Petit Poucet normand de la Coupe de France, le Bayeux FC (R1) accueillera Blois, pensionnaire de N2, dans un Stade Henry-Jeanne qui s'annonce, une nouvelle fois, à guichets fermés (environ 2 500 spectateurs). Avant ce grand rendez-vous, samedi (15 H 30), la rédaction de Foot Normand consacre une semaine spéciale au club du Bessin et à son épopée dans cette « Vieille Dame ». Troisième volet de cette série avec le portrait croisé de Michel Martin et Richard Renaux, les deux indispensables bénévoles des « Jaune et Bleu ».
La connexion entre Michel Martin (63 ans) et Richard Renaux (54 ans) est telle qu’une fois qu’on les a rencontrés, on en vient à voir des signes partout. Première similitude, leurs initiales : « MM » et « RR », des consonnes identiques. Ensuite, bien que le rendez-vous ait été donné dans le centre-ville de la cité Bajocasse, ils sont tous les deux habillés aux couleurs du BFC. Enfin, quand ils vous proposent de vous envoyer une photo représentant leur duo, ils vous envoient la même, sans se concerter. Deux personnages attachants, qui aiment leur club et celui-ci le leur rend bien, notamment ces dernières semaines. En témoigne le chant d’anniversaire dédié à « Mimi », comme il est surnommé, entonné par le vestiaire après la qualification en 32e de finale, à Yvetot (1-0), fin novembre (voir ci-dessous). Leur attachement au maillot « Jaune et Bleu » est tel que les deux bénévoles ont avoué "s’ennuyer" les week-ends où il n’y a pas de match. Portrait croisé des deux hommes de l’ombre du staff d’Eric Fouda.
« 𝐽𝑜𝑦𝑒𝑢𝑥 𝑎𝑛𝑛𝑖𝑣𝑒𝑟𝑠𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑀𝑖𝑚𝑖 »
🎂 Mis à l’honneur par ses joueurs, difficile de rêver plus beau cadeau pour Mimi, ce dirigeant-bénévole de toujours, ou presque, au @Bayeux_FC (#R1) qu’une qualification pour les 32e de finale @coupedefranceCA pic.twitter.com/wuFCuVmwZR— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) November 30, 2025
Leur arrivée au Bayeux FC
"Quand j’ai vu ce que c’était le Bayeux FC… j’avais les yeux partout"
Le premier à rejoindre le club du Bessin, c’est Richard Renaux. Originaire de la région dieppoise, il était attaché au CA Longueville-sur-Scie. Alors qu’il travaillait dans une laiterie qui a été rachetée par le groupe Lactalis puis fermée, on lui a laissé le choix d’une mutation entre Lisieux et... Bayeux. "On m’a fait visiter les deux sites industriels, et avec l’autorisation de madame, on a choisi Bayeux. On avait trois enfants, il fallait qu’on prenne cette décision tous les deux, on pensait à leur futur, leurs études possibles sur Caen. Et il y a la mer pas loin". Arrivé en 2007, et arbitre dans son club précédent, il tenait à reprendre cette activité. "Je voulais connaître du monde par le biais du sport. Mais moi qui étais en district, quand j’ai vu ce que c’était le Bayeux FC, le nombre d’équipes, tous les terrains… J’avais les yeux partout".
Michel Martin a, lui, posé ses valises plus tardivement au BFC, suivant le recrutement concomitant de son fils, Clément ainsi que de Matthias Le Gall en tant qu’éducateur dans les catégories U17-U19, en 2014. Ils étaient alors tous les trois licenciés à la Lystréenne Sportive au Mollay-Litry. "Matthias m’a expliqué que comme mon fils venait, il verrait s’il n’y avait pas besoin d’un dirigeant à Bayeux. Il m’a appelé un soir en me disant : « Ils veulent que tu viennes ». Et voilà". Celui qui était alors également pompier volontaire a rapidement trouvé sa place chez les « Jaune et Bleu ». "Au début, je faisait juste la touche, puis on m’a donné un peu de médical. J'entrais sur le terrain dans les équipes de Matthias en U17, en U19, en R3 puis en équipe première", sourit le sexagénaire, aujourd’hui à la retraite après avoir effectué toute sa carrière aux abattoirs Elivia à Villers-Bocage.
Leur première collaboration et leur rôle actuel
"Je ne voulais pas prendre la place de quelqu’un"
C’est donc quand Matthias le Gall a repris l’équipe première, en juin 2029, que les deux compères se sont retrouvés pour la première fois dans le même encadrement, même s’ils se connaissaient déjà. "Je voulais bien intégrer l’équipe première mais il fallait que Richard soit d’accord", explique Michel Martin. "Je ne voulais pas prendre la place de quelqu’un". "Il y avait déjà une connexion, car on se croisait sur les terrains en allant voir les jeunes : les U17, les U18, les U19…", raconte Richard Renaux. "Cela permet de mélanger les équipes et aux jeunes de connaître l’équipe première s’ils sont amenés à monter à un moment donné". Intégré au staff senior, le papa de Benjamin s’occupait déjà de l’intendance, et notamment la gestion des équipements. Une mission dont il a toujours la charge aujourd'hui. "Avec la complicité de madame. Mon épouse, Anita m’aide dans cette tâche", tient à préciser l’intéressé. Son couple est d’ailleurs si impliqué au BFC que sa femme est membre du comité directeur du club, où leur fils Benjamin, est l'un des tauliers de l’attaque bayeusaine.
"J’ai aussi en charge la gestion de la tablette en bord de terrain. Je remplis la feuille de match. On peut dire que je suis le dirigeant responsable. Eric (Fouda, l'entraîneur) m’envoie sa composition, je la prépare à la maison, au calme", rapporte Richard Renaux. Ce qui permet au duo de gagner du temps lorsqu’il faut préparer le vestiaire avant l’arrivée des joueurs, sortir le bon jeu de maillots… « Mimi », lui, a toujours ce rôle « médical », même si l’arrivée d’un kiné l’a soulagé un peu. "Je seconde Richard. Je m’occupe aussi des minibus, de la partie logistique... J’ai en charge aussi la partie pharmaceutique. En R1, le kiné n’intervient pas sur le terrain, car on n'a le droit qu’à quatre dirigeants sur le banc. Mais par contre, il peut en Coupe de France. Il a un avis plus professionnel".

Tout le banc du BFC, dont Richard Renaux (au premier plan), se lève comme un seul homme après une nouvelle qualification en Coupe de France. ©Damien Deslandes
Leur complicité
"On a juste à se regarder dans les yeux, c’est instinctif entre nous"
Aujourd’hui, le « numéro » des deux artistes est tellement rodé qu’un regard leur suffit pour se comprendre. "On a juste à se regarder dans les yeux", abonde Richard Renaux. "Tout à fait, c’est marrant. Et puis on s’appelle au moins une à deux fois par semaine pour l’organisation. Le minibus, les couleurs des maillots, les heures de rendez-vous", complète Michel Martin. Par rapport au reste de la délégation bayeusaine, les deux compères arrivent évidemment plus tôt pour préparer le vestiaire lors des matchs à domicile, mais aussi à l’extérieur, afin de faire « chauffer » les véhicules et les charger avant le grand départ. "C’est instinctif entre nous", confie celui qui a la plus grande ancienneté au BFC. "On arrive avant, on prépare tout : maillots, équipements, bouteilles. Les joueurs ont leur vestiaire tout prêt". Leur investissement est si important que les deux bénévoles feraient presque passer le club du Bessin pour une structure « pro ». Après avoir tout mis en place, les deux dirigeants s'accordent une « pause clope », très importante aux yeux de « Mimi » quand bien même ce dernier a arrêté de fumer depuis plusieurs années ! Ce petit moment, c'est le leur. Il traduit une entente parfaite. "On ne se prend jamais la tête", assure le retraité.
Leur attachement au club
"On peut le dire, Luis Ferreira-Pavesi a recréé une famille"
Cette implication, elle est aussi le reflet d’une confiance accordée par Luis Ferreira-Pavesi, le président du Bayeux FC depuis octobre 2023. "« OK, je prends le club, mais on va le structurer », a-t-il lancé à son élection. Il s’est entouré des bonnes personnes, de chefs d’entreprises par exemple", rappelle Michel Martin. "C’est un amoureux du foot", poursuit Richard Renaux. "Il gère le club presque comme si c’était son bébé. Il sait dire non, il sait dire stop pour ne pas faire n’importe quoi". Le nouveau boss bayeusain a su surtout (re)créer une synergie qui semble pousser tout le monde vers le haut, à commencer par nos deux bénévoles. "Contre Le Havre Caucriauville (6e tour. 1-0), le soir, c’était l’anniversaire de ma femme, Anita. Il est venu avec les écharpes du club pour danser", raconte Richard Renaux. "On peut le dire, il a recréé une famille", ajoute « Mimi ». "Il nous dit toujours que si les bénévoles n’étaient pas là, il ne serait rien. Il nous le répète tout le temps".
Cette reconnaissance ravit les deux compères. "On a une très belle équipe, ça se passe très bien. C’est familial, ça roule", se félicite le père de Benjamin. "On met les joueurs dans les meilleures conditions possibles et ils ont un grand respect par rapport à ça". Les yeux qui brillent, Michel Martin témoigne : "On est apprécié tous les deux, et les joueurs savent nous rendre ce qu’on leur donne. Ils ont toujours un mot gentil". Ce respect mutuel s’est gagné au fil des années. Un élément qui contribue aux performances de l’équipe cette saison en Coupe de France. L’expérience d’Eric Fouda sur le banc, et sa façon de gérer ses troupes, y sont aussi pour beaucoup selon nos deux dirigeants. "Eric entre dans la tête des joueurs. Il sait les mettre dans les meilleures conditions pour créer des exploits", explique « Mimi ». Et un exploit, les Bayeusains devront en réaliser un nouveau, contre le Blois Football 41, pensionnaire de N2, ce samedi. Dans le Bessin, l’espoir de franchir un nouveau tour est permis.
> Coupe de France. 32e de finale - Bayeux FC (R1) / Blois (N2), samedi 20 décembre à 15 H 30 au Stade Henry-Jeanne.
Florian POLTEAU-GOMEZ
Michel Martin, surnommé « Mimi », ivre de bonheur après la qualification du Bayeux FC aux dépens du Stade Malherbe au 7e tour. ©Damien Deslandes
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