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David Lottin : "Reprendre dans ces conditions était déplacé voire même déraisonnable"

Auteurs notamment d'un exploit au 4e tour en éliminant Granville (N2), les Flériens ne défendront pas leur chance le week-end prochain contre le FC Rouen (N2). ©FC Flers

Auteurs notamment d'un exploit au 4e tour en éliminant Granville (N2), les Flériens ne défendront pas leur chance le week-end prochain contre le FC Rouen (N2). ©FC Flers

Quand nous l'avons contacté ce samedi matin, David Lottin avait le ton grave. La veille, à l'issue d'une réunion par visioconférence réunissant les joueurs, le staff et les dirigeants, le FC Flers, pensionnaire de R1, a acté son forfait pour le 6e tour de la Coupe de France. Dans une semaine, les hommes de Tony Rouillon étaient censés accueillir, à huis clos, le FC Rouen (N2). Une décision qui se murmurait depuis mardi et l'officialisation, totalement surprenante, de la Fédération française de relancer cette compétition avec l'accord du ministère des Sports. "On a voulu que tout le monde s'exprime de nouveau et surtout que chacun écoute ce que les autres avaient à dire", raconte le co-président du club ornais.

"On nous demande de reprendre la compétition en dix jours après trois mois d'arrêt"

"Cette décision nous fend le cœur. Elle n'a pas été facile à prendre. Certains comprendront notre choix, d'autres non. Je suis, bien entendu, déçu pour mon club, ma ville, ma mairie...". Mais le FCF a estimé qu'il était "déplacé voire même déraisonnable" de disputer cette rencontre dans ce contexte. "C'est une ineptie", ajoute David Lottin. "On a fait un tableau avec les plus et les moins et je dois bien avouer qu'on a quasiment trouvé aucun argument pour jouer ce match(1)". Il faut dire qu'entre le timing plus que serré et la lourdeur du cahier des charges sur le plan médical...

"On nous demande de reprendre la compétition en l'espace de dix jours après trois mois d'arrêt et sans avoir la possibilité de s'entraîner après 18 heures. C'est tout simplement impossible. J'ai sollicité notre président du District (Sébastien Gourdel) pour obtenir une dérogation auprès de la préfecture de l'Orne. Au moment où je vous parle, on n'a toujours pas de réponse(2). De toute façon, ce n'est pas en si peu de temps qu'on se construit une préparation physique". Depuis l'instauration du deuxième confinement, fin octobre, les joueurs de Tony Rouillon n'ont foulé la pelouse, dans le meilleur des cas, qu'à trois-quatre reprises et pour des séances adaptées, sans contact, comme l'imposait le gouvernement.

Six joueurs ont annoncé qu'ils ne voulaient pas jouer

"On connaît tous les efforts requis pour un match de compétition. Ça n'a rien à voir avec des entraînements individuels", rappelle David Lottin. "La dernière séance qu'on a effectuée ensemble remonte à début janvier et certains garçons ont eu des courbatures pendant plusieurs jours. Et pourtant, c'était tranquille, axée sur la circulation de balle". D'ailleurs, au moment d'évoquer cette reprise précipitée, de nombreux éléments du groupe de Tony Rouillon ont exprimé des inquiétudes concernant leur santé. Six d'entre eux ont clairement prévenu leurs dirigeants qu'ils ne voulaient pas jouer. "On n'a pas envie de faire prendre des risques à nos joueurs". Surtout que dans le cas du FC Flers, le FC Rouen, évoluant deux divisions au-dessus, part clairement avec un avantage au regard de ses conditions d'entraînement.

"Certains nous ont dit qu'on les privait du match de l'année. Ce n'est pas tous les jours qu'on affronte une N2"

"La différence de niveau fait partie du charme de la coupe. On est bien placés pour le savoir (le FCF avait éliminé Granville, N2 au 4e tour). Mais là, les conditions font que le fossé s'est creusé de manière irrémédiable. Je sais comment s'entraîne notre adversaire(3). Il y a une iniquité manifeste", lance le co-président. "C'est sûr que pour deux équipes du même niveau, le problème n'est pas du tout le même. Nous, si on avait décidé de jouer dans ces conditions, à chaque contact, c'est un bus que nos joueurs auraient pris". Surtout que les répercussions ne concernent pas uniquement que le rectangle vert.

"Si un de nos joueurs est déclaré positif après un test antigénique que l'on sait tous pas fiable à 100% et trois jours plus tard, il est négatif après un test PCR, ça peut avoir des conséquences sur sa vie personnelle et professionnelle". Pour une autre partie de l'effectif, notamment les plus jeunes, ce forfait est plus difficile à avaler. "Certains nous ont dit qu'on les privait du match de l'année. C'est vrai que ce n'est pas tous les jours qu'on affronte une N2", convient le dirigeant du FC Flers qui ne craint pas de sanction de la FFF suite à ce forfait. "On a obtenu un écrit de la Ligue (de Normandie) stipulant que nous n'aurions pas d'amende et qu'on ne serait pas exclus de la prochaine édition de la Coupe de France". Espérons, désormais, que les instances tiennent parole.

(1)Contrairement à ce qui a été évoqué cette semaine, les clubs engagés au 6e tour de la Coupe de France ne perçoivent aucune somme somme d'argent. La dotation ne commence qu'au 7e tour avec 7 500 € pour chaque équipe qualifiée.

(2)Alors que l'annonce d'une dérogation pour des entraînements après le couvre-feu (18 heures) a circulé dans le Calvados, la préfecture départementale n'avait, vendredi soir, publié encore aucun document officiel le permettant.

(3)Compte tenu de son statut de club de N2, le FC Flers a effectué deux séances classiques (avec contacts et oppositions) hebdomadaire depuis plusieurs semaines.

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