Depuis le début de saison – et même depuis la fin du dernier championnat de National – c'est nul autre qu'Axel Temperton qui fait office de dernier rempart dans les cages du FC Rouen. En 2019, dans un passé pas si lointain donc, le portier aujourd'hui âgé de 27 défendait pourtant encore fièrement les cages du Mesnil-Esnard... en Régional 2. "Je suis arrivé au Mesnil-Esnard parce que QRM où j'évoluais me proposait de rester en réserve, mais ils m'avaient fait comprendre que c'était plutôt le numéro 3 de la Ligue 2 qui jouerait", rembobine le principal intéressé. À 19 ans, s'il n'avait alors pas spécialement tiré un trait sur le haut niveau, l'attrait du jeu et le simple fait de pratiquer sa discipline favorite lui importaient plus que le reste. "Moi je voulais du temps de jeu, je voulais jouer, je voulais prendre du plaisir, donc je suis parti faire ma première saison avec Gilles Loemba et en parallèle, j'étais à la fac de Rouen".
Ce choix qui, en apparence, a nettement éloigné Axel Temperton du plus haut niveau, fait en fait partie des décisions les plus avisées prises par ce Rouennais pure souche. Après avoir découvert le football au... FC Rouen, poursuivi son apprentissage au Grand-Quevilly et fini par rejoindre Quevilly - Rouen métropole, le portier a donc fait les beaux jours de l'USMEF et rencontré des personnes qui ont beaucoup compté pour son parcours. "À la fin de la première saison, il y a eu l'arrivée de Mehdi Ben Zdira [sur le banc] et je pense que c'est là où ça a vraiment commencé. C'est le début de tout parce que Mehdi, ça a été quelqu'un de très important dans mon parcours c'est un mentor, un deuxième papa... il a fait énormément pour moi".
"Quand Oissel se présente, ça ne se refuse pas. Tu passes en N3, dans une autre dimension, dans un club qui a connu la N2"
Axel Temperton
Sous la direction du technicien normand, ancien joueur du FCR, Axel Temperton a franchi un cap lors de sa deuxième saison en sénior et même connu la montée en Régional 1. Si le Covid-19 est venu freiner l'ascension de l'USMEF, la pandémie n'a toutefois pas eu raison de la croissance du gardien normand qui a rapidement été sollicité par quelques écuries normandes, d'ex-Haute comme d'ex-Basse, et son choix s'est finalement porté sur le CMS Oissel, alors pensionnaire de National 3. "Quand Oissel se présente, ça ne se refuse pas", détaille Axel Temperton. "Tu passes en N3, dans une autre dimension, dans un club qui a connu la N2. Et puis j'ai senti un grand intérêt aussi de leur part de m'inclure dans le projet du club. En plus, au bout d'un mois ou deux mois, ils m'ont même trouvé un travail [....] du coup j'étais médiateur sur la ville de Oissel". Si le club de la couronne rouennaise a connu des hauts et des bas, que ce soit sous les ordres de Romain Djoubri ou de Dramane Dillain, Axel Temperton n'a jamais vraiment déçu et cultivé une vraie de constance dans ses performances.
Février 2025, l'appel qui change tout
La bascule pour l'ancien du GQFC a finalement eu lieu l'hiver dernier en raison d'un concours de circonstances. Le gardien titulaire du FC Rouen Axel Maraval s'étant blessé pour de longs mois (rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche), le club rouennais s'est mis en quête d'un renfort et c'est là qu'Abdel Majide Ouahbi, aussi surnommé « Bigide », l'a contacté fin février. "Bigide m'a appelé pour me dire qu'il avait une mauvaise nouvelle, pour Oissel, et une bonne : Rouen souhaitait me recruter", expose Axel Temperton. "C'est Mathieu Lacaille (l'entraîneur des gardiens) qui a proposé à Régis Brouard de me prendre. En fait, il leur fallait quelqu'un de disponible, prêt tout de suite, qui connaît l'environnement de la région et surtout du club de Rouen. Il ne fallait pas qu'il y ait de perte de temps, pas de déménagement". Le gardien du CMS Oissel, bien que contraint de laisser ses partenaires en plein milieu d'une saison pleine de succès en N3, n'a évidemment pas laissé passer sa chance de remonter dans le train du haut niveau, huit ans après avoir quitté QRM.
"Neuf ans en arrière, je commençais dans le monde sénior en R2 et puis là, je me retrouve en National"
Axel Temperton
De retour dans son premier club, Axel Temperton s'est d'abord engagé pour finir la saison et a évolué dans l'ombre de Lucas Royes avant de voir sa chance venir lors des trois derniers matches de la saison, trois matches au cours desquelles le FCR n'a pas perdu. "Depuis tout petit, mon rêve, c'était de jouer au foot, de vivre du foot. Quand ça se présente à moi, je ne peux pas refuser, même pour 3-4 mois, j'y vais". Pour le gardien de Rouen, l'aventure ne s'est toutefois pas résumée à une brève fin de saison puisque le club, séduit par son intégration express et ses qualités tant sportives que morales, a choisi de lui offrir une prolongation. Et cerise sur le gâteau : c'est lui qui garde les cages du FCR depuis le début de la saison en National, un championnat où, avant de se déplacer vendredi à Valenciennes, il n'a jamais connu la défaite en six rencontres.
Si le football n'est jamais une science exacte et que tout peut vite basculer, Axel Temperton mesure pleinement la chance qui est la sienne depuis plusieurs semaines. "Neuf ans en arrière, je commençais dans le monde sénior en R2 et puis là, je me retrouve en National", savoure le portier. "Jusqu'où ça ira ? Je ne sais pas, mais en tout cas, je profite du moment présent sans pour autant prendre ça comme une finalité. Je vise toujours plus haut, je prends ça comme une étape qu'il faut franchir". Celui qui a découvert le football via son père Yannick, par ailleurs d'origine anglaise (ce qui signifie que Temperton se prononce « Thème-Père-Tonne »), a connu une trajectoire tout sauf linéaire, mais son histoire nous enseigne clairement qu'il ne faut jamais renoncer. L'objectif pour le gardien des « Diables Rouges » est désormais de ne plus jamais reculer. "Quand on goûte à quelque chose, on n'a plus envie de lâcher, on a envie de continuer et d'avoir encore plus", conclut Axel Temperton. "Et en plus, moi, je suis de la ville, je suis d'ici. Je me retrouve titulaire dans le club de la région. Forcément qu'il y a une grande, grande part de fierté".
> N1. J4 - Valenciennes FC (9e - 4 points) / FC Rouen (4e - 5 points), vendredi 29 août à 19 H 30 au Stade du Hainaut.