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Au FC Rouen, un maître-mot : sérénité

Les « Diablotins » tenteront de créer l'exploit contre leurs homologues du Stade Malherbe. ©Bernard Morvan/FC Rouen 1899

Entre les supporters du FC Rouen et la direction, la fracture semble profonde. Au cœur des dissensions, la gestion financière du club rouennais.

Maxime d'Ornano, symbole de cet état d'esprit

Au FC Rouen, on a coutume d’entendre que la vie ne ressemble en rien à un long fleuve tranquille. Pourtant, s’il est vrai que les derniers mois ont été mouvementés, à tous les niveaux (sportifs, financiers, supporters…), c’est un sentiment presque nouveau qui a accompagné la rentrée des classes de Mustapha Benzia et de ses coéquipiers, mi-juillet. "Je ressens beaucoup de sérénité", se félicite Charles Maarek. Le président des « Diables Rouges » espère que cette quiétude se prolongera tout au long de la saison. "C’est ce qui doit nous animer. Si on veut que le FCR retrouve la place qui est la sienne, les gens doivent apprendre à être un peu patient. Je suis sûr qu’en travaillant ainsi, le club a de belles heures devant lui. Soyons humbles et rappelons-nous que rien n’est plus important que l’institution".

"Maxime (D'Ornano) garde toujours un certain équilibre, il ne s'affole pas, il est posé"

Un homme symbolise cet état d’esprit : Maxime d’Ornano. "C’est la personne dont le FC Rouen a besoin, un véritable bâtisseur", souligne l’actionnaire majoritaire du FCR qui a visé juste cet hiver en engageant ce technicien. Il faut dire que depuis qu’il a posé ses valises en Normandie, l’ex-entraîneur de Saint-Brieuc a métamorphosé le visage des « Diables Rouges ». Restant sur 11 journées sans défaite en clôture de l’exercice précédent, les partenaires de Clément Bassin sont partis en vacances avec le deuxième meilleur bilan de la phase retour, à trois « petites » longueurs de l’ogre versaillais, promu en National et demi-finaliste de la Coupe de France.

"Maxime garde toujours un certain équilibre qu’il transmet aux joueurs, il ne grimpe pas dans les tours inutilement, il n’est pas au quatrième sous-sol dès qu’on perd un match. Il ne s’affole pas, il est posé tout en sachant faire les choix qui s’imposent", décrit Charles Maarek qui n’a pas hésité à prolonger son coach jusqu’en 2024 quelques mois seulement après son arrivée. Avec Maxime d’Ornano à la barre, le FCR a misé, cette nouvelle saison, sur la continuité pour son effectif en reconduisant sa colonne vertébrale. "Il faut arrêter avec la révolution", prévient le président rouennais. "Notre premier mercato, c’est d’avoir conservé les joueurs qu’on voulait (Sofyane Bouzamoucha, Omar Berrezkami, Abdeljalil Sahloune pour ne citer qu’eux) dont les jeunes que nous avons intégrés (Antoine Bernasque, Adil Hitouss). Derrière, on a recruté des garçons qui, je pense, représentent une vraie valeur ajoutée pour l’équipe (lire encadré ci-dessous). Vous savez, un projet, ça se construit sur le long terme".

Après le décès de Maximilien de Wailly, une réorganisation du capital

La saison dernière, le FCR a eu l’immense tristesse de perdre Maximilien de Wailly (56 ans), décédé des suites d’une crise cardiaque au mois de mars. Actionnaire du club rouennais depuis plusieurs années, il en occupait la présidence depuis l’été précédent. Une tragique disparition qui a nécessité une réorganisation interne. "Je vais racheter les parts de Maximilien et me retrouver avec 83% du capital d’ici courant septembre", indique Charles Maarek qui a succédé à son ami à la tête des « Diables Rouges ». Egalement actionnaire, Bruno Crouin a, lui, été nommé directeur général. A noter que les trois enfants de Maximilien de Wailly garderont chacun une action. "C’est très important qu’à travers ses enfants, Maximilien soit toujours à nos côtés".

Une réconciliation avec les supporters

Avec ces nombreux voyants au vert, les « Diables Rouges » peuvent légitimement se montrer ambitieux sur la ligne de départ du championnat qui démarre ce samedi même si leur campagne de matches de préparation a pu altérer leur capital confiance (une victoire pour quatre défaites dont deux contre des écuries de N1, Avranches et Saint-Brieuc). "Quand on a fini quatrième la saison d’avant, on sait tous à quoi on aspire. Devant nous, Versailles (1er) est en N1, la réserve de Lorient (2e) n’est plus dans notre poule et Chartres (3e) me semble un peu moins fort…  Je ne vais pas vous faire un dessin. De toute façon, le FCR n’a rien à faire à ce niveau", martèle Charles Maarek qui a le mot « montée » sur le bout des lèvres sans jamais le prononcer. "Ça ne sert à rien d’afficher un objectif pour mettre une pression inutile". Le président normand a visiblement retenu la leçon des exercices passés. "Je n’ai pas envie qu’on parle de montée dès qu’on gagne un match et à l’inverse, qu’on nous traite de branquignols dès qu’on en perd un. Il faut raison garder". Avec Beauvais, la « B » de Rennes et Blois au programme des trois premières journées, Clément Bassin et les siens seront assez rapidement fixés sur leur potentiel.

"C'est comme au tour de France. Quant à 60 km de l'arrivée, vous avez 20 secondes de retard, l'étape n'est pas terminée"

Pour truster le Top 5 d’août à juin ; une ambition qui paraît tout à fait raisonnable au regard de la qualité du groupe de Maxime d’Ornano, le FCR bénéficiera du soutien de Diochon ; ce qui n’a pas toujours été le cas la saison dernière. Alors qu’une relation « Je t’aime, moi non plus », s’était instaurée entre la direction et certains supporters rouennais, principalement les Rouen Fans, là aussi, le climat semble s’être apaisé. Chaque camp ayant la volonté de tourner la page pour repartir sur des bases saines. "Avec ce public, on peut renverser des montagnes", prédit l’actionnaire principal. "Quand on parle de 12e homme, l’expression prend tout son sens. C’est hors norme pour un club de N2".

Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, le FCR a franchi quasi sans encombre l’obstacle de la DNCG. Bon, le prévisionnel ayant été dépassé, il a tout de même fallu trouver des partenaires et des mécènes supplémentaires pour présenter un budget à l’équilibre devant le gendarme financier du football français ; l’option de l’augmentation de capital, privilégiée initialement par l’Etat-major rouennais, ayant été refusée par la Fédération des Culs Rouges (association de supporters également actionnaire). "Il n’y avait pas de trou financier", précise Charles Maarek qui a, lui aussi, remis personnellement la main au portefeuille. "C’est comme au Tour de France. Quant à 60 km de l’arrivée, vous avez 20 secondes de retard, l’étape n’est pas terminée. S’il y avait dû y avoir un trou, ça aurait été au 30 juin (date de clôture de l’exercice comptable), pas avant. Là, on nous a juste mis en alerte qu’il pourrait y en avoir un. On s’est battu pour apporter des solutions". Pour la saison prochaine*, le transfert de Mondy Prunier à Versailles (on évoque une indemnité supérieure à 100 000 € pour l'attaquant haïtien qui se trouvait sous contrat jusqu'en 2023) devrait mettre un peu de beurre dans les épinards.

*Pour cette saison 2022-2023, le budget du FCR devrait tourner autour d’1,5 M€, hors parcours en Coupe de France.

> N2. J1 - FC Rouen / Beauvais, samedi 20 août à 18 heures au Stade Robert-Diochon.

Le mercato du FC Rouen

> Arrivées : Franck Betra (Lusitanos Saint-Maur, N2), Zana Allée (Saint-Brieuc, N1), Laye Diayte (Vire, N3), Mathieu Mion (Lorient « B », N2), Mathéo Crocq (Guipry-Messac, N3), Christopher Ibayi (Versailles, N2), Sofyane Bouzamoucha (Orléans, N1, td).

Départs : Mondy Prunier (Versailles, N1), Abdelali Ouadah (Oissel, N3), Christian Bella, Djibi Banor (Poissy, N2), Baïdy Sall (Pontarlier, N3), Yannis Dogo, Ludovic Gamboa.

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