Les 24 et 25 mai, le Stade du Hazé à Flers accueille les finales des Coupes de Normandie. Tout au long de la semaine, nous vous présentons les affiches de ce grand week-end de football régional en partenariat avec les Transports Napoly. En U16 féminines, nous aurons le droit à un classique de cette compétition entre le Stade Malherbe et le HAC.
A l'image de son équipe senior en grande difficulté en cette fin de championnat, la formation malherbiste chez les jeunes filles se prépare à se serrer la ceinture. Depuis la relégation en N1 de la bande à Yann M'Vila, "C'est le vide", déclare Chloé Charlot, la responsable de la section féminine. Staff et joueuses avancent dans un flou artistique alors que les partenaires de Morgane Hauvet tenteront de sauver leur peau en D3 lors de l'ultime journée de championnat, ce dimanche (25 mai), en recevant Bourges. Dans les catégories d'âge inférieures, la relégation des U19 nationales, promues il y a deux ans, est d'ores-et-déjà actée.
Seule éclaircie dans ce tableau noir : les U16 terrassent tout sur leur passage, s'offrant quelques cartons (11-0 aux dépens d'Evreux, 10-0 face à Dieppe) et sont leaders du championnat de Régional 1 Elite. D'ailleurs, pour la troisième fois de suite, elles défieront en finale de la Coupe de Normandie, ce samedi, à Flers, leurs voisines du HAC, pensionnaires du championnat U15 en District de Seine-Maritime, chez les garçons ! "C’est simple, on ne se souvient jamais de celui qui a été en finale, on se souvient du vainqueur. Ça va être un joli moment et une belle expérience, et croyez-moi, on va tout faire pour la remporter", lance Stéphane Ferey, coach bénévole de cette génération 2010. Mais cette relève a-t-elle un avenir sous les couleurs « Rouge et Bleu » Alors que le board du SMC a la volonté (la nécessité) réduire les dépenses par trois (à hauteur de 25 M€ cette saison), il est impossible de penser que les « Filles » passeront entre les gouttes. Malgré ses 180 000 € de budget annuel ; ce qui est loin de constituer le poste de dépense le plus onéreux du club caennais, difficile d'imaginer que la section féminine* soit une priorité pour le prochain exercice. Et chez les garçons comme chez les filles, l'argent reste le nerf de la guerre.
Problème : depuis sa création en 2019, la section féminine du Stade Malherbe stagne. Voire pire, elle fait marche arrière. "Ça fait six ans que ça n'avance pas", pose d'emblée Chloé Charlot, qui a aussi porté le maillot en tant que joueuse. "Depuis deux ans, je présente un projet, mais on n'avance pas au même rythme. On a des idées, mais avec les changements d'actionnaires et de direction, on ne peut pas donner ce fameux coup d'accélérateur". Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Bien avant elle, Anaïs Bounouar, à la tête de la section pendant trois ans, a quitté la maison « Rouge et Bleu » pour le FC Lorient, mais surtout lessivé de se battre pour permettre aux joueuses de bénéficier de conditions professionnelles. Car rappelons-le, au lancement de cette section, l'ambition était d'emmener le groupe en D1 "dans les 5 ans", dixit Gilles Sergent, le président de l'époque. Résultat, six ans plus tard, les filles de Chloé Charlot se trouvent aux portes du niveau régional ; un niveau auquel évoluent les voisins de l'Avant-Garde et de la Mos.
"Depuis deux ans, je présente un projet, mais on n'avance pas au même rythme"
Chloé Charlot
"Ce projet a la possibilité de prendre une grande envergure. J'y crois depuis le début", avance l'entraîneur, tentant de rester optimiste. "Mais il faut mettre l'énergie au bon endroit et au bon moment avec les bonnes personnes". Remettons les choses dans leur contexte. Si la section féminine du SMC a réussi à tenir le coup jusqu'ici, c'est en grande partie grâce à la volonté et le dévouement de passionnés. Car de l'école de foot aux seniors, on ne compte que cinq salariés pour les filles : Manon Delafosse (U13F), Dorine Mamata (U19F), Kenny Renard (adjoint et entraîneur des gardiennes), Thomas Pouliquen (préparateur physique) et Chloé Charlot (responsable). Et ils ne sont pas tous à plein temps. Pour le reste, il s'agit de bénévoles, d'alternants, de stagiaires et d'un staff médical « mis à disposition ». Une organisation somme toute fragile si l'ambition est de former des jeunes joueuses au haut niveau.
Un encadrement restreint qui pourrait encore se réduire
Selon Chloé Charlot, la piste d'évolution la plus flagrante concerne cet encadrement. "Si on veut parler de performance et d'élite, il faut que l'encadrement soit professionnel", rapporte-t-elle, sans vouloir manquer de respect aux bénévoles qui l'accompagnent. "On est considéré comme une section professionnelle, mais notre fonctionnement est amateur". A titre d'exemple, la réussite des U16 féminines ne repose que sur le dévouement d'un technicien qui donne de son temps gratuitement. Pour franchir un cap, chaque catégorie nécessiterait d'être mieux structurée, de bénéficier des mêmes moyens, qu'ils soient humains ou financiers. Pour individualiser le développement de la joueuse, le principe voudrait que le staff soit élargi à chaque niveau. "On ne peut pas faire de l'élite et tout miser sur l'équipe première. Par exemple, comment ne peut-on pas avoir de développement athlétique en U16, très peu en U19 et totalement en senior ? Si les filles n'y ont pas été habituées plus jeune, on ne peut pas leur demander d'être performantes en senior", pointe la coach. Sauf que ce projet, aussi beau soit-il sur le papier, se heurte à une réalité économique. Comme pour le centre de formation chez les garçons, la tendance est plutôt à une réduction de l'encadrement avec la relégation en National, sachant que le football féminin ne dégage, à ce jour, que peu de revenus voire pas du tout.
"Plus on sera en capacité de former des joueuses, plus on va aider des clubs autour de nous"
Chloé Charlot
"Notre projet veut qu'on ait des jeunes issues de la formation dans le groupe senior, ça a du sens. Ça veut dire qu'il faut mettre beaucoup d'énergie sur cette formation", poursuit Chloé Charlot. La promotion d'Inès Brahmia-Erhel (17 ans) dans le groupe senior depuis le début de la saison en constitue le parfait exemple. Aurélie Abossolo et Sarah Chauvin sont, elles aussi, venues garnir l'effectif, mais elles n'ont fait que très peu d'apparitions en D3. Chez les plus jeunes, seuls deux-trois éléments ont été ciblés comme des futurs potentiels : Hawa Emeline Gitras (née en 2007), Jenny Cincinnati (U15) ou encore Zélie Mainier-Dalarue (U17). Malheureusement, les joueuses en capacité d'éclore au très haut niveau se font trop rare. Au-delà des intérêts du Stade Malherbe, développer cette formation comporte un intérêt pour le football régional. "Nos meilleures joueuses doivent avoir une structure d'accueil pour augmenter leur apprentissage et leur potentiel. Plus on sera en capacité de former des joueuses, plus on va aider des clubs autour de nous quand elles ne pourront pas aller au bout du cursus avec nous".
Dans ce contexte, le SMC devrait jouer le rôle de locomotive pour former les meilleures joueuses de son secteur géographique, afin, à terme, d'en faire profiter ses voisins. Le HAC, avec son équipe première en Arkema Première Ligue, et Quevilly-Rouen Metropole (maintenu en D3) s'inscrivent dans une logique identique, sans faire d'ombre à Malherbe. "Dans la formation, je ne parle pas de concurrence. Chaque projet correspond à une joueuse", poursuit Chloé Charlot. S'il n'est pas question de vendre du rêve aux jeunes filles, la structure caennaise peut se targuer de mettre en place un accompagnement scolaire solide, avec un suivi dans les établissements partenaires, qu'il s'agisse du collège Stephen-Hawking ou du lycée Jean-Rostand. Un atout sur lequel les dirigeants « Rouge et Bleu » doivent continuer de s'appuyer pour garder et former des jeunes, à une période où le club normand traverse une période de plein doute. Pour l'heure, les filles ne savent pas à quelle sauce elles vont être mangées...
> Coupe de Normandie. Finale U16 féminine - SM Caen (U16 Elite) / Le Havre AC (U15 district garçons), samedi 24 mai à 13 H 30 au Stade du Hazé à Flers.
*Si l'école de foot des jeunes filles fait partie de l'association, les U16, U19 et l'équipe senior sont rattachées à la structure professionnelle.
Léa Quinio
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