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Les 900 matches de Philippe Clément sur le banc du SU Dives-Cabourg vus par ses pairs

C'est au travers des témoignages de Bernard Guyonnet, Johan Gallon et Vincent Laigneau que nous avons décidé d'aborder le 900e match sur le banc divais de Philippe Clément.

C'est au travers des témoignages de Bernard Guyonnet, Johan Gallon et Vincent Laigneau que nous avons décidé d'aborder le 900e match sur le banc divais de Philippe Clément.

Pour sa 28e saison au SU Dives-Cabourg, Philippe Clément va franchir ce week-end, en National 3, une nouvelle barre symbolique, celle des 900 matches passés sur un même banc. Voilà qui vous pose un entraîneur. "Son parcours est exceptionnel, sa passion ne le quitte pas", réagit Bernard Guyonnet, ancien joueur du Stade Malherbe qui côtoie le technicien divais depuis ses jeunes années passées au club caennais de La Butte. "Et encore 900, je pense que ce n'est qu'une étape, dans trois ans, on fêtera le millième !" Les anecdotes autour du coach qui rejoignit le club divais en 1994 après avoir répondu à une petite annonce sont innombrables et plus qu'un article, c'est un véritable roman qu'il faudrait pour toutes les énumérer. "Je pense qu'il pourrait raconter des centaines d'histoires de ce qu'il a pu faire à ses joueurs, de la manière dont il a pu les aider", confie Johan Gallon, l'ex-entraîneur de l'US Granville qui possède une vraie connexion sur le plan humain avec Philippe Clément. "Ce qu'il dégage, c'est qu'il est très proche des gens, très protecteur. C'est quelqu'un qui a beaucoup de cœur"

"Je pense qu'on devient entraîneur dès la naissance et je pense que c'est vrai pour nous deux", Vincent Laigneau

Une telle longévité à la tête d'un club de cet échelon est rare, inexistante même à l'échelle de la Normandie. "Ça prouve qu'il est attaché aux valeurs du club et à celles de la ville", poursuit Johan Gallon. "Il y a un climat spécial dans cette ville, elle dégage beaucoup de force et de valeurs. Les habitants de Dives sont des gens qui ont du courage. Philippe s'y est bien retrouvé, il a pu y mettre en place son projet. Désormais, Dives et Philippe sont indissociables". Actuellement à la tête de l'US Alençon, Vincent Laigneau salue son ami et rival. "Il a cette force en lui capable de rassembler tous les joueurs qu'il a eus, c'est un phénomène sur les causeries. C'est un garçon unique, son parcours est unique".

Quand le jeune Philippe Clément, 23 ans, a posé ses valises sur la Côte Fleurie, sans savoir alors où il mettait les pieds, il n'était pas gravé dans le marbre qu'il s'engageait alors pour un voyage long de 900 matches, en attendant plus. Pour autant, les caractéristiques qui sont actuellement les siennes et les valeurs qu'il expose au grand jour sommeillaient, semble-t-il, déjà en lui. "Je l'ai connu lorsqu'il jouait encore chez les minimes", se souvient Bernard Guyonnet. "J'ai alors découvert un gamin attachant mais déjà un meneur, un meneur positif. Il y avait déjà l'entraîneur derrière tout ça. C'était déjà un gars qui était dans le partage. Je le retrouve maintenant comme je l'avais découvert à l'époque". Au fil des saisons, le football a évidemment évolué mais de l'avis général, le technicien n'a pas vraiment changé sa façon de faire. "Il a toujours été disponible, capable d'amener de la force et de l'énergie", témoigne Vincent Laigneau qui se reconnaît un peu en Philippe Clément. "Les années passent, l'âge est là mais il y a une certaine vérité. Je pense qu'on devient entraîneur dès la naissance et je pense que c'est vrai pour nous deux".

La passion, le respect des hommes et la gagne dans la peau

Qu'à cela ne tienne, à Dives, Philippe Clément n'a pas toujours vogué sur une mer d'un calme plat. Loin de là. À ses débuts d'ailleurs, devant des premiers résultats moyens, le coach nous confiait il y a quelques années s'être demandé : "Qu'est-ce que je fous là ? C'est trop tôt !" S'il a sorti le club de divisions plus anonymes, souvent dans l'allégresse, l'entraîneur historique a aussi vécu quelques désillusions, comme ce passage à vide suite à la relégation en Régional 1, en 2018. Pour autant, le technicien divais est sans cesse resté mobilisé. "Des fois, il y a une fatigue qui s'installe, une usure mais il a toujours su trouver l'énergie pour repartir", observe Vincent Laigneau, admiratif. "Il sait se ressourcer et il sait comment bien s'entourer pour continuer à avancer". Cette capacité à toujours se relancer à Dives est paradoxalement ce qui l'a, sans doute, empêché d'aller voir ailleurs ou plus haut. C'est en tout cas ce que pense Johan Gallon. "Pour moi, il pouvait prétendre à une carrière d'entraîneur encore plus belle, dans des divisions supérieures, je le lui ai d'ailleurs déjà dit", détaille l'ex-Clermontois. "Mais son choix est personnel et ça se respecte"

"je suis optimiste mais je pense que je ne vivrai pas assez longtemps pour ne plus le voir sur le banc",
Bernard Guyonnet

Au-delà des chiffres, au-delà des valeurs, demeure le plus important, l'essentiel même : le football. Un terrain où de l'aveu de bien des observateurs, l'ancien de Malherbe a toujours fait preuve d'un esprit de compétition hors pair. "Quand vous affrontez Dives et donc Philippe Clément, vous savez toujours que ça ne sera jamais une partie de rigolade", atteste Johan Gallon. "Philippe a beau aimer les gens, à partir du moment où il est assis sur le banc, il défend les couleurs du SU Dives et il n'a plus d'amis. Pendant 90 minutes, il n'a plus qu'une envie, c'est de gagner, dans les règles du jeu". Et sur tous les terrains de Normandie, ou presque, beaucoup connaissent la voix sonore et rocailleuse du coach de 51 ans.

Cette irrépressible envie de gagner, Vincent Laigneau, à coup sûr l'entraîneur qui a le plus croisé la route de Philippe Clément, l'a évidemment constatée. Au gré d'un coup de gueule ou d'un coup de sang, la passion a même parfois pris le pas sur la raison, mais jamais bien longtemps. "On est des passionnés tous les deux", concède l'ex-responsable du Bayeux FC. "On défend nos couleurs, on est entiers tous les deux, ça nous a valu des confrontations parfois bouillantes. Mais ça ne nous a pas éloignés, loin de là. Il y a eu des choses pas sympas à vivre mais ce qui est bien avec Philippe, c'est que dès que ça retombe, on est vite capable de se parler et de boire une bière. Aujourd'hui, on sait être là l'un pour l'autre quand on a des besoins". Des aptitudes à fédérer, un amour indéfectible pour ses joueurs et une passion débordante pour le jeu, voilà peut-être les trois piliers qui viennent expliquer pourquoi ce samedi 26 février, l'implacable Philippe Clément abordera contre Saint-Lô son 900e match sur le banc du même club, armé de son éternelle envie. "Ce qu'il accomplit est louable et admirable", conclut Bernard Guyonnet qui se tourne déjà vers l'avenir. "Je suis optimiste mais je pense que je ne vivrai pas assez longtemps pour ne plus le voir sur le banc".

> N3. J15 - Dives - Cabourg (12e - 12 points) / Saint-Lô (5e - 21 points), samedi 26 février à 18 H 30 au Stade André- Heurtematte.

Johan Gallon et l'instruction de la Coupe de France

Des nombreuses anecdotes livrées par nos trois intervenants, celle qui concerne Johan Gallon et la Coupe de France reste l’une des plus marquantes. L’ancien coach de Granville se plaît d’ailleurs souvent à l’évoquer tant elle a nourri son parcours d’entraîneur. "Lors de ma première saison à la tête de Granville, en DH, on est tombé contre Dives et Philippe Clément et ils nous ont éliminés aux penalties", raconte-t-il. "C’est là, au fil d’une discussion, que Philippe m’a fait comprendre de nombreuses choses puisqu’il avait cette expérience du monde amateur que moi, je n’avais pas". A l’époque, influencé sans aucun doute par son vécu professionnel, Johan Gallon ne pensait qu’au championnat et à faire monter Granville. La Coupe de France, elle, n’avait pas autant d'importance.

Philippe Clément a alors joué un rôle de détonateur dans l’esprit du natif de Caen. "Philippe m’a dit : « Jo, je pense que tu fais une erreur. La Coupe de France, pour un club amateur, c’est exceptionnel. C’est là que tu vas vivre tes plus grandes émotions, moi, pour avoir fait quelques parcours avec Dives, je peux te dire que ça génère quelque chose de magique autour du club ». Dès lors qu’il m’a expliqué ça, je me suis dit qu’il avait raison et qu’il ne fallait pas la galvauder. Après ça, j’ai mis de l’intérêt dans la Coupe et mes parcours ont commencé (avec notamment un quart de finale en 2016)". Avec à l’arrivée, le poids marquant de l'US Granville sur l’histoire récente du football normand qu’on connaît tous.

Aurélien RENAULT

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