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Guillaume Gonel, le renouveau dieppois

Après le match de Coupe de France contre Angers en janvier 2020, le Dieppois Guillaume Gonel avait partagé un moment avec Stéphane Moulin. ©FC Dieppe

Joueur du FC Dieppe notamment dans les années 2000 puis deux autres saisons sous la direction de Jacky Colinet, Guillaume Gonel attaque son troisième exercice à la tête des Harengs.

Son parcours

"A 30 ans, tu te demandes si c'est le bon moment pour devenir entraîneur"

Que ce soit crampons aux pieds ou assis sur un banc, Guillaume Gonel a partagé toute sa carrière entre deux clubs : Dieppe bien entendu et le voisin eudois (les deux villes sont distantes d'une trentaine de kilomètres). Après avoir évolué en CFA avec les Harengs au début des années 2000 avant d'y retourner durant deux saisons sous la direction de Jacky Colinet, l'ex-défenseur central a connu entretemps une première expérience à l'EFC (à l'époque en DH) sous les ordres de David Giguel, l'actuel coach du FC Rouen. "C'est pendant cette période que j'ai obtenu mes premiers diplômes d'entraîneur", se remémore-t-il. "Et après mon deuxième passage à Dieppe, j'ai eu la possibilité de continuer à me former à Eu avec Joël Guillaumé".

En 2013, ce dernier lui transmet le témoin à la tête de l'équipe fanion. "Au départ, cette proposition m'a laissé perplexe. J'étais encore jeune. Je n'avais que 30 ans quand j'ai arrêté de jouer. Forcément, tu te demandes si c'est le bon moment. Surtout qu'avec les copains dans le vestiaire, il faut être capable de faire la part des choses", développe le manager général du FCD. "Mais avec le plus grand respect des deux côtés, ça s'est bien passé. J'ai eu la chance d'avoir des super mecs. Et depuis mon retour à Dieppe (en 2018), je m'appuie sur les mêmes valeurs".

Son métier

"Tu ne peux pas prôner la formation et ne pas t'investir avec les jeunes"

A Dieppe, Guillaume Gonel n'est pas uniquement le responsable de l'équipe première. Possédant le titre de manager général, il s'occupe également des catégories U8-U9 trois fois par semaine (lundi soir, mercredi après-midi et samedi matin). "Tu ne peux pas crier haut et fort que tu prônes la formation et ne pas s'investir avec les jeunes. Sinon, c'est de la poudre aux yeux". Avec Alexandre Delarue, le coach de la réserve et des U16, qui chapeaute toute la formation, il constitue un binôme en charge de l'ensemble de la partie sportive. "Personne ne m'a rien imposé. C'est important de montrer l'exemple, de mettre le bleu de chauffe. Ça dénote des valeurs qu'on veut incarner". Conséquence : entre le N3, les jeunes et les tâches administratives, le planning est copieusement garni. "C'est du 8 h 30 - 21 heures tous les jours sauf le jeudi. C'est repos".

Une question d'habitude pour le technicien normand. "Quand j'étais à Eu, c'était encore pire. Le week-end, j'enchaînais les U18 le samedi après-midi, les U17 PH le dimanche matin avant de rejoindre les seniors. J'avais juste le temps de manger un casse-dalle dans ma voiture. C'était un rythme de dingue". Mais Guillaume Gonel ne se plaint surtout pas. Bien au contraire. "J'ai la chance de vivre de ma passion. Et à Eu, que ce soit les gamins, les éducateurs ou les dirigeants, tout le monde me le rendait bien. Ici, à Dieppe, j'ai la confiance de mon président (Patrick Coquelet), du comité directeur, de toutes les personnes du club… C'est pourquoi, je ne rechigne pas sur les heures".

A Dieppe, le retour à une identité locale

A Dieppe, on ne plaisante pas avec le ballon rond. "C'est une ville qui pue le foot", lance Guillaume Gonel. "Quand les résultats sont là, tu peux avoir jusqu'à 1 200 spectateurs à Dasnias et dans tous les cas, tu n'as jamais en dessous de 500-600 personnes dans le stade. Tu as aussi un kop qui assure l'ambiance. Parfois, pour communiquer avec les joueurs, ce n'est pas toujours simple". Plutôt rare à ce niveau. "C'est incontestablement un atout". Pourtant, avant sa nomination en 2018, le ressort s'était un peu distendu. "Les gens ne se reconnaissaient plus dans l'équipe". D'où la volonté à son arrivée de repartir avec une ossature de locaux : Frédéric Burel, Jimmy Garnier, Théo Letombe… "Mais il ne faut pas croire, la reconstruction prend du temps. Rome ne s'est pas bâtie en un jour".

Conséquence de la crise sanitaire, l'effectif des Harengs ne comprend plus aucun contrat fédéral cette saison. "Par rapport à notre philosophie, on préfère aider les garçons dans leur insertion professionnelle en leur trouvant un boulot ou une formation", explique Guillaume Gonel. "En plus, en procédant ainsi, c'est plus facile pour eux de s'inscrire dans la durée. Et là, on colle parfaitement avec notre projet d'identité club". Pour le plus grand bonheur des centaines de fans dieppois.

Un entraîneur qui a compté

"Jacky Colinet pouvait te renverser la tête pendant une causerie"

André Auzoux, Franck Deloménie, David Giguel… Durant son parcours de joueur, Guillaume Gonel a connu de nombreux entraîneurs. "Tu essayes de piocher dans chacun en te demandant ce qui se rapproche le plus de tes convictions", explique-t-il. Mais celui qui l'a le plus influencé est incontestablement Jacky Colinet. "C'est lui qui m'a donné la fibre, l'envie de transmettre ce que j'ai reçu", témoigne le coach dieppois en dressant un portrait dithyrambique de son ancien mentor. "Jacky, c'était une mine d'or (il est décédé en août 2012). Il était capable de te transcender un mec. Quand tu arrivais pour la causerie, tu étais sûr que tu ne pouvais pas gagner et en ressortant, il t'avait renversé la tête. Tu étais convaincu du contraire. Il avait ça en lui".

Bien des années plus tard, un autre technicien l'a marqué : Stéphane Moulin. Les deux hommes se sont croisés la saison dernière à l'occasion du 1/32e de finale de Coupe de France opposant leurs deux équipes (succès 3-1 du SCO). "A la fin du match, on a discuté pendant une demi-heure. Ce fut enrichissant. J'ai senti beaucoup de respect de sa part. Sa vision du foot me plaît".

Le foot, une passion familiale

"Mes deux fils m'accompagnent dans le bus pour chaque déplacement"

"Je mange foot, je vis foot, je dors foot". Guillaume Gonel ne le cache pas, le ballon rond occupe une grande partie de son quotidien. Une véritable passion héritée des ses oncles et de son papa, Patrick. "Je suis issu d'une famille de footeux. Je suis baigné dedans depuis tout petit. Chez nous, le foot, c'est une religion". Une religion qu'il a transmise à ses deux "petits loulous", comme il les appelle : Gabriel (8 ans) et Marius (4 ans). "Ils sont mordus. Les deux jouent à Dieppe". Deux fils qui ne manqueraient pour rien au monde une rencontre de leur père. "Ils m'accompagnent dans le bus à chaque déplacement. C'est un moment sacré pour eux". Quelque chose nous dit qu'on n'a pas fini d'entendre parler de la famille Gonel au FC Dieppe.

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