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Réforme des championnats de N2-N3 : les clubs normands au défi du maintien

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76. A l’horizon 2025, c’est le nombre de clubs en moins qui évolueront au niveau national, de la Ligue 1* au N3. Cinq ans après la création du N3 sous sa forme actuelle (12 groupes de 14 équipes), conséquence indirecte de la réforme territoriale et de la fusion des Régions (la Basse et la Haute Normandie chez nous), la Fédération française - après y avoir planché pendant plusieurs mois et consulté à tout-va - a adopté une refonte de ses compétitions lors de son assemblée générale, le 18 juin. Le principe : réduire le championnat de N2 de quatre poules à trois, avec toujours 16 équipes dans chacune d’entre elles. Le N3, lui, ne comprendra plus que huit groupes de 14 formations contre 12 aujourd’hui (voir graphique en illustration). Et encore, la FFF avait également étudié un scénario avec seulement six poules !

"J’ai l’impression que cette mesure a été prise de manière unilatérale. En tout cas, on ne m’a pas demandé mon avis", Benjamin Bahu, président de l'us granville

L’une des principales raisons de cette cure d’amaigrissement drastique renvoie à la diminution du niveau de jeu de ce cinquième échelon provoquée par l’augmentation du nombre de clubs fréquentant cette division. Avec uniquement des représentants d’une même région dans les groupes, le N3, actuellement, est plus régulièrement comparé à une super R1 qu’à l’équivalent du CFA2, son prédécesseur, à l’époque. Mais comme souvent, derrière chaque grande décision dans le monde du ballon rond se cache un motif économique. Alors que les collectivités territoriales rechignent à accorder des subventions aux pensionnaires de ce championnat, argumentant qu’il s’agit d’une compétition régionale et non nationale comme son appellation peut le laisser supposer, la Fédération - qui rembourse notamment les frais kilométriques de toutes les équipes engagées et délivre une licence club d’un montant de 8 000 € maximum - n’a plus les moyens de financer tout ce petit monde.

Forcément, pour les principaux concernés, les conséquences à venir sont loin d’être négligeables. C’est bien simple, si cette réforme, avec dans un premier temps cinq descentes par groupe dans les deux championnats, avait été mis en place dès cette saison, la réserve du Stade Malherbe aurait été reléguée de N2, Granville serait passé tout près de la correctionnelle et la Normandie aurait perdu un tiers de son contingent en N3. Mis devant le fait accompli par son organisme de tutelle, certains acteurs locaux regrettent le manque de concertation. "J’ai l’impression que cette mesure a été prise de manière unilatérale. En tout cas, on ne m’a pas demandé mon avis", déplore Benjamin Bahu, le président de l’US Granville. "Bien sûr, j’entends les arguments sportifs et économiques, et même si cette réforme est lissée sur trois ans, je la trouve assez brutale".

En N3, le retour des matches contre les clubs des régions limitrophes

En N3, les changements seront beaucoup plus importants avec le retour des confrontations contre les représentants des régions limitrophes. Une perspective qui n’effraie pas Philippe Clément, le coach du SU Dives-Cabourg. Bien au contraire. "Mes meilleurs souvenirs, je les ai eus en déplacement dans les Pays de la Loire pour affronter Nantes, en Bretagne face à Brest et Guingamp, dans le Nord contre Calais et Wasquehal", énumère le technicien divais dont l’équipe avait également ferraillé avec des clubs rhônalpins, auvergnats et corses lors de la mémorable saison 2016-2017. "Quand tu joues à ce niveau, moi qui ai connu la D4 et le CFA2, ce que tu aimes, c’est voyager dans les régions, découvrir des clubs, des nouveaux complexes, d’autres joueurs, d’autres coachs, des styles de jeu différents… C’est enrichissant".

"Pour se maintenir, il faudra jouer la montée !, Philippe Clément, coach du SU Dives-cabourg"

Toutefois, qu’ils se présentent sur la ligne de départ du N2 ou du N3, les acteurs du football normand s’accordent sur une chose : la bataille pour le maintien promet de faire rage sur le prochain exercice. "Avec cinq voire six descentes, potentiellement, tout le monde est concerné", pointe Maxime d’Ornano, l’entraîneur du FC Rouen. "Il faut prendre cette nouvelle donne très au sérieux. Le championnat qui se profile sera rude, il risque d’être dangereux", met en garde Patrick Coquelet, le président du FC Dieppe.

Pour "faire partie du bon wagon", Benjamin Bahu prévient : "Il faudra être prêt dès le début du championnat. Il n’y aura pas le temps pour une période d’acclimatation ou de transition". Autant dire que l’US Granville a mieux fait de changer de président et de coach à l’été 2021 que cette année. En N3, Philippe Clément, lui, résume bien le sentiment animant de nombreuses « écuries » : "Pour se maintenir, il faudra jouer la montée !" Son de cloche identique chez Patrick Coquelet : "Pour ne pas se retrouver piégé dans la deuxième partie de tableau, il faudra jouer les premiers rôles". Afin de mettre toutes leurs chances de leur côté, de nombreux clubs se sont montrés actifs durant le mercato. Néanmoins, pas question de faire de folies. Aussi dur soit-il à obtenir à l’avenir, le maintien en N2 et en N3 ne justifie pas de mettre en danger son club.

*Lors des deux prochaines saisons, la Ligue 1, en 2023, puis la Ligue 2, en 2024, passeront de 20 à 18 clubs.

Le Prénational : un projet mort-né

Pour compenser les nombreuses descentes à venir de clubs évoluant à l’échelon national dans les rangs régionaux, la création d’un championnat prénational, qui se serait situé entre le R1 et le N3, a été étudié un temps par la Ligue de Normandie. Mais ce projet a été rapidement abandonné. Toutefois, cette réforme des championnats ne sera pas sans impact sur les compétitions régionales. S’il y aura encore trois montées de R1 en N3 la saison prochaine, il ne devrait plus y en avoir qu’une seule lors des deux exercices suivants, en 2023-2024 et en 2024-2025.

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