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Avec son cœur et sa tête, la jeunesse de l’Agneaux FC a toujours cru en son étoile

Accompagnés des jeunes de l'école de foot, les joueurs de l'Agneaux FC célèbrent leur qualification pour le 5e tour de la Coupe de France.

Accompagnés des jeunes de l'école de foot, les joueurs de l'Agneaux FC célèbrent leur qualification pour le 5e tour de la Coupe de France.

La causerie

"Léo vous montre la direction. Suivez-le !"

Quand vous arrivez au Stade Gaston-Gazengel, vous prenez un sacré coup de vieux. Et pour cause, pour ce 4e tour de la Coupe de France, l’Agneaux FC (R2) affiche une moyenne d’âge de 22 ans ! "La moitié de l’équipe pourrait toujours jouer la Gambardella", se marre l’un d’entre eux. Bon, peut-être pas, mais ce qui est sûr, c’est que certains garçons n’ont pas encore soufflé leur 18e bougie. Dans le sillage de la nomination d’un Maxime L’Hôtellier guère plus âgé que ses joueurs (30 ans), les deux co-présidents Jean-Charles Enots et Bruno Trebouville ont souhaité bâtir un collectif jeune, où les primes de match ont, purement et simplement, été supprimées. Parmi cette classe biberon, Léo Desnos, du haut de ses 24 ans, ferait presque office de doyen. En tout cas, il est l’un des leaders de ce groupe, cité en exemple par le coach manchois lors de sa causerie : "Léo, ce n’est pas un gueulard. Par contre, dans les duels, il répond présent, il y va à 200%, il commet rarement des fautes, il a toujours le bout du pied qui traîne… Il a une attitude, à l’entraînement comme en match. Il vous montre la direction. C’est un vrai capitaine. Suivez-le !"

Pour cette « Vieille Dame », qui fait rêver tant de footballeurs amateurs, le technicien agnelais exhorte ses troupes à jouer "avec leur cœur", "en coupe, c’est essentiel", et également "avec leur tête". "Si vous avez le cœur et la tête, les gens vous encourageront. A chaque duel remporté, vous les entendrez vous soutenir", prédit Maxime L’Hôtellier. Surtout que pour cette affiche face au FC Flers, pensionnaire de R1, le public est au rendez-vous dont de très nombreux jeunes licenciés du club. A 15 heures, au moment où l’arbitre siffle le coup d’envoi, il est d’ailleurs difficile de se frayer une place autour de la main courante. "Si vous les emmenez avec vous, vous aurez la chose la plus importante pour gagner un match de foot : l’énergie", lance l’ex-responsable du FC 3 Rivières, croquis à l’appui sur son paperboard. "Quand on a l’énergie, on a l’impression d’être imbattable. Et on aura toujours les jambes, même à la 93’ !" Il ne croyait pas si bien dire.

La mi-temps

"S’il y en a un des onze qui ne fait pas son taf, on est mort"

En rejoignant les vestiaires à la pause, certains coéquipiers de Léo Desnos semblent au bout de leur vie. La fatigue gagne les rangs agnelais, les stigmates des duels sont légion. Son petit frère, Arthur, s’applique même une poche de glace sur le visage, séquelle d’un duel avec le Flérien Baptiste Fleury, un ancien de la maison et un enfant du pays. Il faut dire que les locaux n’ont pas ménagé leur peine pendant 45’. D’ailleurs, avant de s’adresser à « ses » garçons, Maxime L’Hôtellier tape dans la main de chacun d’entre eux, comme pour mieux les féliciter du travail abattu. Car au terme de cette mi-temps, c’est, bel et bien, son équipe qui mène au tableau d’affichage (1-0) ! D’une frappe à l’entrée des 16,50 mètres, Quentin Jacquet a surpris la vigilance du gardien adverse, Gaëtan Boisroux, dès les premières minutes (6’). L’AFC peut même éprouver des regrets de ne pas compter un avantage plus significatif ; Ethan Le Barbey (8’) et Tristan Poullain (33’) ayant obtenu la balle de break.

Mais plus que l’efficacité devant les cages ornaises, l’entraîneur manchois alerte ses troupes sur l’attitude à adopter à la perte de balle. "Comment réagit-on ? C’est ça qui est important. C’est aussi aux joueurs sur le terrain de rappeler leurs partenaires : « Reviens, resitue, on a besoin de toi ». S’il y en a un des onze qui ne fait pas son taf, on est mort", prévient-il avant d’annoncer un changement avec l’entrée de Florent Roncier-Lemée, ex-pensionnaire du centre de formation du Stade Malherbe, en lieu et place de Tristan Poullain. "Titi, il a bossé pour lui. Appuyez-vous dessus maintenant, il est frais, il a un pied, il va conserver les ballons…" Le coup de sifflet de « l’homme en noir » retentit, c’est l’heure de retourner au combat, il reste 45’ pour décrocher la qualif’. Le dernier mot revient à Arthur Ozouf. "Il n’y a pas d’autre issue, on y va au 5e tour". Il ne le sait pas encore mais le portier agnelais s’apprête à tenir un rôle capital dans la quête de cet objectif.

La fin de match

"Je n’avais pas calculé, je ne savais pas que c’était la fin"

Nous sommes entrés dans la cinquième minute des arrêts de jeu. Pour l’Agneaux FC, c’est le coup franc de la dernière chance. En dépit de tous ses efforts, le club de l’agglomération saint-loise n’a pu empêcher le FC Flers de passer devant (2-1). Mais avec un zeste de réussite ; leur adversaire ayant touché à trois reprises les montants en seconde période (!), les (jeunes) hommes de Maxime L’Hôtellier sont toujours en vie. Et si plusieurs de ses garçons sont perclus de crampes, ils poussent. Et l’impensable se produit. A la suite d’un duel aérien entre Tino Mauguy et Dhiaeddine Araiedh, le ballon est prolongé en direction des cages ornaises. Malgré l’horizontale de Gaëtan Boisroux, Léo Desnos catapulte dans un second temps le « cuir » au fond des filets. Mais dans le camp manchois, la joie est de courte durée ; M. Baptiste Guillard refusant ce but pour une faute du capitaine agnelais sur le gardien flérien. Alors qu’on se dit que cette fois-ci, c’en est terminé des espoirs locaux, l’arbitre, après avoir consulté son assistant, revient sur sa décision, estimant que le ballon a franchi la ligne avant le contact entre le portier et le défenseur.

Au bout du bout du suspense, Agneaux arrache les tirs au but (2-2), le Stade Gaston-Gazengel est en transe. "Quoi qu’il arrive, un grand bravo pour votre match. Là, vous me faites kiffer", témoigne, plein d’admiration, l’entraîneur à son groupe avant la séance fatidique. Preuve de leur maturité à cet instant pourtant crucial, ce sont d’ailleurs ses garçons qui se désignent pour frapper. La suite, c’est Arthur Ozouf qui s’en charge. "On sait qu’on va le faire, Arthur va en sortir une ou deux". « Gamin du club », Tiago Lejeune connaît déjà le scénario. Si Julien Sauvey, exemplaire sur le terrain, expédie la première tentative de l’AFC dans le ciel normand, l’ultime rempart agnelais fait le job en repoussant le tir de Mamoudou Kouyaté et surtout celui de Ralph Kottoy, après une course d’élan pour le moins particulière. "Je n’avais pas calculé, je ne savais pas que c’était la fin. C’est quand je vois tout le monde arriver sur moi que je comprends qu’on a gagné". Une déclaration qui n’est pas sans nous rappeler ce France - Italie en quart de finale du Mondial 1998 et la réaction de Fabien Barthez après l’échec de Luigi Di Biagio. Une référence que la majorité des coéquipiers d’Arthur Ozouf, qui n’avaient pas encore vu le jour il y a 27 ans, n’auront peut-être pas. Quand on vous disait qu’on avait pris un coup de vieux ce dimanche !

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