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Pourquoi les « footeux » sont dingues de padel ?

Entre le football et le padel, les liens sont étroits. Pendant la trêve Coupe du Monde, Padelshot - qui avait aligné une équipe au tournoi des partenaires de Malherbe - a accueilli les deux ex-Caennais Thomas Lemar et Nicolas Benezet.

Entre le football et le padel, les liens sont étroits. Pendant la trêve Coupe du Monde, Padelshot - qui avait aligné une équipe au tournoi des partenaires de Malherbe - a accueilli les deux ex-Caennais Thomas Lemar et Nicolas Benezet.

Des survêtements de l'Avant-Garde, de La Maladrerie ou encore du Bayeux FC... Non, nous ne sommes pas autour de la main courante d'un match de foot régional mais, bel et bien, à Padelshot Caen-Mondeville. Dérivé de différents sports de raquette, comme le tennis et le squash, le padel - discipline reine de l'autre côté des Pyrénées - connaît une croissance exceptionnelle dans notre pays depuis quelques années (le nombre de clubs et de terrains spécifiques a été multiplié par dix en l'espace de huit ans). Les footballeurs n'échappent pas à ce phénomène. Qu'ils évoluent dans les rangs amateurs ou qu'ils soient des (ex-)professionnels, ils sont des dizaines à avoir succombé au charme de ce sport, à commencer par Olivier Pickeu, le président du Stade Malherbe. Sous l'impulsion, entre autres, du préparateur physique Manu Lepresle dont l'un des préceptes est « voir avant de recevoir » ; une devise qui s'applique plutôt bien au padel, les jeunes du centre de formation du SMC viennent de refermer un cycle de quatre semaines d'initiation.

"Au padel, j'ai rencontré beaucoup de gens qui sont devenus des amis. C'est un peu comme une seconde famille", Félix Legras

Pendant la trêve Coupe du Monde, les fidèles de Padelshot ont ainsi eu l'occasion de croiser le champion du Monde 2018 Thomas Lemar. Avant de prendre en main la direction de Blois cet été, Cédric Hengbart était l'un des pensionnaires les plus assidus. Nommé directeur sportif du HAC à la même période, Mathieu Bodmer nourrissait, lui, l'objectif d'intégrer le Top 1000 français. Dans la structure mondevillaise, les liens entre les deux disciplines sont étroits, bien au-delà de la simple retransmission des affiches de Ligue des Champions et de Coupe du Monde sur les écrans du club-house. Même le gérant-associé Alex Maes est un ancien « footeux », en témoigne sa finale de la Coupe de Basse-Normandie, avec Orbec, en 2011, sur la pelouse de d'Ornano s'il vous plaît.

Mais pourquoi les footballeurs sont autant passionnés par ce sport de raquette ? "Tout d'abord, c'est hyper fun, hyper ludique", lance Félix Legras, l'un des meilleurs joueurs sur la place de Caen (n°195 Français). "Ce que j'aime dans le padel, c'est le mélange entre le challenge individuel, on se jauge par rapport aux autres à travers un classement, et la notion collective puisqu'on joue toujours par équipe de deux. Je ne cache pas que le fait d'avoir rapidement progressé et performé, c'est aussi assez plaisant". Au padel, l'entraîneur adjoint de l'Avant-Garde apprécie également l'ambiance qui y règne. "J'ai rencontré beaucoup de gens qui sont devenus des amis. C'est un peu comme une seconde famille. On part sur les tournois tous ensemble".

Lassé par les mauvais côtés du foot

Certains sont tellement accrocs qu'ils ont définitivement troqué les crampons contre la « pala ». "Je suis tombé amoureux de ce sport", confie Nathan Deslandes (n°1821), étudiant en Master 2 management du sport à la Win School et en alternance à Padelshot. "Quand j'étais plus jeune, je me disais que le foot ferait toujours partie de ma vie. Je jouais depuis l'âge de 7 ans", rappelle cet ex-défenseur d'Argentan, un peu lassé par les mauvais côtés du ballon rond. "Les bagarres parfois, les insultes tout le temps, envers l'arbitre, les adversaires et même entre coéquipiers". N'éprouvant aucun sentiment de manque, surtout en cette période hivernale, celui qui a mis un terme à sa « carrière » il y a une poignée de semaines à Potigny (R3) affectionne la mentalité se dégageant de cette discipline créée au Mexique dans les années 1970. "Au padel, quand tu rates un coup, ton partenaire t'encourage (enfin, la plupart du temps). J'espère vraiment que le padel gardera le même état d'esprit".

"Au padel, Le jeu de jambes a une importance énorme. Les footballeurs ont tellement l'habitude de s'en servir", Maxime Forcin

Des « footeux » qui ne se contentent pas d'aimer ce sport. Il suffit d'éplucher le palmarès des différents tournois pour s'apercevoir qu'ils se montrent à leur avantage. "Pour moi, la première raison, elle est d'ordre physique. Les footballeurs ont tellement l'habitude de se servir de leurs jambes. Sur un terrain de padel, que ce soit pour remettre les balles après les vitres, pour faire les courses avant-arrière, sur les lobs, le jeu de jambes a une énorme importance", explique Maxime Forcin, directeur sportif de Padelshot depuis la rentrée de septembre. "Avec leurs qualités physiques, ils peuvent embêter de nombreux adversaires car ils repoussent toutes les balles. Ce sont eux qui progressent le plus vite. C'est pourquoi on en retrouve beaucoup dans le top 500 Français"

Contrairement aux joueurs issus du tennis, les adeptes du ballon rond n'ont pas non plus les (mauvais) réflexes de reprendre les balles de volée ou en demi-volée dans une discipline où la maîtrise des vitres et des grilles est prépondérante. La lecture des trajectoires constituent également un autre de leur atout. Bien sûr, pour franchir un cap supplémentaire, cela requiert de travailler la technique en profondeur. "Ils ont aussi l'habitude de vouloir se surpasser pour un coéquipier. Par rapport aux tennismen, qui proviennent, par nature, d'un sport plus individuel, ils ont un temps d'avance dans ce domaine", ajoute le n°12 Français, membre du Top 100 national de la petite balle jaune durant dix ans. Comme un clin d'œil, Maxime Forcin - qui enseigne, aujourd'hui, le padel à plus de 130 élèves - est lui-même un ancien « footeux ». "J'ai joué jusqu'en U15 DH au FC Flers. A ce moment-là, j'ai dû choisir entre le foot et le tennis". Pour boucler la boucle, il ne manquerait plus que tout ce joli petit monde se reunisse pour un « Five ».

> Tournoi P1000 à Padelshot Caen-Mondeville (6, rue des Frères Lumières, 14 120 Mondeville), vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 décembre. Qualifications vendredi 16 décembre à partir de 18 heures, début du tableau final samedi 17 décembre à partir de 9 heures, demi-finales (9 heures) et finales (13 h 30) dimanche 18 décembre.

Quand les footballeurs taquinent (gentiment) les tennismen

Entre les footballeurs et les tennismen qui se côtoient au padel, c'est parfois un peu le choc entre deux mondes, notamment au niveau du « chambrage ». Quiconque a déjà mis un pied dans un vestiaire de foot sait qu'il vaut mieux ne pas être susceptible. "Au foot, on s'entraîne ensemble, on fait les déplacements ensemble, on mange ensemble. On est toujours en équipe. Ça chambre tout le temps et sur tout : les coiffures, les fringues, un but raté... Au tennis, comme tu te déplaces la majorité du temps tout seul sur les tournois, tu ne vas pas te chambrer toi-même", témoigne Valentin Viseur (n°1013 Français), ancien footballeur converti à la passion du padel.

Ce « chambrage » illustre également l'aspect compétiteur des amoureux du ballon rond. "Par exemple, un footeux, quand l'adversaire loupe un smash, il va crier « Vamos » ou « Yes ». Alors qu'au tennis, c'est hyper mal vu de faire ça". C'est pourquoi, pour Valentin : "Le padel est un bon intermédiaire entre le tennis et le foot car tu joues à deux mais qu'à deux, tu n'es pas dans un groupe de 20 joueurs. Tu crées une cohésion avec ton partenaire. Tu vas plus être amené à chambrer ton adversaire si tu le connais".

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