Joueur au SM Caen (1997-1999)
"Je sais que Jean-François (Fortin) m’aime et c’est réciproque"
Ce mardi soir, Régis Brouard va croiser la route d’un adversaire dont il a porté les couleurs en tant que joueur à 66 reprises, de 1997 à 1999. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que tout n’a pas été rose pour l’actuel coach du FCR au Stade Malherbe, fraîchement relégué en Division 2, comme on la nommait de ce temps. "La première saison n’a pas été simple. Avec les supporters, parfois, ce fut difficile", rembobine celui qui arrivait, cette année-là, en provenance du Red Star, en deuxième division. Pourtant, avec le recul, l’ancien milieu de terrain ne garde que des bons souvenirs de son passage en « Rouge et Bleu », et pas uniquement parce que son fils, Mathéo est né à Caen. "J’ai adoré ce club, même s’il était nettement moins structuré qu’aujourd’hui", témoigne l’ex-capitaine du SMC. "Durant ma deuxième (et dernière) saison, on m’avait confié le brassard. Malheureusement, on avait loupé la montée de peu (en D1). On avait terminé 5e. Avec Pascal Théault comme entraîneur, il y a toute une génération de jeunes qui ont émergé : Jérôme Rothen, Grégory Tafforeau..."
20 ans plus tard, Régis Brouard aurait pu effectuer son retour à Malherbe, sur son banc. Alors que le SMC venait d’être rétrogradé en Ligue 2, son profil avait circulé dans la presse, en 2019. "Oui, il y a eu un intérêt", acquiesce celui qui possède la particularité d’avoir dirigé de nombreux clubs dans lesquels il a joué (Rodez, Red Star, Niort…). "Mais ça s’est vite arrêté". Les responsables de l’époque avaient finalement opté pour le Portugais Rui Almeida, pas la meilleure idée du siècle ! Et cet été ? "Mon nom a sûrement été évoqué mais je n’ai eu aucun contact". S’il n’y a rien eu avec les dirigeants en place, le technicien n’a pas oublié l’un de leurs prédécesseurs : Jean-François Fortin pour qui il voue un profond respect*. "J’ai énormément d’affection pour lui. Je sais qu’il m’aime beaucoup et c’est réciproque". Les deux hommes n’avaient d’ailleurs pas caché leur bonheur de se retrouver au mois de juillet pour un match de préparation entre le FC Rouen et l’US Avranches.
*Avant d’en devenir le président à partir de 2002 et jusqu’en 2028, Jean-François Fortin avait déjà occupé cette fonction durant la saison 1996-1997.

Régis Brouard sous le maillot du Stade Malherbe avec les cheveux courts ; ce qui avait valu à Pascal Théault, l'entraîneur de l'époque, de ne pas le reconnaître le premier jour où il est arrivé avec cette coupe. ©Roland Le Meur
Sur le banc de l’US Quevilly (2008-2012)…
"La première fois que j’ai rencontré Michel Mallet, j’ai refusé le poste"
Jean-François Fortin, un dirigeant qui a énormément compté dans la carrière de coach de Régis Brouard. Alors que la fin de son expérience sur le banc nîmois (N1) s’est terminée douloureusement, en raison de difficultés relationnelles, le natif d’Antony en région parisienne est sollicité quelques mois plus tard pour prendre les rênes de l’US Quevilly, alors pensionnaire de CFA. "J’ai appelé Jean-François Fortin pour lui demander son avis. Il est toujours de bon conseil. A l’époque, le club était en partenariat avec le Stade Malherbe qu’il présidait", relate celui qui dirige le voisin rouennais depuis presque un an maintenant. "On a eu une discussion tous les deux. Il m’a dit : « Il faut que tu y ailles ». C’est la vérité". Pourtant, quand il débarque à Lozai, le technicien n’est pas spécialement emballé. "Michel Mallet (le président, devenu entre-temps celui de QRM) pourra vous le confirmer, la première fois que je l’ai rencontré, j’ai refusé le poste. Les conditions d’entraînement, de travail ne me convenaient pas. Je ne devais rester qu’une journée…"
Régis Brouard y accomplira au final un mandat de quatre ans, jusqu’en 2012. "Jean-François Fortin et Michel Mallet m’ont convaincu de m’engager dans cette aventure loin d’être évidente". Un choix qu’il ne regrettera jamais. Il faut dire qu’avec une montée en National (en 2011) et deux parcours fantastiques en Coupe de France plus tard, dont un jusqu’à la finale au Stade de France (2012), le principal intéressé a marqué de son empreinte son passage chez les « Jaune et Noir ». Des épopées qu’on lui rappelle encore aujourd’hui, et pas seulement nous, les journalistes. "On m’en parle de temps en temps. La dernière fois, un monsieur que j’ai croisé à l’entraînement m’expliquait qu’il était éducateur chez les jeunes à l’USQ à cette époque", raconte le coach du FCR, pas nostalgique dans l’âme. "Je déteste les photos, lire les articles retraçant nos parcours…" Oups, désolé. "Je pars du principe que d’avoir vécu les choses, ça me suffit amplement". Comme ce retour à Rouen depuis le Stade d’Ornano sur une autoroute A13 bondée de supporters après la qualification en demie aux dépens de Rennes. Désormais, c’est à la tête des « Diables Rouges » qu’il éprouve de nouvelles émotions.
Si le FCR réalise un début de championnat tonitruant, Régis Brouard doit veiller à ce que la ferveur entourant son équipe ne constitue pas un obstacle pour assouvir ses ambitions. ©Damien Deslandes
… et désormais sur celui du FC Rouen (depuis novembre 2024)
"Quand je croise des supporters dans la rue, on me demande souvent si c’est l’année"
En novembre, Régis Brouard soufflera sa première bougie sur le banc rouennais. Et en l’espace de pratiquement 12 mois, beaucoup de choses ont évolué au FCR. "Il y avait beaucoup de problèmes en interne, sportifs, extrasportifs", pointe celui qui a succédé aux commandes des « Diables Rouges » à Maxime d’Ornano, l’actuel coach du Stade Malherbe. "On a essayé de fixer un cap différent. Pour cela, il a fallu prendre des décisions, des décisions qui n’étaient pas simples en se séparant, par exemple, de joueurs". Pour piloter le mercato, Christophe Chareyre l’a rejoint cet été. "On s’est structuré un peu mieux". Sous l’impulsion du coordinateur sportif et de l’entraîneur, l’effectif a été considérablement renouvelé avec 12 arrivées pour 14 départs. Des changements qui ont visiblement porté leurs fruits.
Ce n’est ni plus ni moins qu’en leader du championnat que les coéquipiers de Clément Bassin se présenteront à d’Ornano, mardi soir. Avec 23 points en dix journées (7V-2N-1D), les Rouennais réalisent un début de parcours impressionnant. "Quand je croise des supporters dans la rue, on me demande souvent si c’est l’année", lance Régis Brouard, référence à cette montée en Ligue 2 ; un niveau que les « Diables Rouges » n’ont plus fréquenté depuis 2004 et notamment une rencontre contre… le SMC à trois journées de la fin, qui lui, à l’époque, accédait en Ligue 1. "Maintenant, il ne faut surtout pas s’enflammer. On ne doit pas se laisser emporter par cette ferveur populaire. Le danger, il est là. Bien sûr qu’on en a tous envie, mais ce championnat, c’est un marathon". Pour l’entraîneur du FCR, ses joueurs sont "en train d’écrire un livre" et "chaque match constitue un chapitre". "Il y a eu une préface avec tout ce qu’il s’est passé cet été et il y aura une conclusion. Rendez-vous dans quelques mois". Les supporters rouennais ont déjà hâte de le lire.
> N1. J11 - SM Caen (7e - 13 points) / FC Rouen (1er - 23 points), mardi 21 octobre à 20 heures au Stade Michel-d'Ornano.