Tous les clubs n’ont pas pu voter
C’est incontestablement le principal point noir de la soirée de jeudi. En raison de difficultés de circulation, liées en grande partie à la mobilisation des agriculteurs, plusieurs représentants de clubs sont arrivés en retard à l’assemblée générale (AG)*. Conséquence, ils n’ont pas pu prendre part aux nombreux votes ; l’horaire maximum pour retirer son boîtier électronique ayant été fixé à 18 H 30. Et à ce sujet, la commissaire de justice mandatée par la Ligue (LFN) s’est montrée inflexible. "C’est honteux et irrespectueux", a tonné un dirigeant de l’AS La Selle La Forge. Certains de ses homologues dans l’hémicycle, dont Thierry Deslandes, le président de La Mos, ont demandé une exception. Ils ont essuyé un refus catégorique. Alors, bien sûr, si le règlement a été appliqué à la lettre, pour l’esprit, on repassera.
*Lors de cette AG, 339 clubs, sur un total de 618, étaient représentés, soit 58,4% des voix exprimés.
La fin des montées pour les meilleurs deuxièmes
Sur le plan sportif, cette AG a été marquée par le vote de la suppression des montées deux meilleurs deuxièmes en R2 (2/4) et en R3 (4/8), à partir de la saison 2026-2027. Une proposition qui a été adoptée d’une courte tête (1 183 pour, 1 108 contre). Présentée comme un moyen de diminuer le nombre de relégations dans les trois divisions régionales ; ce qui est techniquement vrai, cette modification peut également être interprétée comme la première pierre du projet de restructuration des championnats régionaux, avec en ligne de mire, la création d’une poule unique en R1, à 14 équipes ! A compter du mois de janvier, un groupe de travail, réunissant différents présidents de clubs, sera mis en place pour plancher sur l’avenir de ces compétitions.
Un déficit de 644 000 €
L’info avait été communiquée aux clubs en amont de cette AG. Autant dire qu’ils n’ont pas été surpris quand Eric Rastell, le trésorier de la Ligue, a annoncé un déficit de 644 000 € pour la saison 2024-2025. Un exercice qui possède la particularité d’être partagée entre deux mandatures : celle de Pierre Leresteux, du 1er juillet jusqu’en novembre, avant que l’équipe conduite par Romain Féret ne prenne le relais. Forcément, ce chiffre interpelle alors que 12 mois auparavant, la LFN présentait un résultat bénéficiaire de 2 700 € ! Un écart si conséquent d’une année sur l’autre qu’il a poussé le président Romain Féret a sollicité un audit de la part de la FFF sur la période 2022-2025, quand bien même les finances avaient été validées par un commissaire aux comptes, à l’époque comme aujourd’hui d’ailleurs.
En attendant le résultat de cet audit, on peut d’ores et déjà avancer quelques pistes pour expliquer une telle différence ? La réévaluation des provisions pour risques prudhommales (+ 146 000 €), la baisse des partenariats privés (- 35 000 €), l’abandon de créances des clubs inactifs (- 48 000 €), l’augmentation de la masse salariale et des charges sociales (+ 118 000 €) figurent parmi les principaux postes qui ont creusé ce « trou ». "Il convient de noter que le niveau de la rémunération en 2024 ne correspond pas au niveau normal des années précédentes", précise Eric Rastell, référence notamment au départ de deux techniciens qui n’ont pas été remplacés en 2023 (ils l’ont été depuis). La dépréciation totale de la dotation Nike, partenaire de la FFF, dans les stocks a aussi contribué à accroître ce déficit. Et pour cause, la saison auparavant, elle avait été valorisée à hauteur de 110 000 €. Un changement de méthodologie comptable, bien que le cabinet d’expertise ait été le même sur ces deux saisons (depuis, sa mission de conseils auprès de la LFN n’a pas été renouvelée), qui n’a pas manqué d’interpeller plusieurs dirigeants dans l’assistance.
Toutefois, malgré ce « dérapage » financier, "la Ligue n’est pas en danger", (r)assure le trésorier. Tout d’abord, l’instance régionale va puiser dans ses fonds propres, héritage de la direction précédente, à hauteur de 4 M€ pour combler ce « trou ». Ensuite, à partir de cet exercice 2025-2026, la LFN bénéficiera d’une manne supplémentaire d’environ 360 000 €, via l’augmentation de 3 € par licence (sur une estimation de 120 000 licenciés, chiffre dépassé en 2025) votée au mois de juin afin "d’anticiper une situation économique défavorable". Par ailleurs, alors qu’elle a économisé 60 000 € avec la généralisation des visios ; une promesse de campagne de Romain Féret, la Ligue va s’astreindre à une cure d’austérité en gelant, par exemple, les embauches et les augmentations.
