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Lamine Sy : "Le coach d’Ornano m’a donné envie de mourir pour lui sur le terrain"

Titulaire indiscutable du onze de départ de Maxime d'Ornano, Lamine Sy sera l'un des atouts du FC Rouen pour se qualifier pour les demi-finales de la Coupe de France. ©Damien Deslandes

Titulaire indiscutable du onze de départ de Maxime d'Ornano, Lamine Sy sera l'un des atouts du FC Rouen pour se qualifier pour les demi-finales de la Coupe de France. ©Damien Deslandes

Sa blessure : victime d’une rupture des ligaments croisés

"Tellement la douleur était vive, elle est remontée à mon cœur"

Lamine Sy n’est pas près d’oublier ce jour d’octobre 2022 où il s’est blessé au genou gauche. "J’ai pris un tacle à l’entraînement. Tout de suite, je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose. J’ai senti un « tac », que ça avait lâché. Direct, j’ai crié. Tellement la douleur était vive, elle est remontée à mon cœur, j’avais mal à la tête. C’était violent", témoigne le natif des Yvelines. Pour autant, dans un premier temps, celui qui peut évoluer aussi bien latéral que piston se refuse à admettre le pire. "Tant que je n’avais pas passé d’IRM, je ne voulais pas me résoudre au pire, me dire que c’étaient les croisés". Malheureusement, le verdict de l’examen sera sans appel. "Quand j’ai eu les résultats, ça m’a mis un coup. Une semaine plus tôt, j’étais titulaire contre Quevilly. D’une certaine façon, je lançais ma saison".

S’en sont suivis huit mois de rééducation et de réathlétisation, notamment à Clairefontaine où il avait effectué sa préformation une poignée d’années auparavant. Malgré tous ces efforts, son retour à la compétition, fin mai 2023, via la réserve du Stade Malherbe (N2), ne s’est pas déroulé exactement comme il l’imaginait. "Quand je suis revenu, je me suis dit que cette blessure était derrière moi. J’ai voulu jouer direct comme je le faisais avant". Mais le corps humain n’est pas une machine avec un bouton marche/arrêt. "Nicolas Seube (le coach de la « B » caennaise à l’époque) m’avait prévenu : « Prends ton temps, tranquille ». J’avoue qu’à la fin de mon premier match, j’étais dans le dur physiquement". De manière tout à fait logique, il a fallu plusieurs semaines à Lamine Sy pour retrouver « la caisse », lui qui possède un énorme moteur.

Sa progression : l’importance du travail invisible

"La saison dernière, Ibra (Cissé) m’a pris sous son aile"

Depuis son retour sur les terrains, à la suite de sa rupture des ligaments croisés, tout le monde s’accorde pour affirmer que Lamine Sy a réalisé des progrès impressionnants. Ce n’est pas pour rien qu’il est considéré par de nombreux observateurs comme l’une des révélations du championnat de National à son poste de piston droit (ou latéral). "Tactiquement, je suis devenu plus exigeant sur mon placement", reconnaît le principal concerné. "Avant, avec ma vitesse, je me disais que je pouvais compenser des coups. Et inconsciemment, les deux-trois mètres qu’il fallait faire pour se repositionner, je ne les faisais pas". Des sautes de concentration qui sont à de l’histoire ancienne.

S’il a franchi plusieurs paliers cette saison, c’est également parce qu’il a pris pleinement conscience de l’importance du travail invisible. "On sait que c’est primordial. Je m’en rends encore mieux compte depuis ma blessure. C’est pourquoi j’ai mis des choses en place par rapport à mon alimentation, mon sommeil". Sa nouvelle règle d’or : dormir au minimum huit heures par nuit. Un aspect de son métier de footballeur professionnel auquel Lamine Sy a été sensibilisé par l’un de ses ex-coéquipiers au SMC : Ibrahim Cissé, aujourd’hui à Ferencvaros en Hongrie. "Ibra, c’est le top. Il a même une montre pour mesurer son taux de fatigue. La saison dernière, il m’a pris sous son aile, il m’a conseillé, il m’a fait prendre en maturité…"

Un retour au Stade Malherbe l'été prochain ?

Avec son club formateur, le Stade Malherbe, Lamine Sy compte huit apparitions chez les professionnels. ©Damien Deslandes

Prêté, sans option d’achat, au FC Rouen, Lamine Sy va revenir au Stade Malherbe à l’issue de cet exercice 2023-2024. Pour combien de temps ? Cette interrogation est légitime puisque le latéral droit ne disposera plus l’été prochain que d’un an de contrat avec son club formateur. Du côté des dirigeants caennais, au regard de ses performances chaque week-end en National, on souhaite, bien évidemment, le prolonger. On imagine même que ça doit être l’un des dossiers prioritaires du président Olivier Pickeu dans les mois à venir. Toutefois, attention au risque d’embouteillage à ce poste ; Valentin Henry est déjà dans l’effectif (sous contrat également jusqu’en 2025) et Hugo Vandermersch (2026) est censé aussi effectuer son retour après son prêt à Elversberg (Bundesliga II). Néanmoins, ce dernier possède désormais une grosse cote outre-Rhin.

Sur son avenir, Lamine Sy se montre réservé. "Je sais qu’il y a des discussions avec mes agents mais je ne veux pas perdre d’énergie avec ça. On verra à la fin de la saison ce qui sera le mieux pour moi. Il va falloir que je me pose les bonnes questions, que je fasse le bon choix. L’important, c’est de jouer, jouer, jouer…", martèle-t-il. Une chose est sûre, l’ancien pensionnaire de l’INF Clairefontaine ne devrait pas manquer de prétendants.

Une personne qui compte : son grand frère Amadou

"C’est un papa, un confident, un ami…"

Lamine Sy fait partie d’une fratrie nombreuse. Et pour cause, le n°2 des « Diables Rouges » ne compte pas moins de 14 frères et sœurs ! "Je suis l’avant-dernier", précise-t-il. Particularité, trois d’entre eux sont footballeurs professionnels : Lamine bien entendu mais également Mansour (26 ans), qui évolue à Marignane-Gignac en National, et Harouna (27 ans), pensionnaire de D1 portugaise sous les couleurs d’Estoril. Des « frangins » qu’il a déjà eu l’occasion d’affronter. "Avant le match, on s’envoie des messages mais une fois que c’est commencé, on n’est plus frères, soit tu me manges, soit je te mange. Et à la fin, on se fait des câlins", raconte le défenseur prêté par le Stade Malherbe.

L’un des membres de cette famille tient un rôle particulier aux yeux de Lamine Sy : son plus grand frère, Amadou. "C’est un papa, un confident, un ami... Il vient voir mes matches, il me booste quand il faut, il me tape sur les doigts aussi. C’est lui le chef. Je le respecte énormément". Amadou fut d’ailleurs l’une des rares personnes à rendre visite à Lamine quand il s’est fait opérer de son genou à l’hôpital de Caen. "C’est quelqu’un de très important dans ma vie".

Sa carrière : son prêt au FC Rouen

"Je n'étais pas au courant de l'arrivée de Valentin Henry"

A la reprise de l’entraînement avec le SMC, l’été dernier, Lamine Sy a eu une surprise en découvrant que son club formateur avait recruté un joueur à son poste en la personne de Valentin Henry. "Je n’étais pas au courant de son arrivée. Pour moi, j’allais être en concurrence avec Hugo (Vandermersch, finalement prêté le dernier jour du mercato à Elversberg, en D2 allemande). Du coup, je constate qu’on est trois pour une place". S’apercevant rapidement qu’il ne rentre pas dans les plans de Jean-Marc Furlan ; "Il y a des signes qui ne mentent pas", le technicien caennais de l’époque, l’ancien de l’INF Clairefontaine se pose des questions sur son avenir. "Soit je faisais mon combat au Stade Malherbe mais en tant que n°3, je me serais retrouvé en N3, soit je cherchais du temps de jeu ailleurs".

L’option du prêt est retenue. En dépit de l’intérêt de quelques écuries de Ligue 2, son choix se porte sur le FC Rouen, promu en National. "J’ai pris mes renseignements auprès de Sofyane Bouzamoucha, qui est originaire des Mureaux comme moi". Dans cette décision, le poids de Maxime d’Ornano n’est pas neutre. Loin de là. "Le coach m’a rassuré par rapport à ma blessure. Quand tu sors d’une période d’absence aussi longue, il peut toujours y avoir des doutes. Est-ce qu’il va revenir à son meilleur niveau ? Est-ce qu’il va être à 100% ? Est-ce qu’il y a un risque de rechute ? Mais il m’a dit que cette blessure était derrière moi, que j’allais faire une grosse saison, qu’il avait totalement confiance en moi. Son discours m’a touché. A partir de là, je n’ai plus regardé les autres offres. Ça m’a donné envie de mourir pour lui sur le terrain".

L’épopée en Coupe de France

"Il faut profiter de ces moments. Il y a un an, j’étais dans le canapé ou chez le kiné"

En rejoignant le FCR l’été dernier, Lamine Sy ne s’attendait certainement pas à vivre des sensations aussi fortes. "C’est vrai qu’on a placé la barre très haute", sourit l’un des chouchous de Diochon. Si le parcours en championnat des « Diables Rouges » en championnat est plus qu’honorable (9e)(1), c’est cette épopée en Coupe de France qui a fait basculer leur saison dans l’irrationnel. "Commencer comme ça pour ma première année chez les seniors", n’en revient presque pas le latéral droit du haut de ses 21 ans. "Il faut profiter de ces moments. Il y a un an, j’étais dans le canapé ou chez le kiné, blessé". Si les hommes de Maxime d’Ornano ont épinglé l’ASM à leur tableau de chasse en 1/8e de finale, Lamine Sy a été encore plus marqué par la performance aux dépens du Téfécé au tour précédent.

"C’est notre premier gros exploit. Une Ligue 1, le tenant du titre, ce scénario(2)… J’espère que je vivrai des émotions comme celles-ci tout le reste de ma carrière". Et pourquoi pas dès ce quart contre Valenciennes, lanterne rouge de Ligue 2 et déjà quasi-condamné à la relégation à l’étage inférieur. C’est justement le statut de cet adversaire qui donne à cette confrontation des allures de match piège. "Ce n’est pas parce que cette équipe se trouve en difficulté en championnat qu’il faut la prendre à la légère. Cette rencontre, elle va être encore plus dure que celles face à Toulouse et Monaco". Alors qu’on leur confère presque le statut de favori, il n’est pas question d’excès de confiance chez les Rouennais.

> Coupe de France. 1/4 de finale - FC Rouen (N1) / Valenciennes (L2), mercredi 28 février à 21 heures au Stade Robert-Diochon.

(1)Pour des différences importantes entres les comptes estimés pour l’exercice 2022-2023 lors du passage du mois de juin et les comptes arrêtés présentés en novembre, la DNCG a sanctionné le FCR de cinq points de pénalité ; une sanction contestée par le club rouennais qui a saisi le CNOSF.

(2)Alors qu’il menait 3-2 à l’attaque des arrêts de jeu, le FCR s’est fait rejoindre par Toulouse à la 92’ avant de se qualifier à l’issue d’une séance de tirs au but interminable (12-11).

Lamine Sy

  • Né le 10 août 2002 (21 ans) à Mantes-la-Jolie (Yvelines).
  • Latéral-piston. Droitier. 1,73 m pour 70 kg.
  • Parcours : OFC Les Mureaux, INF Clairefontaine/AC Boulogne-Billancourt, SM Caen (L2), FC Rouen (N1, p).
  • Sous contrat jusqu'en 2025 avec le SM Caen.
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