Ses débuts en Vendée et son passage au Havre
"Mon agent m'a dit que si je n'acceptais pas l'offre du Havre, jamais je ne ferais carrière"
Au HAC de 2019 à 2021, Constance Picaud, actuelle gardienne n°2 dans la hiérarchie des Bleues, garde de bons souvenirs de son passage en Normandie. L'ultime rempart du FC Fleury, qui ne s'imaginait pas devenir professionnelle, s’est fait "botter les fesses" par son agent qui lui a enlevé les œillères qui l’aveuglaient sur ses capacités à évoluer plus haut qu'à La Roche-sur-Yon (D2F). En Vendée, elle ne vivait pas du football et "elle ne rêvait que d’une vie personnelle stable avec un salaire à la fin du mois et payer mes charges". La native de Challans ne pensait pas effectuer un tel parcours. "Je ne voulais pas partir sans ma compagne, Océane qui à l’époque était en école d’infirmière. J’avais déjà refusé d’aller au PSG ou à Lyon plus jeune, car nous n’étions pas prêtes. Là, mon agent m’a dit que si je n’acceptais pas l’offre du Havre, je ne ferais jamais carrière. Ce fut un élément déclencheur". Et voici donc comment la Vendéenne a débarqué dans la Cité Océane, à 21 ans, sens être passée par un centre de formation ; des structures en développement à l’époque dans le football féminin.
Constance Picaud arrive au Havre avec son caractère bien forgé lorsque plus jeune, elle évoluait dans des équipes mixtes, jusqu’à l’âge de 15 ans. "Jouer avec les garçons m’a amené ce côté où il faut être un peu plus physique, un peu plus technique". Au HAC, elle découvre un autre monde qui lui laisse, à ce jour et de ses propres mots, le souvenir de "certainement mes deux plus belles années au niveau professionnel". Une pointe d’émotion dans la voie, la gardienne explique son évolution au sein des « Ciel et Marine » : "Ce passage au HAC a regroupé beaucoup de choses pour moi. Il y a le côté sportif dans un premier temps, où j’ai évolué étape par étape. J’ai commencé en D2 puis on est monté en D1, ce qui m’a permis de côtoyer le très haut niveau. Puis j’ai eu la chance d’être convoquée par Corinne Diacre en équipe de France". Elle garde aussi l’image d’un club doyen qui souhaite placer son équipe féminine dans les meilleures conditions possibles. "C’est un club professionnel qui met tout en place pour que les filles réussissent. Et puis au Havre, j’ai pu garder aussi ce côté humain, familial un peu. C’est là que j’ai rencontré mes amies dans le foot".
Son grand saut vers le PSG freiné par une blessure
"Ulrich Ramé m'avait recruté avec l'ambition que je sois n°1 mais ma blessure a redistribué les cartes"
Après deux saisons au HAC, Constance Picaud a rejoint un club qui la suivait déjà lors de ses années vendéennes, le PSG. Malheureusement, la gardienne tricolore est victime d'un rupture des ligaments croisé au genou droit deux semaines après son arrivée dans la capitale. "C'est vraiment une autre dimension. Je me suis très bien adapté. Si on me demande de l'exigence, je la mets. Il y a des ambitions qui sont bien supérieures à celle du Havre, donc forcément, en général, il y a moins ce côté humain, mais je savais dans quoi je me lançais. J'avais fait ce choix. Le seul bémol, c'est que malheureusement, je me suis blessé au bout de 15 jours et ça a mis un bon coup d'arrêt à ma carrière. Sur le papier, quand j'ai signé, tout était réuni pour que je réussisse". À l’époque, c’est l'ancien portier des Girondins de Bordeaux et ex-international français avec un titre de Champion d’Europe en 2000 au passage, Ulrich Ramé qui occupe le poste de directeur sportif de la section féminine du PSG. Il connaît donc bien les exigences de ce poste si particulier. "Il m’avait recruté avec l’ambition que je sois n°1 mais ma blessure a redistribué les cartes. D’autres gardiennes sont arrivées…"
Malgré tout, la Vendéenne parvient à revenir et à gratter du temps de jeu, remportant même ses premiers titres : deux Coupes de France. Remplaçante lors de la finale gagnée par le PSG face à Yzeure en 2022 (8-0), Constance Picaud figure dans le onze de départ la saison suivante, mais son équipe s'incline contre l’OL (2-1). Elle remporte enfin le titre dans la peau d’une titulaire face à Fleury en 2024 (1-0), avant de faire le saut chez le voisin francilien. "J’ai choisi de partir à Fleury pour le temps de jeu", ne cache pas l'ex-Havraise. "J’avais soif de jouer. Porter le maillot d’un très grand club, c’était satisfaisant, mais je ne m’épanouissais pas personnellement. Je préfère descendre d’une ou deux marches et avoir plus de temps de jeu". L’environnement un peu plus familial du club essonnien est aussi plus propice à ses attentes en termes de qualité de vie. "Je voulais trouver un club où le coach me fait confiance, et pour moi, Fleury a été le meilleur projet. La chance que j’ai eue, c’est de retrouver un club avec des ambitions, certes moindre qu’à Paris ou Lyon, mais avec un environnement général un peu plus familial".
Son rôle de n°2 chez les Bleues
"Les Jeux Olympiques ? C'est une histoire que je raconterai à ma fille plus tard"
Appelée une première fois en équipe de France en 2019 par Corinne Diacre, alors qu’elle évolue au HAC, Constance Picaud a tout de même dû attendre le 18 février 2023 pour connaître son baptême du feu chez les Bleues, à l'occasion d'une victoire 5-1 aux dépens l’Uruguay. "J’ai eu la chance que Corinne Diacre m’offre ma première sélection juste avant son départ. Et ensuite, Hervé Renard est arrivé dans le foot féminin. Il avait choisi de faire tourner les gardiennes. Je ne participe pas la Coupe du Monde. Puis il décide de me mettre titulaire après pour la Ligue des Nations et je joue les quatre premiers matchs en tant que n°1. Et survient une nouvelle blessure à la main". Une fois de plus, le sort s’acharne sur la Vendéenne qui perd ce nouveau statut alors qu’au même moment au PSG, le partage du temps de jeu entre les gardiennes ne favorise pas non plus sa stabilité. "Hervé a dû faire des choix différents. Après, pour moi, il n’y a aucun souci à partir du moment où les choses sont claires, et dites de manière bienveillante".
Depuis cette première apparition en 2023, Constance Picaud a joué tout de même 13 matchs avec l’équipe de France avec un bilan positif (7V-1N-5D). Son statut de doublure est resté le même à la nomination de Laurent Bonadei, qui était l'adjoint d’Hervé Renard. "Je prends ce rôle avec beaucoup de positivité. Etre en équipe de France, ce n’est pas donné à tout le monde. Donc être ici, c’est vraiment exceptionnel". Sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, elle est entrée en jeu lors du deuxième match des Bleues, perdu contre le Canada (2-1) en remplacement de Pauline Peyraud-Magnin. Avant de prendre part au quart de finale contre le Brésil, perdu 1-0, en tant que titulaire. Un souvenir inoubliable. "Notre parcours s’est arrêté prématurément donc ça reste un peu douloureux, mais c’était dingue. J’ai joué à Nantes, dans un stade plein, pas loin du coin d’où je suis issue, devant toute ma famille. J’en ai pris plein les yeux. Avec le recul, je suis fière parce que je pars toujours du principe que ce seront des histoires que je raconterai à ma fille plus tard. Et il n’y a pas beaucoup de parents qui pourront confier à leurs enfants qu’ils ont participé aux Jeux Olympiques".
> Ligue des Nations. Demi-finale retour - France / Allemagne, mardi 28 octobre à 21 H 10 au Stade Michel-d'Ornano à Caen.
La demie France-Allemagne à guichets fermés à d'Ornano

Constance Picaud ne s'en souvient pas forcément mais elle est déjà venue à d'Ornano avec les Bleues. En 2021, l'équipe de France avait dominé son homologue anglaise 3-1 dans l'enceinte caennaise. ©Image FFF/ Z.Jeulin
18 000 spectateurs sont attendus au Stade Michel-d’Ornano pour cette demi-finale retour de Ligue des Nations contre l’Allemagne. Au match aller, vendredi, les joueuses de Laurent Bonadei se sont inclinées 1-0. L’intense campagne de promotion de la Ligue de Normandie a porté ses fruits. L’affiche alléchante sur le papier a également attiré la foule. Constance Picaud ne s’en souvient pas, mais elle est déjà venue à Caen, dans la peau d’une remplaçante lors du match France-Angleterre (3-1), en 2021. L'ex-Havraise est, en tout cas, ravie que les Bleues puissent évoluer dans une enceinte pleine à craquer. "Le match est à guichets fermés, c'est magnifique ! Si on pouvait avoir ça tous les week-end, à tous les matchs de l’équipe de France, ça serait la folie. Franchement, félicitations aux organisateurs. Je ne sais pas si tous les supporters seront de Caen, mais en tout cas merci à eux d'avoir acheté leurs billets très rapidement. Franchement, nous les joueuses, ça nous fait vraiment plaisir".
Ce rendez-vous sera le cinquième de l’histoire de l’équipe de France féminine disputé à d'Ornano. Lors de leur quatre première sorties caennaises, les Bleues l’ont emporté à chaque fois :
- 4 avril 2012. France - Pays de Galles 4-0 (qualification à l’Euro 2013)
- 15 septembre 2017. France - Chili 1-0 (amical, premier match de Corinne Diacre à la tête de la sélection)
- 9 avril 2021. France - Angleterre 3-1 (amical)
- 19 février 2022. France - Brésil 2-1 (Tournoi de France 2022)