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Du FC Rouen à la Coupe du Monde avec l'Irak ? Tous les rêves sont permis pour Ahmad Allée

Ahmad Allée, ici à l'entraînement au Qatar avec la sélection irakienne, a franchi un vrai cap dans sa carrière en rejoignant le FC Rouen l'été dernier. ©Iraq Football Association

Ahmad Allée, ici à l'entraînement au Qatar avec la sélection irakienne, a franchi un vrai cap dans sa carrière en rejoignant le FC Rouen l'été dernier. ©Iraq Football Association

Au sein de l'effectif du FC Rouen, les frères Allée ne sont pas les plus expansifs, mais assurément très précieux lorsqu'ils sont alignés sur le terrain. L'aîné Zana était de l'aventure en National 2 la saison dernière et a connu la joie vibrante de la promotion en National. Le plus jeune Ahmad n'a rejoint le navire rouennais qu'en début de saison après une expérience frustrante avec l'US Orléans en National, mais c'est peu dire que les supporters du FCR ont, depuis, eu l'occasion de découvrir un footballeur besogneux et juste dans la distribution du jeu. "Je n'ai pas beaucoup joué à Orléans, ce n'était pas une très bonne saison et j'ai décidé de venir ici", confie le joueur. "Depuis, ça se passe bien, j'ai la confiance du coach [Maxime d'Ornano, qu'il a connu au Stade Briochin]".

À l'été 2022, quand il a décidé de quitter son cocon de Saint-Brieuc pour le Loiret, le joueur avait un objectif bien précis en tête. Né en Irak à Duhoq quoi que rapidement arrivé en France, d'abord à Albi puis en Bretagne, le milieu de terrain n'a jamais coupé avec ses racines irakiennes. Signer à Orléans, qui plus est un premier contrat professionnel, devait ainsi lui permettre de mieux figurer sur les radars de la sélection irakienne. "Quand j'ai eu le contrat pro à Orléans, je me suis dit que ça m'ouvrirait peut-être aussi des portes. À Saint-Brieuc, j'étais amateur et je me suis dit qu'Orléans me donnerait plus de visibilité, mais ça n'a pas été le cas".

"Avec un entraîneur européen, peut-être qu'ils ont voulu changer et regarder plus vers l'Europe justement"

Ahmad Allée

Finalement, deux facteurs sont venus changer la donne dans la carrière du cadet des frères Allée. Il y a bien sûr le superbe départ du FCR en National, mais c'est surtout la nomination de l'Espagnol Jesús Casas à la tête de la sélection irakienne qui a pesé, quand bien même cette dernière est intervenue dès l'automne 2022. "Le changement de sélectionneur a sûrement fait qu'ils regardaient un peu plus en Europe qu'avant. Avec un coach irakien, je pense qu'ils se focalisaient plus sur les joueurs du pays et des alentours", estime Ahmad Allée. "Avec un entraîneur européen, peut-être qu'ils ont voulu changer et regarder plus vers l'Europe justement et voilà, ça s'est fait comme ça". Lors de la fenêtre internationale d'octobre 2023, le milieu de terrain a ainsi eu le bonheur de recevoir sa toute première convocation avec l'Irak, lui qui avait connu l'équipe de France U-18 plus jeune. Une vraie consécration personnelle.

La Coupe d'Asie avant la Coupe du Monde ?

Le Rouennais a ainsi disputé ses premières minutes avec sa sélection en amical contre l'équipe récemment sacrée double championne d'Asie, l'Irak (0-0, défaite 6 tirs au but à 5). Un mois plus tard, Jesús Casas lui a de nouveau accordé sa confiance en le faisant évoluer contre l'Indonésie (victoire 5-1) en ouverture des éliminatoires de la Coupe du monde 2026. C'est ainsi que le milieu de terrain a logiquement fait partie de la liste irakienne pour participer à la Coupe d'Asie des nations, en janvier. "Franchement, c'était le plus grand moment de ma carrière", confie le joueur, sur le banc lors des deux premières journées, mais titulaire lors du succès 3-2 contre le Viêt-Nam en conclusion de la phase de poules. "Le niveau était élevé, on avait beaucoup de supporters là-bas, ils nous ont beaucoup soutenus sur le terrain et en dehors. Ils étaient toujours là pour nous".

"Le niveau était élevé, on avait beaucoup de supporters là-bas, ils nous ont beaucoup soutenus sur le terrain, en dehors"

Ahmad Allée

Aux côtés de joueurs d'expérience comme le capitaine Bashar Resan ou encore le précieux Aymen Hussein, Ahmad Allée a évidemment beaucoup appris ces derniers mois. Même le fait qu'il ne parle pas arabe et ne puisse pas pleinement communiquer avec tous ses partenaires ne l'a pas freiné à l'heure de s'intégrer. "On m'a très bien accueilli, que ce soit les joueurs qui parlent arabe ou les Européens qui parlent en anglais, en suédois ou en hollandais, tout le monde rigolait avec moi, même si je comprenais pas trop. Il n'y avait pas de problème au niveau du terrain".

Quand il a fallu revenir à Rouen après une élimination amère en huitième de finale contre la Jordanie (3-2) alors que l'Irak menait au score, le plus dur a commencé pour Ahmad Allée : la confirmation. Le Seinomarin n'est pas un titulaire indiscutable en sélection et il mesure que de futures sélections passent par de belles performances avec le FCR. Si Jesús Casas a suivi l'exploit des Rouennais contre l'AS Monaco (1-1, 6 tab à 5), l'abattage de son joueur dans l'entrejeu ne lui aura sûrement pas échappé. Le mois prochain, l'Irak reprendra le cours des qualifications pour le Mondial et Ahmad Allée souhaite ouvertement en être autant qu'il rêve de jouer la Coupe du monde avec sa sélection dans deux ans. "Pour se qualifier, il y a de la place, parce qu'à chaque fois, ils n'étaient pas loin ces dernières années", assure le joueur. "En plus, il y aura plus d'équipes d'Asie qualifiées cette fois-ci. La qualification, c'est l'objectif". Du stade Robert Diochon, qui s'apprête à vibrer contre le Red Star, ce lundi, à l'immensité des stades nord-américains, il y a un sacré pas qu'Ahmad Allée semble toutefois en mesure de franchir.

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