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Le Havre, porte-drapeau du football féminin normand

Obligés de réduire son contingent d'Américaines pour se mettre en conformité avec les règlements fédéraux, les dirigeants havrais se sont tournés vers le marché britannique à l'image du brecrutement de l'Ecossaise Lois Heuchan. ©Soizic Mercier

Obligé de réduire son contingent d'Américaines pour se mettre en conformité avec les règlements fédéraux, le HAC s'est tourné vers le marché britannique à l'image de l'arrivée de l'Ecossaise Lois Heuchan. ©Soizic Mercier

Thierry Uvenard, une légende du HAC, comme coach

Au Havre, Thierry Uvenard a tout connu ou presque. Originaire du quartier de Soquence, issu de la Cavée Verte, comptant 216 rencontres professionnelles (en D1-D2)…, cet ancien défenseur - à peine sa paire de crampons rangée - a enchaîné sur le banc des « Ciel et Marine ». Tout d'abord à la formation (U15-U18) avant de devenir adjoint (de Francis Smericki et Jean-François Domergue notamment) puis d'endosser le costume d'entraîneur principal pendant plus de deux saisons (mars 2005-juin 2007). Alors quand la possibilité de revenir dans son club de cœur s'est présentée en 2017, l'ex-n°2 d'Alain Casanova à Toulouse puis à Lens n'a pas hésité une seule seconde. "Dès son arrivée, le président (Vincent) Volpe a voulu monter un projet d'une section féminine de haut niveau. Il cherchait un coach. J'étais disponible. On a discuté 20-25' et j'ai accepté sa proposition", se souvient Thierry Uvenard séduit par le discours du dirigeant américain et les moyens mis à sa disposition.

"On joue nos matches à domicile au Stade Océane, on s'entraîne à la Cavée Verte dans des infrastructures de qualité avec des séances en journée et non en soirée comme dans d'autres équipes de notre division. On s'organise pour que les filles aient des emplois du temps adaptés". Après une dizaine d'années à travailler dans l'univers masculin, le technicien normand vit sa première expérience dans le football féminin. "On apprend à tout âge (il a 54 ans). C'est intéressant de découvrir autre chose. C'est très formateur dans la gestion d'un groupe. Les filles sont à l'écoute, elles ont envie de progresser. Il y a une plus grande proximité dans la relation entraîneur-entraînées".

Ayant tout connu ou presque au HAC, Thierry Uvenard n'a pas hésité une seconde quand le président Vincent Volpe lui a proposé la responsabilité de l'équipe féminine.

Une équipe avec un fort accent américain

Pour donner un coup d'accélérateur à son projet, Vincent Volpe s'est  tourné vers son pays natal. Avant d'attaquer l'exercice 2017-2018 en R1, huit Américaines ont débarqué. "On s'est rendus à Philadelphie pour les recruter. Ce sont des joueuses qui évoluaient chez les universitaires aux Etats-Unis et qui avaient fini leurs études", lance Thierry Uvenard. Et les résultats ne se font pas fait attendre. Avec ces précieux renforts, les Havraises ont écrasé la concurrence régionale : 22 victoires pour un match nul (contre l'AG Caen), 146 buts marqués pour sept encaissés ! Si les deux tours de barrages ont constitué des obstacles un peu plus durs à surmonter, les partenaires de Marine Allez - vainqueurs d'Amiens (1-0, 4-0) puis de Nice (2-2, 1-0) - ont, bel et bien, composté leur billet pour la Division 2.

Pour se mettre en conformité avec les règlements fédéraux qui n'autorisent que trois éléments extra-communautaires sur la feuille de match*, le HAC a dû diminuer cette saison son contingent d'Américaines. "Actuellement, on en a cinq mais seules trois peuvent jouer chaque week-end", précise l'entraîneur de la section féminine. Pour compenser, les dirigeants normands ont fait leur marché en Grande-Bretagne avec les signatures de Martha Thomas (Américano-anglaise), Courtney Brosnan (Américano-irlandaise), Lois Heuchan (Ecossaise), Ellie Leek et Elie Rhian Cleverly (toutes les deux Galloises).

"Pas uniquement, on a aussi engagé des Françaises (Aurélie Gagnet, Margaux Huaumé, Elodie Policarpo, Ikram Adjabi, Léa Kergal)". Avec un groupe composé à 50% d'anglophones, Thierry Uvenard s'est mis à la langue de Shakespeare. "Je me fais des petits cours tous les jours de 20-30'. J'ai progressé. Je parviens à m'exprimer. C'est plus difficile de comprendre ce que certaines filles me disent. Mais j'ai des relais dans l'effectif", indique un technicien havrais pour qui la barrière de la langue ne constitue en rien un frein. "Le football, jusqu'à preuve du contraire, ça se joue avec les pieds. Quand on ne peut pas expliquer quelque chose, on le montre".

Les Havraises disputent la plupart de leurs matches à domicile au stade Océane. ©Soizic Mercier

Objectif D1 en 2019

Pour leur baptême du feu en D2, Marine Allez et ses coéquipières réalisent un parcours plus que satisfaisant (quatrièmes avec 8V-3N-4D). "A cause de plusieurs blessures durant notre préparation, on a commencé doucement (2V-3N-3D lors des huit premières sorties avant d'enchaîner quatre succès consécutifs jusqu'à la trêve de Noël). Mais pour moi, aucun adversaire ne nous est supérieur. Il nous manque juste un peu d'expérience dans ce championnat. Il faut en passer par là", analyse Thierry Uvenard qui vise à court terme l'étage supérieur. "Quand le président Volpe m'a présenté son projet, l'objectif était de monter en D1 d'ici 2019 et de titiller les meilleurs".

Si cette saison, le leader rémois semble déjà hors de portée (14 points d'avance après 15 journées), le coach havrais lorgne la deuxième place (une longueur de retard. Une position que l'ex-défenseur espère voir dans un avenir proche synonyme de barrage d'accession afin de rendre le championnat plus ouvert (la D2 féminine est composée de deux poules). "Si la Fédération me le demande, j'ai deux-trois idées pour faire avancer le football féminin. Déjà, il faudrait un niveau intermédiaire entre le Régional et la D2 car c'est un parcours du combattant pour y accéder". En attendant, la section féminine du HAC se structure. Créée à l'initiative de Thierry Uvenard en 2017, la réserve évolue, grâce à quelques désistements, en R1. "Ce qui permet aux filles qui ne sont pas convoquées en D2 de jouer à un certain niveau". Et la saison prochaine, les « Ciel et Marine » se doteront de U19 nationaux, une obligation figurant dans le cahier des charges de la Fédération.

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