Foot Normand
Coupe de France. 8e tour - US Avranches (N2) / Aubervilliers (N3)

A l’US Avranches, dans les pas de Cédric Hengbart

Alors que l’US Avranches (N2) cherchera à valider son billet pour les 1/32e de finale de la Coupe de France, ce dimanche, à Fenouillère, contre le FCM Aubervilliers (N3), nous avons suivi Cédric Hengbart à l’occasion du tour précédent et de la qualification aux dépens du Paris 13 Atletico (0-0, 5-3 tab), pensionnaire de National. Une plongée en coulisse aux côtés d’un jeune entraîneur (45 ans) à qui certains prédisent un avenir dans le monde « pro ».

Après le brunch partagé avec les joueurs, Cédric Hengbart ne chôme pas une minute un jour de Coupe de France : réunion avec les joueurs, brief tactique, encouragements...

Quand il envoie deux joueurs avec la réserve après la qualif’

10 H 30, Stade René-Fenouillère, tandis que certains dirigeants-bénévoles sont déjà sur le pied de guerre pour préparer cette journée de Coupe de France, Cédric Hengbart réunit ses troupes. Alors qu’il peut convoquer 18 joueurs dans cette compétition contre 16 habituellement en championnat, le technicien prévient que deux d’entre eux rejoindront la réserve (R1) à Cherbourg dans la foulée de ce 7e tour ; les équipes « B » et « C » devant composant avec des effectifs réduits sur ce week-end… voire sur toute la saison. "Je sais que c’est chiant pour vous mais la priorité, c’est le club", déclare le coach de l’US Avranches qui ne leur laisse, de toute façon, guère le choix. C’est Killian Gesmier et Shahin Cissé qui s’y colleront. Cédric Le Gall, co-président de l’association et membre du staff de la réserve, les attendant avec une voiture, après le coup de sifflet final, pour les conduire dans le Cotentin. Et autant dire que le premier a montré légèrement plus d’enthousiasme que le second pour s’acquitter de cette tâche.

Quand il lave la vaisselle après le brunch

Œufs, jambon, fruits… Compte tenu de l’horaire inhabituel de cette rencontre contre le Paris 13 Atletico (14 H 30), les bénévoles de l’US Avranches, à la demande du staff, ont concocté un brunch "afin de contrôler l’alimentation des joueurs". Les partenaires de Jessy Pi ont même droit à des pâtes livrées par un traiteur. On ose imaginer ce que l’économe Gilbert Guérin, le président historique du club du Sud-Manche qui nous a quittés il y a deux ans, aurait dit en voyant cette scène ! Les temps changent… Si par certains aspects, l’USAMSM, pensionnaire de N2, se rapproche du fonctionnement d’une structure « pro », sur d’autres, il reste bien ancré dans le milieu amateur. La preuve, après ce déjeuner, c’est Cédric Hengbart en personne, assisté de Charles Ploquin, le préparateur physique, qui lave la vaisselle. "Il faut être polyvalent", se marre-t-il en rangeant les couverts. Toutefois, l’ex-défenseur du Stade Malherbe ne fait pas la fine bouche. Par rapport à son précédent port d’attache, Blois, qui fréquente un niveau identique (N2), il est parfaitement conscient de disposer de moyens supérieurs.

Dans le vestiaire de Fenouillère, Cédric Hengbart délivre ses ultimes consignes à ses milieux de terrain : Charles Boateng et Jessy Pi.

Quand il exhorte ses joueurs à courir encore plus

"L’intensité et le volume des courses". Pour Cédric Hengbart, c’est l’une des clés de cette confrontation face à un adversaire hiérarchiquement supérieur, mais visiblement moins bien armé dans ce domaine. "C’est une équipe qui s’arrêtera à 100-105 km. Après, elle ne pourra pas plus", annonce l’entraîneur normand. "Nous, on est capable d’aller entre 116 et 118". L’équivalent quasiment d’un élément de plus sur le pré. C’est pourquoi le technicien, dans l’avant-match, n’a cessé de marteler à son groupe de faire "courir, courir et encore courir" le Paris 13 Atletico. "Qu’est-ce que j’ai demandé cette semaine ?", les interpelle-t-il. "Que tous les coups francs, que toutes les touches, on les joue vite. Mettez du rythme. On explose tous les records. Physiquement, vous êtes au top, ne vous inquiétez pas". Alors qu’il n’a manqué qu’un but à son collectif pour matérialiser sa domination dans le premier acte, Cédric Hengbart en rajoute une couche à la pause. "Ils sont déjà cuits", lance-t-il dans le vestiaire, en référence aux joueurs franciliens. "Toutes les touches, ils mettent trois minutes… Tous les six mètres, ils mettent trois minutes… Dès qu’on joue un coup franc rapide, ils ne sont pas prêts. A un moment, vous penserez peut-être que vous êtes fatigués, mais par rapport à eux, vous ne l’êtes pas. Et si vous l’êtes, dites-vous qu’ils le sont trois fois plus que vous !"

Quand il redonne confiance à son groupe avant les tirs au but

Malgré de nouvelles opportunités en deuxième période (cette double occasion de Nassim Sabihi à dix minutes du terme), l’US Avranches n’a pu forcer le verrou parisien dans le temps réglementaire (0-0). Et les « Bleu et Blanc » ont, en plus, dû finir ce match à dix après l’expulsion d’Emeric Dudouit, pour avoir reçu deux avertissements. Un carton rouge qui vaudra au défenseur de se faire gentiment chambrer une fois la qualification en poche. "On ne pouvait pas perdre, Emeric ne tirait pas", a-t-on entendu dans le vestiaire normand, référence à son raté dans cet exercice au tour précédent contre le SU Dives-Cabourg (1-1, 5-4 tab). Avant la séance fatidique, Cédric Hengbart rappelle, lui, la confiance qu’il a dans ses hommes, réunis en cercle autour de lui. "Les exploits, ça se crée même aux penalties, surtout aux penalties. On ne doit rien lâcher. Concentrez-vous juste à les mettre. Antho (Beuve), c’est le meilleur gardien sur les penalties. Il va en arrêter un voire deux". Le portier local n’aura pas besoin de forcer son talent ; Tiago Castro expédiant sa tentative dans les nuages du ciel de la Manche pendant que les coéquipiers de Jessy Pi signaient un sans-faute.

Avant la séance des tirs au but, Cédric Hengbart adresse un dernier message à son groupe où il lui renouvelle sa confiance.

Quand il brise son plafond de verre en Coupe de France

Quand Nassim Sabihi transforme le cinquième et dernier tir au but avranchinais, synonyme de qualification pour le 8e tour, Cédric Hengbart libère sa joie. Pour la première fois dans sa jeune carrière sur le banc, une formation qu’il dirige atteint ce stade de l’épreuve. Avec Blois, le technicien avait buté sur la marche du 6e tour. D’ailleurs, durant sa causerie, le coach avranchinais avait demandé à ses troupes de lui "faire vivre une belle aventure". "Je l’ai connu en tant que joueur, mais jamais comme entraîneur", précise-t-il. "Bobo (Charles Boateng) et Antho (Beuve) peuvent en témoigner*, quand des équipes amateures vont loin en Coupe de France, ça crée une émulation autour du club, les gens vous aiment, ça apporte beaucoup de bonheur". Photo « vintage » à l’appui, Cédric Hengbart partage derrière son "premier souvenir de Coupe de France, mon seul chez les amateurs". "C’était en 1999, j’avais 19 ans, je jouais à Mondeville, en CFA2. En face, c’est William Loko, pas Patrice (son frère et international français), avec Valence, en Division 2. Il n’y avait pas la Ligue 2 à l’époque. Ça ne s’oublie pas. Dans le club, on parle encore de vous 20 ans après". Et si dans 20 ans, on racontait encore à Fenouilère les exploits de Jessy Pi, Jordan Adéoti et Zourab Sopromadze…

*En avril 2017, l’US Avranches, alors pensionnaire de National, avait affronté le PSG en quart de finale de la Coupe de France, devant 20 000 spectateurs à d'Ornano. Charles Boateng et Anthony Beuve étaient titulaires dans les rangs manchois.

> Coupe de France. 8e tour - US Avranches (N2) / Aubervilliers (N3), dimanche 30 novembre à 13 H 30 au Stade René-Fenouillère.

"Je vais commencer par vous dire merci"

Dans les vestiaires de Fenouillère, à la pause, Cédric Hengbart a tenu féliciter ses joueurs pour la qualité de leur prestation, même s'ils n'avaient pas trouvé la faille.
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