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Pour Evreux, une qualif' en 16e constituerait une bonne bouffée d'air... financière

Le sacrifice de Jonathan Bétin a permis à Evreux de préserver son succès contre la réserve d'Avranches.

Alors que Steve Mandanda, titulaire sur le troisième match de poules, est la doublure d'Hugo Lloris, Ousmane Dembélé et Dayot Upamecano sont deux des piliers du onze de départ de Didier Deschamps.

Une accession historique en National 2, un premier 1/32e de finale de Coupe de France, trois joueurs passés par son école de foot finalistes de la Coupe du Monde (Steve Mandanda, Dayot Upamecano et Ousmane Dembélé)... A l'EFC 27, on pourrait croire que tous les clignotants sont au vert. Sauf que les finances, elles, ont plongé dans le rouge vif. Pour boucler le budget de l'exercice 2022-2023 (environ 900 000 €), il manquerait, au bas mot, 150 000 € ! Pour cette mauvaise gestion, la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion) a sanctionné le club ébroïcien de trois points de pénalité ; ce qui n'empêche pas les hommes de Romaric Bultel de pointer en 5e position après 13 journées.

"On est nombreux à être originaires de la région d'évreux. On veut que le club se sauve", Thomas valentin

Des performances d'autant plus impressionnantes que ces difficultés économiques ne sont pas sans impacter les joueurs. La prime de montée en N2, concernant une vingtaine d'éléments (800 € chacun), n'a toujours pas été réglée. Et cette saison, de nombreux retards de paiement sont relevés. "De l'extérieur, nos résultats peuvent paraître surprenants mais le groupe est soudé. On prend beaucoup de plaisir à être ensemble. La semaine entre Noël et le 1er de l'an, il n'y avait que deux absents : un pour congés, l'autre pour maladie", témoigne le capitaine Thomas Valentin, particulièrement attaché à « son » club. "On est plusieurs à être originaires de la région d'Evreux. On veut qu'il se sauve : pour les éducateurs, les bénévoles, les petits..."

Elue à la présidence de l'EFC 27, par intérim, début décembre à la suite de la démission de son prédécesseur, Philippe Mongreville, Bénédicte Mombo avoue "se poser beaucoup de questions sur le devenir du club". Avec le nouveau bureau qui l'accompagne (Aurélie Badier et Marc Pelcot ont été nommés respectivement secrétaire et trésorier), sa principale mission consiste à mener un audit financier pour mesurer l'ampleur des dégâts. "On épluche les factures une par une en se demandant si elle est nécessaire. C'est un gros travail de fourni. Il faut que l'on propose un projet restructurant en limitant nos dépenses", annonce-t-elle. Autant dire que dans ce contexte, un exploit aux dépens de Bastia (L2), synonyme de chèque de 102 500 €, ne constituerait pas un luxe. "C'est vrai que ça nous donnerait de l'oxygène".

Un projet de reprise porté par plusieurs chefs d'entreprise ébroïciens

Mais comment l'EFC 27 s'est retrouvé dans une situation aussi délicate ? A Evreux, on jure pourtant qu'on ne mène pas la grande vie. "On ne vit pas au-dessus de nos moyens", assure Bénédicte Mombo reconnaissant que son club n'était peut-être pas suffisamment préparé pour évoluer en N2. "A ce niveau, on tend vers le professionnalisme. Que ce soit sur le plan administratif ou financier, il y a un fossé avec le N3". Pour la présidente ébroïcienne qui a la responsabilité de 680 licenciés, le modèle 100% associatif a vraisemblablement atteint ses limites. "Autour de nous, on constate que l'équipe première est gérée en société et le reste du club avec l'école de foot et les jeunes notamment en association (c'est le cas du FC Rouen)".

"Par définition, ces recettes exceptionnelles n'interviennent pas tous les ans", Bénédicte Mombo

A Evreux, pour boucler le budget, on s'est également reposé trop souvent sur des produits exceptionnels liés à des indemnités de formation sur des transferts internationaux. Par exemple, dans le cadre de la vente d'Ousmane Dembélé au FC Barcelone en 2017, l'EFC 27 a perçu entre 200 et 300 000 €*. "Par définition, ces recettes n'interviennent pas tous les ans", rappelle Bénédicte Mombo pour qui la précédente direction a aussi misé "sur un apport commercial surdimensionné". "On a la chance d'avoir des partenaires qui nous soutiennent mais certains ont souffert du Covid sans compter l'augmentation du coût de l'énergie".

Malgré toutes ces zones d'ombre, l'avenir de l'EFC 27 devrait s'éclaircir dans les prochains mois. Plusieurs chefs d'entreprise issus du territoire ébroïcien, très solides économiquement, travaillent sur un projet de reprise. "Ils sont animés d'une réelle envie de sauver le club. C'est ambitieux, positif et encourageant. Ils vont nous apporter leurs réseaux. Avec eux, il y aura un pilote dans l'avion. Ce sera structuré, carré et chacun sera à sa place avec un entraîneur qui entraîne, un administratif qui administre et un dirigeant qui dirige", rapporte un acteur du dossier. En attendant que ce projet se concrétise, c'est sur le terrain que le club ébroïcien veut faire parler de lui avec une qualification pour les 1/16e de finale de la Coupe de France à décrocher.

> Coupe de France. 1/32e - Evreux (N2) / Bastia (L2), samedi 7 janvier à 13 heures au Stade de Pacy-Ménilles.

*Lors d'un transfert international, chaque club formateur touche une contribution de solidarité : 0,25% de la somme pour chaque saison passée entre le 12e et le 15e anniversaire du joueur, 0,5% entre son 16e et 23e anniversaire.

Avec la mairie, des relations apaisées

Pour Erkan Adiguzel, adjoint aux sports à la mairie d'Evreux, la situation de l'EFC 27 est "difficile mais pas critique". Si on pouvait qualifier les relations entre l'ancien président, Philippe Mongreville, et la collectivité ébroïcienne d'assez fraîches, le climat s'est nettement apaisé depuis la nomination du nouveau bureau incarné par Bénédicte Mombo. "C'est notre partenaire public privilégié (210 000 € de subvention en 2022)", souligne la présidente par intérim.

A l'image de Philippe Mongreville qui avait lancé un appel lors de son départ à Ousmane Dembélé, Dayot Upamecano et Steve Mandanda, l'adjoint aux sports compte sur la générosité des trois finalistes de la Coupe du Monde pour aider leur club formateur. "On va les inviter pour un grand événement où ils auront chacun un terrain qui portera leur nom", dévoile Erkan Adiguzel. Du côté de l'EFC 27 et de sa présidente Bénédicte Mombo, on envisage plutôt de leur confier le rôle d'ambassadeur du projet éducatif « Foot travailler : ambition réussite ». Ce projet consiste à suivre les résultats scolaires des jeunes licenciés du club ébroïcien.

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