L'US GRANVILLE NE VEUT PAS GÂCHER CETTE DEUXIÈME CHANCE

Le contexte

Avec une grosse pensée pour le président Benjamin Bahu

Le football paraît bien dérisoire en comparaison à certains événements de la vie. L'US Granville, en deuil, est en train d'en faire la douloureuse expérience après le décès de l'épouse du président Benjamin Bahu la semaine dernière*. C'est dans ce triste contexte que le club du Sud-Manche s'apprête à entamer une dixième saison consécutive en N2 avec la réception du promu Chauray, samedi, à Louis-Dior. Il s'en est fallu de peu pour que cette série s'interrompe. Reléguée sportivement au mois de mai, l'équipe de Mathias Jouan a été officiellement repêchée à la mi-juillet, bénéficiant des déboires financiers de nombre de ses concurrents dans cette division (Marignane, Balagne, Bergerac...). Alors qu'ils sont parfaitement conscients que le couperet n'est pas passé loin, pas question pour les Maritimes de galvauder cette deuxième chance. Malgré le renouvellement très (trop) important de l'effectif, contraint et forcé (14 arrivées, 16 départs), la mayonnaise semble prendre assez rapidement. "Durant la prépa, j'avais demandé aux gars de gagner un maximum de matchs", indique l'entraîneur normand. "Je voulais des compétiteurs dès le départ". Avec un bilan de trois victoires pour deux nuls, la mission est à moitié accomplie. Surtout, pour éviter que son collectif se retrouve dans une situation identique par rapport à l'exercice précédent, le technicien fraîchement diplômé du DES entend s'appuyer sur la recette qui lui a permis de redresser la barre sur la phase retour (23 points engrangés sur 45 possibles).

"On sait comment on a réussi à transmettre des messages auprès du groupe", lance, en préambule, Mathias Jouan. "On a été beaucoup plus derrière les joueurs pendant les entraînements. On les a incités à s'investir davantage. On les a poussés au maximum de leurs capacités". A l'aide de nouveaux GPS, nettement plus précis dans les données fournies, le staff granvillais surveille le volume de courses de chaque membre de l'effectif lors de toutes les séances. Et gare à ceux qui resquillent. "Pour ceux qui ne font pas assez d'efforts sur les entraînements, ils ont le droit à du rab directement après les séances". Le mot d'ordre est simple : courir, courir et encore courir. "Le but n'est pas de les pénaliser, mais on a été récompensé avec cette méthode". Pour valider cette philosophie, le coach manchois peut compter sur le vécu de la poignée de rescapés de l'année dernière (Théo Emmanuelli, Sacha Lemarié, Kenny Herbin...). "Il y a des garçons à l'intérieur du groupe qui savent que quand on est peu trop léger dans ce qu'on met en place quotidiennement, on n'obtient pas de résultats". Au moins, Sofiane Hamard et ses partenaires sont prévenus.

*La rédaction de Foot Normand adresse ses sincères condoléances au président Benjamin Bahu et à toute sa famille.

Mercato show

Une mayonnaise à rapidement faire prendre

Avec 14 arrivées pour 16 départs, l'US Granville a de nouveau profondément renouvelé son groupe qui comprend 22 unités. "On aurait aimé plus de stabilité mais avec ce repêchage tardif (à la mi-juillet), on a perdu beaucoup de joueurs", rappelle Mathias Jouan pour qui, toutefois, la situation n'est pas comparable avec la saison précédente. Au cours d'une phase aller pour le moins compliquée, l'Etat-major du club manchois avait dû procéder à plusieurs ajustements avec notamment la fin anticipée de l'aventure pour quelques éléments. "On n'est jamais à l'abri de rien mais on a bien travaillé en amont pour avoir un effectif conséquent et une équipe compétitive. On tourne à 20 joueurs à l'entraînement contre 15 maximum il y a un an à pareille époque", détaille le technicien, sachant que Franck Mefouma (déchirure) et le dernier renfort, l'excentré Kylian Sylvestre (alerte musculaire) sont actuellement indisponibles. Ils ne figureront d'ailleurs pas sur la feuille de match, ce samedi, pour la réception du FC Chauray, novice à ce niveau. Surtout, ce qui rassure le coach normand, ce sont les premiers signes de solidité de sa défense avec l'apport de garçons comme Diakari Diarra, Mathis Lemeray ou encore Pierrick Mouniama.

Reste à faire prendre la mayonnaise. "Ça s'est mis en place assez rapidement. Nos recrues donnent entière satisfaction. Elles ont vite adhéré à notre projet. Certaines tirent déjà leur épingle du jeu. On a gagné du temps. C'est très positif", se félicite Mathias Jouan qui n'oublie pas les jeunes pousses locales, appelées à défendre les couleurs de la réserve, promue en R1. "Bien sûr, ces joueurs possèdent une marge de progression mais ils affichent beaucoup d'intérêt à venir s'entraîner". Maintenant, la préparation est une chose, la compétition, une tout autre. "Il n'y a que les résultats en championnat qui compteront", prévient le finaliste de la Coupe de France 2012 avec l'US Quevilly, citant l'exemple de Dinan, croisé durant l'été. "Il y a un an, cette équipe n'avait pas gagné un match amical et pourtant, quand le championnat a démarré, elle a rapidement enchaîné avec des victoires". Une jolie source d'inspiration pour l'USG.

Un joueur à suivre

Pierrick Mouniama va revenir à ses premières amours

On l'avait quitté en 2022 alors qu'il venait de découvrir le N2 avec la réserve du Stade Malherbe, son club formateur, on le retrouve trois ans plus en tant que joueur aguerri à ce niveau après autant de saisons pleines à Blois. "J'ai pratiquement disputé tous les matchs (80 en championnat sur 90 possibles). Le coach Hengbart (désormais à l'US Avranches) m'a énormément apporté dans ma progression", ne manque pas de souligner Pierrick Mouniama (24 ans). Si durant son cursus à Caen, il a principalement évolué au milieu de terrain, le Réunionnais débarque dans la Manche avec un solide CV d'arrière central ; un rôle qu'il a découvert pendant ses six derniers mois sous le maillot « Rouge et Bleu », afin de pallier une pénurie à ce poste (prêt de Jason Ngouabi, blessure de Vladislav Molchan...). "Je n'y avais jamais joué auparavant, mais je m'y suis très vite habitué. Le fait d'être monté avec les pros pour m'entraîner y a contribué". A Blois, le néo-Granvillais a changé de statut. "Derrière, je m'affirme comme un patron. Si je suis plutôt réservé dans la vie de tous les jours, sur le terrain, je parle beaucoup. Je ne suis vraiment pas la même personne (sourire)".

Un leadership que Pierrick Mouniama va mettre au service de l'USG... dans le coeur du jeu ! Au moins, pour le début du championnat. La formule a été testée sur les trois derniers rendez-vous de la préparation, face au SU Dives-Cabourg (N3, 1-0), Dinan (N2, 1-0) et le TA Rennes (R1, 1-1). Sofiane Hamard suspendu les cinq premières journées, la recrue Fulgency Kimbembé en retard physiquement après avoir été diminué par un virus à son arrivée, Mathis Jouan est en quête du bon équilibre dans ce secteur de jeu. "Quand on a affronté le Stade Malherbe (la « B ») cet été, on a discuté avec le staff, avec Romain Leroux (l'entraîneur), ils m'ont rappelé que Pierrick avait été formé au milieu. Ça nous a confortés dans l'idée qu'on avait déjà. Ça nous offre une solution supplémentaire. C'est positif pour un club tel que le nôtre d'avoir des joueurs capables de jouer un peu partout", se réjouit le technicien normand pour qui son nouveau n°2 dispose des atouts pour briller un cran plus haut. "Que ce soit derrière ou au milieu, Pierrick peut amener sa qualité technique et son sens du jeu". Premier aperçu ce samedi, contre le promu chauraisien.

> N2. J1 - US Granville / Chauray, samedi 16 août à 18 heures au Stade Louis-Dior.