ». Toutefois, outre Mathis Lemeray et Bastien Launay, elle a notamment permis à l’attaquant granvillais Jordan Blondel d’évoluer sereinement en National et en National 2.

"Pour l’anecdote, aucun de mes amis partis en centre de formation lorsque nous étions jeunes n’évolue actuellement au-dessus du N3"

"Sans Littré, je n’aurais jamais eu la possibilité de m’entraîner quatre fois par semaine, je ne serais clairement pas là où j’en suis", observe Mathis Lemeray, détenteur d’un BAC STMG. "Quand j’étais à Littré, j’ai rejoint l’US Avranches et petit à petit, j’ai intégré l’équipe de N3 puis le groupe National récemment. Ça m’a surpris quand j’ai été appelé pour démarrer à Villefranche la saison passée (fin avril)". S’il a connu quelques pépins physiques ces dernières semaines, le gamin de Montebourg a déjà participé à plusieurs journées de N1 lors de cet exercice 2021-2022. "Je vais essayer de disputer le plus de matches possibles à Avranches et comme quand j’étais jeune, je ne vais me mettre aucune limite, je suivrai mon chemin sans rien forcer. Vivre du foot, c’est déjà énorme".

Au cœur déjà de sa troisième saison en National, Bastien Launay se rappelle, lui, de l’époque où il avait 11-12 ans quand il espérait alors "devenir pro". Aujourd’hui, il n’en est plus si loin même s’il n’a jamais été dans le giron d’une écurie professionnelle. "Quand j’étais jeune, je me disais : « Pourquoi pas moi ? » Mais je ne me suis jamais mis en tête qu’il fallait à tout prix rejoindre un centre. J’ai toujours visualisé un parcours à la N’Golo Kanté qui a gravi les échelons petit à petit sans passer par un club professionnel étant jeune". À bientôt 23 ans, l’arrière manchois est d’ailleurs bien placé pour savoir qu’un passage par un centre de formation n’est pas une fin en soi. "Pour l’anecdote, aucun de mes amis partis en centre de formation lorsque nous étions jeunes n’évolue actuellement au-dessus du National 3. Je me dis que j’ai bien fait de ne pas m’arrêter à ça". S’ils ont le regard aiguisé et un vrai talent de détection, les recruteurs français ne peuvent pas tout voir. Il appartient donc à chacun de suivre sa route sans perdre sa passion de vue. Comme ce fut le cas pour N’Golo Kanté, Eric Carrière ou Adil Rami, le talent finit toujours par trouver son chemin.

> N1. J16 - Saint-Brieuc (14e - 14 points) / US Avranches (9e - 21 points), vendredi 10 décembre à 19 heures au Stade Fred-Aubert.

14/23

La proportion de joueurs évoluant actuellement à l’US Avranches ayant passé au moins une saison dans un centre de formation. C’est notamment le cas de Pierre Magnon (Brest), Harold Voyer (PSG) ou encore David Pollet (Lens). A contrario, Reda Lamrabette, Jordan Kassa ou le gardien Brice Cognard sont arrivés en National en gravissant les échelons du monde amateur.

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