Le Canteleu d'Adama Sidibé (D4) défie Romilly (N3) en Coupe de France

Au 2^e tour de la Coupe de France, l'exploit du Canteleu FC, pensionnaire de Départemental 4, n'est pas passé inaperçu, même à l'échelle hexagonale. Opposés à Bihorel GCO (R2), les joueurs de la banlieue rouennaise l'ont emporté 1-0 malgré un écart de cinq divisions sur le papier. Une réussite rare à ce niveau qui a évidemment mis sous le feu des projecteurs les projecteurs sur l'ancienne cité de Gustave Flaubert, plus encore depuis que le tirage au sort du 3^e tour (qui sera disputé ce dimanche) a placé Romilly-Pont-Saint-Pierre, club de National 3, sur la route du CFC. Comment expliquer qu'une équipe qui sort actuellement de la nasse ait pu franchir deux tours dans cette « Vieille Dame » alors même qu'elle évolue au plus bas échelon normand ? La réponse tient en un mot : résilience. En difficulté, le club s'en est remis à la main secourante de l'un de ses plus fidèles amoureux : l'attaquant de National 2 Adama Sidibé, devenu président en juillet 2020 alors même qu'il continue à martyriser des défenses chaque week-end.

On ne trouve pas à tous les coins de rue des footballeurs à la fois joueur et à la tête d'un club. C'est pourtant la double casquette qu'a choisi de porter et d'assumer le buteur qui vient de fêter son 30^e anniversaire. Avec plusieurs acolytes, il a fait en sorte que le club ne soit pas rayé de la carte. "Je me suis retrouvé président tout d'abord parce que je viens de Canteleu, j'y ai grandi et c'est là-bas que j'ai commencé le football", retrace le président-joueur. "Même en jouant au FC Rouen, je me suis investi dans le club en allant par exemple sur certaines séances de jeunes le mercredi et malheureusement, le club a connu quelques soucis au niveau de l'équipe première".

En raison de sévères problèmes disciplinaires, le Canteleu FC a en effet vu son équipe fanion suspendue cinq années durant, fragilisant de fait toute la structure. Sans une relance saine de la part de repreneurs, qui sait ce qui serait advenu de l'association cantilienne ?  "Au départ, je ne voulais pas prendre la présidence, ce sont les gens qui m'ont sollicité en me disant que je saurais apporter du changement", poursuit l'attaquant. "On a fini par me convaincre en me disant que j'apporterais l'image de quelqu'un qui connaît bien le football". Et alors qu'il s'imaginait éventuellement président à la suite de sa carrière, c'est le confinement du printemps 2020 qui a précipité les choses pour le natif de Canteleu qui s'est alors entouré, entre autres, de son ami Oumar Gueye, ex-joueur de Maromme. "Je ne me sentais pas d'y aller seul mais à plusieurs, c'est plus facile de se lancer dans une telle aventure". 

La Coupe : une fête, pas un objectif 

Repartie au plus bas niveau départemental, l'équipe fanion du Canteleu FC avait réussi une entame parfaite la saison dernière avant que la Covid-19 ne diffère d'un an son entreprise de renaissance. Sous l'impulsion d'Adama Sidibé et des siens, la formation de la couronne rouennaise ambitionne à nouveau de vite grimper les échelons et s'est dotée pour cela de joueurs rompus aux divisions supérieurs, Oumar Gueye en tête. Voilà qui explique en partie l'aventure estivale en Coupe de France d'une équipe qui vaut assurément plus que son étiquette de pensionnaire de Départemental 4. "L'équipe première doit être notre vitrine", clame Adama Sidibé. "L'objectif prioritaire, c'est de récupérer nos jeunes qui sont partis vers les clubs aux alentours comme Mont-Saint-Aignan, Maromme ou Grand-Quevilly vu que ce n'était pas très carré chez nous". Pour ce faire, le CFC est en train de se doter d'une équipe d'éducateurs bien formée afin "de se remettre sur les rails au niveau de la formation".

S'il souhaite aussi par-dessus tout donner une dimension sociale à son club pour aider les enfants sortis du système scolaire, Adama Sidibé doit aussi jongler avec une nouvelle donne puisqu'il évolue cette saison non plus au FCR mais à Chartres (N2). "Il a fallu s'adapter car naturellement je vis là-bas maintenant", confie l'attaquant. "J'échange beaucoup au téléphone avec la vice-présidente Christina Martel et le comité directeur. Là, je prépare à distance le match de dimanche".

Le programme du week-end pour le président Adama Sidibé est déjà tout tracé : après avoir défié Plabennec en championnat de N2 samedi, il prendra la route pour sa Normandie dimanche matin afin de rejoindre son club en vue de la rencontre contre Romilly. "On est très content même si on aurait espéré tirer encore des équipes plus abordables", observe le joueur âgé 30 ans. "Romilly c'est le plus haut niveau sur lequel on pouvait tomber". Ce duel apparaît ainsi davantage comme une grande fête qu'une véritable priorité. "Ça va ramener du monde, on a la chance d'avoir de belles installations, un très beau complexe, on tentera de faire un coup. Les gars sont archi-motivés et je suis persuadé que le public sera au rendez-vous. On n'a pas oublié de mobiliser tous les jeunes du quartier autour de cet événement". Détenteur d'un budget qui reste très restreint, le CFC va aussi pouvoir s'offrir quelques recettes de buvette et de billetterie, forcément bienvenues. Sans oublier toutefois que le but cette saison n'est pas de passer des tours en coupe mais bel et bien de rejoindre le Départemental 3 en fin de championnat.

> Coupe de France. 3^e tour - Canteleu (D4) / Romilly-Pont-Saint-Pierre (N3), dimanche 19 septembre à 15 heures au Stade Albert-Dupré.

Aurélien RENAULT