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Avec leurs albums, les clubs normands maintiennent du lien social

Aurélien Boussaud (à droite) est à l'origine de l'album à l'AF Virois, une action qui commence à devenir une habitude dans la région, notamment au Bayeux FC. @AFV

Aurélien Boussaud (à droite) est à l'origine de l'album à l'AF Virois, une action qui commence à devenir une habitude dans la région, notamment au Bayeux FC. @AFV

Tout jeune fan de ballon rond qui se respecte a un jour ou l'autre frémi en déchirant un paquet de cartes autocollantes contenant des images de joueurs de football. Le phénomène « Panini » n'est plus à prouver mais tandis que les stars de ces albums se nommaient selon les âges Franz Beckenbauer, Marco Van Basten, George Weah ou Thierry Henry, elles peuvent désormais porter le nom et afficher le sourire de nul autre que l'enfant de la voisine pour peu qu'il soit licencié au club de la ville. Nouveau siècle, nouvelle donne. "L'album du club 100% dédié au BFC, ce n'est pas une nouveauté", explique Edouard Legoupil, en charge du projet à Bayeux. "Cette année, on l'a simplement remis au goût du jour avec des partenaires locaux. Mais on l'avait déjà fait voilà deux ans". Et dans ce qui s'apparente presqu'à une autre époque aujourd'hui, le succès avait déjà été au rendez-vous, au point de convaincre l'état-major bayeusain de retenter l'expérience cette saison.

"L'album du club 100% BFC, ce n'est pas une nouveauté",
Edouard Legoupil, responsable partenaire au Bayeux FC 

Les albums ont alors plusieurs visées et leur rôle de ciment entre les différents acteurs qui interagissent au sein des clubs a convaincu bien des associations de tenter ou de retenter l'expérience. "Ce qui est plaisant, c'est qu'on est sûr que ça va marcher avant même de le lancer, les jeunes sont demandeurs car ça leur fait un super souvenir", expose Aurélien Boussaud qui s'est chargé de la confection de l'album de l'AF Virois version 2020-2021 après avoir déjà mené l'opération il y a deux saisons. "À Bayeux, on devait le lancer avant Noël mais nous sommes parvenus à le sortir qu'au mois de janvier avec un succès indéniable au rendez-vous", ajoute Edouard Legoupil.

L'édification d'un album comporte une multitude d'étapes. Elle commence par la prise d'informations le plus souvent auprès de l'entreprise L'Album Du Club située à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), chargée d'élaborer les précieux livrets et les images, en passant par la conception graphique et évidemment les inévitables séances photos auxquelles s'adonnent avec grand plaisir les joueurs, des U6 aux seniors sans oublier les bénévoles, les éducateurs et, bien sûr, les féminines. "Contrairement à ce qu'on peut penser, mettre en place un album de clubs ne prend pas plus de deux mois", détaille Aurélien Boussaud qui a participé à concevoir celui de Vire en parallèle de ses missions liées à l'événementiel et au sponsoring. "Ce qui prend peut-être le plus de temps, c'est de recenser tous les licenciés et de les prendre en photo. De A à Z, je dirais que la confection m'a pris un mois et demi". Et dès lors que tout est fixé, l'entreprise n'a plus qu'à concevoir puis expédier les précieux livrets et les cartons de vignettes, rangées en paquets. À Vire, plus de 400 albums ont été commandés, à Bayeux, ce chiffre a même atteint la barre des 550 exemplaires selon Edouard Legoupil. "On en dénombre d'ailleurs 500 de distribués en tout et pour se procurer les vignettes, on compte sur quatre boutiques partenaires afin de les écouler", précise le responsable partenaires du BFC.

Une solution locale en plein démarrage

C'est bien là que toute la démarche de l'album du club prend son sens. Dans leur élaboration et leur stratégie de distribution, les clubs impliquent avant tout des commerces de la ville ainsi que leurs partenaires. "J'ai évité de mettre un point de vente au club pour inciter les gens à se rendre chez nos six partenaires, l'objectif était évidemment de les faire travailler", explique Aurélien Boussaud. Pour l'ancien défenseur virois, aujourd'hui salarié de l'AFV, l'investissement consenti pour l'élaboration du projet (environ 4 500 €) permet en retour au club de générer des bénéfices proches de ceux d'un tournoi. Une vraie bouffée d'air frais en cette période de crise sanitaire. "J'avais une trentaine de partenaires avec moi sur le projet", ajoute Aurélien Boussaud. "Sur un paquet de vignettes à 1 €, on ne touche que 15% donc ce qui rapporte, c'est évidemment les encarts publicitaires". Sur une saison sans match ou presque, l'opportunité fut ainsi belle pour les partenaires d'exister et de se montrer à travers cette action sociale des clubs.

"La période Covid nous permet vraiment de mener ce genre de projets", Julien Le Pen, coach de l'AG CAen

Dans sa démarche, le Bayeux FC est même allé plus loin encore cette saison. Il y a deux ans, le club du Bessin s'était appuyé, comme beaucoup d'associations, sur l'entreprise spécialiste de Saint-Jean-de-Luz. Cette saison, il a préféré faire travailler des entreprises du coin. "Nous avons impliqué un photographe local qui est passé dans nos vestiaires, transformés en studios pour l'occasion", détaille Edouard Legoupil. "Nous avons ensuite sollicité un imprimeur et un fournisseur d'ici, IMB, afin qu'il élabore notre album". Une première forcément perfectible au regard de la technicité et des spécificités de conception d'un tel ouvrage mais qui laisse l'assistant social très optimiste pour la suite. 

Alors qu'à Bayeux, une vente ouverte vient d'ailleurs d'être lancée au club afin d'aider les licenciés à compléter leurs albums en commandant directement les vignettes manquantes, la chasse aux images continue de battre son plein dans d'autres villes. C'est notamment le cas à Caen. L'Avant-Garde a ainsi proposé un livret très abouti cette saison, un livret qui fait le bonheur de tous. "Les enfants le font d'habitude avec les pros, là ils peuvent le faire avec les acteurs de leur club", indique l'entraîneur des seniors Julien Le Pen. "Ça fera un souvenir intéressant à conserver, c'est un beau projet mis en place chez nous par Anthony Barry. La période Covid nous permet vraiment de mener ce genre de projets". Chez les Le Pen d'ailleurs, le père et le fils Elouan figurent ensemble dans l'album cette année. Mais c'est bien sûr le plus jeune qui se charge de coller les vignettes, sous l'œil toutefois très attentif de son aîné. "C'est super car on peut faire comme avec les pros mais là c'est avec nos copains et les joueurs de l'équipe première du club", se réjouit le jeune footballeur de 10 ans. "J'étais content car dans le premier paquet, j'ai eu mon meilleur copain Kaïs et le capitaine de la première Léo Hamel. Et là dans le dernier paquet, j'ai eu la mienne et c'est génial de coller sa photo comme celle de Mbappé dans l'album Panini". Et pour obtenir le sticker de son père, Elouan sait qu'il n'a plus qu'une chose à faire : poursuivre ses recherches. Sans relâche.

Aurélien RENAULT

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