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Au Stade Malherbe, avant le barrage retour au Mans, la parole est à la défense

Emilie Giffaut, Tatiana Bastard, Clémence Palla et Hilde van Herwijnen formeront sauf surprise la défense caennaise au Mans, dimanche. De leur performance dépend beaucoup le destin calvadosien dans ce barrage. ©Damien Deslandes

Emilie Giffaut, Tatiana Bastard, Clémence Palla et Hilde van Herwijnen formeront sauf surprise la défense caennaise au Mans, dimanche. De leur performance dépend beaucoup le destin calvadosien dans ce barrage. ©Damien Deslandes

À mi-parcours du barrage vers la Division 2 féminine entre le Stade Malherbe et Le Mans FC, la balle est au centre mais tend légèrement vers le camp sarthois. La faute à un match aller qui a vu les joueuses d'Anaïs Bounouar craquer d'entrer de jeu et ne pas réussir à l'arrivée mieux qu'un match nul 1-1 devant un public venu en nombre (près d'un millier de personnes). "On a pris un but, on devra donc en marquer au moins un là-bas si on souhaite monter", observe la défenseuse centrale Tatiana Bastard. Si elles se savent désormais dans l'obligation de scorer, le salut des Caennaises passera toutefois inévitablement par leur solidité défensive. "Les offensives auront un très gros travail à faire mais si on prend des buts, tout ce qu'elles feront ne comptera pas donc c'est à nous de bien gérer derrière", analyse la latérale droite Clémence Palla. "C'est peu mis en avant mais on a autant de pression que les attaquantes".

 "Quand on termine sans but encaissé, les gens ne se disent pas que la défense a réussi un bon match
Clémence Palla

Cette saison en championnat, les joueuses malherbistes ont fait montre de leur capacité à bien attaquer. Leur conséquent nombre de buts inscrits en championnat (139 en 26 matchs pour une moyenne de...5,3 par rencontre) est là pour en attester. L'aptitude des Caennaises à bien défendre en revanche n'a que très rarement était mise à l'épreuve. Même contre l'AS Lattes au premier tour des barrages remportés 6-0 au score cumulé. "C'est vrai qu'en Régional 1, on a moins de travail mais on doit rester concentrées du début à la fin car on n'est jamais à l'abri d'un faux pas", glisse Tatiana Bastard. "Cette saison néanmoins, en R1, j'ai notamment le souvenir du match aller à l'Avant-Garde où il nous a fallu pas mal défendre car elles nous mettaient sous pression". Ce jour-là, le 19 décembre dernier, les Caennaises s'étaient tout de même imposées 3-2.

Les joueuses défensives du Stade Malherbe n'ont cette saison pas échappé au sort trop souvent réservé aux arrières dans le monde du football. On a ainsi présenté ce SMC comme une formidable machine à marquer, trop peu comme une équipe dotée d'un redoutable socle défensif. "On a pourtant connu des matchs plus compliqués que d'autres", assure Clémence Palla. "Quand les gens regardent les résultats, ils voient le nombre de buts inscrits et se disent que les attaquantes ont été efficaces mais quand on termine sans but encaissé, ils ne se disent pas que la défense a réussi un bon match. C'est pourtant tout aussi important". Si la première minute du match aller contre Le Mans a vite jeté un froid dimanche dernier, les Caennaises n'ont à l'arrivée pas trop souffert et vont tenter de montrer qu'elles n'ont pas encaissé que 15 petits buts en R1 et réussi 16 clean-sheets en 26 sorties par hasard.

Rester en Régional 1 au moins une saison de plus ne serait guère profitable

Tout le danger de ce système de barrages réside à l'arrivée dans le fait de voir la difficulté grimper brutalement lors de l'ultime double confrontation. "Il y avait beaucoup d'engouement autour de ce match aller, je sais que j'étais stressée avant", explique Clémende Palla. "À l'arrivée, même si c'est une grosse équipe, contrairement à ce que je pensais, ce n'est pas la meilleure attaque que j'ai affronté cette saison". Le paradoxe du Stade Malherbe féminin cette saison, c'est d'avoir souvent misé davantage sur le travail en semaine que sur les matchs eux-mêmes. "À l'entraînement, on nous demande beaucoup plus que ce qu'on fait en match", concède Tatiana Bastard. "Je ne veux pas nous vanter mais les autres équipes n'ont pas un collectif aussi costaud que nous. Donc nous en général, on met plus d'intensité à l'entraînement même si ça dépend de l'adversaire qu'on a en face. Ce qu'on fait la semaine, on tente de le reproduire en match mais sans adversité, c'est très difficile à faire". 

"Si on ne montait pas, j'y réfléchirais à deux fois avant de m'investir autant s'il n'y a pas un véritable objectif"
Hilde van Herwijnen

La singulière routine défensive du Stade Malherbe démontre à elle seule à quel point il est primordial que l'équipe féminine accède à la Division 2 dès ce dimanche soir. Même si elles s'attendent à souffrir davantage contre des Mancelles remontées à la maison, il est grand temps pour les joueuses, jeunes et moins jeunes, de se frotter à un niveau qui correspond réellement au leur. "Sans vouloir manquer d'humilité, je pense vraiment que nous sommes prêtes à gravir cet échelon et à jouer à un niveau où on ne pourra pas être parmi les meilleures et où il ne sera pas facile de tomber dans la suffisance", analyse la Néerlandaise Hilde van Herwijnen qui a déjà connu la D2 avec l'AG Caen.

L'un des risques pour le Stade Malherbe serait en effet peut-être de voir certaines de ses joueuses réviser leur position quant à leur engagement avec le club. Ce ne sera pas le cas pour Clémence Palla (21 ans) ou d'Hilde van Herwijnen (29 ans) mais la charge de travail en semaine pour n'évoluer « que » en R1 pourrait en rebuter certaines.  "Cette saison, on s'est entraîné quatre fois par semaine avec un match le week-end, c'est un engagement total de notre part. Si on ne montait pas, j'y réfléchirais à deux fois avant de m'investir autant s'il n'y a pas un véritable objectif". Il est impossible de ne pas adhérer à ce raisonnement autant qu'il serait invraisemblable de ne pas comprendre qu'une joueuse plus jeune puisse éventuellement répondre aux sirènes de la D2 dans un autre club. Pour s'éviter tout ce casse-tête, le SM Caen n'a décemment qu'une chose à faire pour ne pas s'éterniser en bas* : monter.

*Si les Caennaises ne montent pas dimanche, elles ne pourront pas rejouer la montée avant au moins deux ans puisque la saison prochaine, terminer au sommet du R1 conduira non plus directement en D2 mais vers une Division 3 réinstaurée par la Fédération Française de Football.

En défense centrale, Emilie Giffaut a dû se réinventer

Comme dimanche à l'occasion du match aller, Anaïs Bounouar devrait aligner ce week-end au stade de la Californie sa défense « type » composée de droite à gauche par Clémence Palla, Tatiana Bastard, Emilie Giffaut et Hilde van Herwijnen. Au début de cette aventure 2021/2022, les plans de l'entraîneur caennaise étaient tout autre mais la blessure à l'automne de Juliette Arthur a rebattu les cartes. Jusqu'alors rayonnante au milieu de terrain, c'est Emilie Giffaut qui a reculé dans l'axe de la défense, poussant Hilde van Herwijnen à gauche. "Mon rôle dans ce nouveau poste consiste dans un premier temps à me mettre au service de l’équipe", explique l'Ornaise. "J'essaie essentiellement d’apporter ma compréhension du jeu et un plus de sérénité technique sur nos sorties de balles et dans notre circulation du ballon".

En réalité, Anaïs Bounouar n'a pas bougé ses pions en se pliant aux lois du hasard puisqu'Emilie Giffaut avait déjà quelques repères dans un pur rôle de défenseur. "C’est un poste auquel j’avais déjà évolué sur quelques matchs à Flers notamment et en section sportive à Rostand", confirme-t-elle même si elle a dû se réinventer quelque peu. "Sur ce poste, forcément en reculant, tu dois prendre moins de risques donc j’ai fait évoluer mon jeu. Et j’ai forcément travaillé l’aspect défensif  avec des filles comme Tat et Hilde qui sont des joueuses qui adorent défendre et qui m’ont transmis beaucoup sur un aspect que je maîtrisais moins". De l'entente des quatre joueuses défensives ce dimanche dépend beaucoup du destin immédiat du Stade Malherbe dans le monde du football féminin.

Aurélien RENAULT

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