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Coupe de France. 32e de finale - Bayeux FC (R1) / Blois (N2) 2-1

Au Bayeux FC, les petites histoires qui font la grande

Les superstitions du président Luis Ferreira-Pavesi, le pari complètement fou du défenseur Lucas Lefèvre, la possibilité d’un terrain synthétique évoquée par la maire adjoint Arnaud Tanquerel… Découvrez les coulisses de la qualification du Bayeux FC (R1) en 16e de finale de la Coupe de France, après sa victoire aux dépens de Blois (N2), 2-1. Une performance inédite dans l’histoire du club du Bessin.
Tout au long de la journée de samedi, nous avons suivi le Bayeux FC pour vous raconter les coulisses de cette qualification en 16e de finale de la Coupe de France.

Tout au long de la journée de samedi, nous avons suivi le Bayeux FC pour vous raconter les coulisses de cette qualification en 16e de finale de la Coupe de France.

A quoi tient un billet pour les 16e de finale de la Coupe de France ? Pour le BFC, Petit Poucet de cette édition 2025-2026 à ce stade de l’épreuve*, à une somme de détails, dont certains paraissent insignifiants au premier regard mais qui, bout à bout, font toute la différence. En même temps, pourquoi changer quelque chose quand le résultat est au rendez-vous ? Tout d’abord, on relève ces rituels, qui sont apparus tout au long de ce parcours et auxquelles il ne faut absolument pas déroger. A l’image de ce verre de vin rouge commandé au repas du midi par le vice-président Thierry François et Luis Ferreira-Pavesi. Un brin superstitieux le président des « Jaune et Bleu » ? Pensez-vous… "Je porte les mêmes chaussettes (floquées avec le logo du club du Bessin, la classe), le même caleçon, les mêmes vêtements à chaque tour depuis Malherbe (7e)… Mon pantalon commence à être usé", s’en amuse le dirigeant normand, qui a été allumé un cierge à la cathédrale de Bayeux, lui le fervent croyant, comme avant chaque rencontre dans cette « Vielle Dame ».

Au préalable, il y a eu ce moment de cohésion partagé à la veille du match face à Blois. A la suite de l’ultime entraînement de la semaine, vendredi, les coéquipiers de Grégoire Delain se sont retrouvés entre eux, accompagnés du staff, dans un restaurant de la ville. Au programme : de la bonne bouffe et des rigolades à n’en plus finir… De l’aveu de tous les présents, cette soirée a compté pour la qualif’. Le dîner s’étant un peu éternisé, Eric Fouda a décalé sa séance vidéo, fixée initialement à 22 H 45, au lendemain. Hors de question pour l’ex-coach de Quevilly d’enfermer ses joueurs dans un cadre trop rigide sous prétexte qu’il s’agit d’un 32e de finale. "Si les garçons ont l’habitude de dormir tard, qu’il la garde", exprime le technicien bayeusain qui avait mis au vert ses troupes dans un hôtel du Bessin. Pas de grasse matinée, par contre, pour Florian Lemasson qui a été travaillé dans l’exploitation agricole de son père une poignée d’heures avant le coup d’envoi de cette affiche ! 

"Qu'est-ce qu'on va faire chercher aujourd'hui ? L'inoubliable. Ce que vous allez faire samedi, personne ne l'oubliera"

Eric Fouda

Que dire de Benjamin Renaux qui a carrément avancé ses quelques jours de vacances en famille à Londres pour être de la partie. En même temps, un 32e de finale de Coupe de France, qui plus est quand il s'agit du premier dans une carrière de footballeur amateur, ça ne se rate pour rien au monde. Si si, on vous le jure... Et peu importe si l'ex-attaquant de l'Avant-Garde n'est rentré d'Angleterre que la veille du match et n'avait qu'un entraînement dans les jambes cette semaine... D'ailleurs, ça ne l'a pas empêché de trouver le chemin des filets. C'était écrit.... On n’oublie pas, non plus, ce pari formulé par Lucas Lefèvre. Fraîchement sorti du coiffeur, le défenseur central du BFC s’est engagé à raser ses tresses, en cas de billet pour les 16e ! Lucas, on te prévient, on ne ratera cet événement pour rien au monde ! Il a peut-être raison Eric Fouda quand il déclare qu’il a affaire à "une bande de malades". Eric Fouda justement, parlons-en. Car si le club du Bessin fait partie des 32 derniers rescapés en Coupe de France, il le doit énormément à son entraîneur. Il suffit de le voir, pendant que son groupe déjeune, préparer avec minutie les coups de pied arrêtés, donner la « compo » à Richard Renaux, le dirigeant en charge de la tablette, et peaufiner sa causerie.

Le bisou du président à Paul Aubel

"Qu’est-ce qu’on va chercher aujourd’hui ?", apostrophe le coach normand en s’adressant à son collectif. "L’inoubliable ! Ce que vous allez faire ce samedi, personne ne l’oubliera. Rendre des choses impossibles, possibles. C’est ça écrire l’histoire. Rendez le maillot du Bayeux FC inestimable". Preuve du respect qui existe entre le technicien et ses joueurs, on n’hésite pas à se taquiner. Car c’est connu, qui aime bien châtie bien. La preuve, en attendant que leur coach termine ses obligations médiatiques après leur victoire aux dépens de Blois (2-1), certains se livrent à une petite imitation. N’est-ce pas M. Anthonin Cathrine. « Vous avez fait pleurer des gens. Messieurs, vous êtes des fous. On va chercher quoi après l’extraordinaire… » Mais l’entraîneur n’est pas en reste. "Même si elle ne sert à rien, tu l’aimes bien, elle a son sens", avait lancé Eric Fouda à son latéral gauche justement durant son discours d’avant-match ; ce dernier estimant qu’une causerie ne fait pas forcément gagner. Et quand son groupe le met au défi de descendre sa pinte de bière cul sec, l’ancien éducateur du Stade Malherbe ne se débine pas. "Volontiers Messieurs", répond-il, avant de s’exécuter, provoquant les vivats de la foule.

"Vous m'avez parlé d'un terrain (synthétique). On y a réfléchi, c'est possible"

Arnaud tanquerel

Et comment ne pas évoquer Paul Aubel, de notre point de vue, le meilleur footballeur sur « la galette », enfin presque, d’Henry-Jeanne. Techniquement au-dessus du lot, infatigable d’activité dans le cœur du jeu, le n°10 des « Jaune et Bleu » se mue quasi en adjoint dans l’intimité des vestiaires. Une telle performance valait bien un câlin et un bisou de son président, une fois la qualif’ en poche. D’ailleurs, Eric Fouda ne s’y trompe pas, échangeant régulièrement sur le plan tactique avec l’un de ses cadres. Moteur du groupe, il motive également ses partenaires. "A 2-0, on ne doit rien regretter. Il faut faire les efforts. Toutes nos familles ne vont parler que de ça à Noël. Allez, tous ensemble", clame à la mi-temps celui qui avait vécu une déconvenue avec l’US Granville, en 2020, en 16e de finale de la Coupe de France. A 45’ du coup d’envoi, il avait appris qu’il ne figurait pas sur la feuille de match !

Alors qu’il s’apprête à disputer les 16e pour la première fois de son histoire, il ne manque plus au BFC que la cerise sur son gâteau pour couronner cette épopée. Une Ligue 1, si possible la plus belle de toutes, qui signifierait une délocalisation à d’Ornano devant 20 000 spectateurs, début janvier (9-10-11). Verdict ce dimanche sous les coups de 19 H 45 avec le tirage au sort (en direct sur beIN Sports). Dans tous les cas, quelle que soit l’identité du prochain adversaire, ce parcours dans cette « Vieille Dame » a de grandes chances de laisser un héritage. S’il ne s’y est pas fermement engagé, car il n’a "pas le droit de faire d’annonce", période électorale oblige, Arnaud Tanquerel, premier adjoint en charge des sports à la ville de Bayeux, a fortement sous-entendu que le financement d’un synthétique, le fameux équipement qui le club réclame tant, était en bonne voie. "Vous m’avez parlé d’un terrain. On y a réfléchi, c’est possible", déclare celui que tout le monde imagine à la tête de la mairie à partir du mois de mars. Réponse de l’assistance dans le vestiaire d’Henry-Jeanne : « Le synthé, le synthé, un synthé ». C’est aussi ça la Coupe de France.

*Pensionnaires également de Régional 1, le FC Montreuil et Saint-Cyr-Collonges disputent leur 32e de finale ce dimanche.

Mathieu BILLEAUD

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