Site icon Foot Normand

Réforme des championnats, terrains de Foot 5, défi de la mobilité... Au cœur du District de l’Orne

Devant le siège du District de l’Orne, à Alençon, les deux co-présidents Patrick Baillard et Sébastien Gourdel entourent une partie de l’équipe technique et administrative : le directeur Frédéric Ortiz, l’assistante administrative Marianne Pesle, le stagiaire Mathis Charbonnier et l’éducatrice sportive Elisa Monin.

Devant le siège du District de l’Orne, à Alençon, les deux co-présidents Patrick Baillard et Sébastien Gourdel entourent une partie de l’équipe technique et administrative : le directeur Frédéric Ortiz, l’assistante administrative Marianne Pesle, le stagiaire Mathis Charbonnier et l’éducatrice sportive Elisa Monin.

Si la principale mission des Districts, premier étage du système fédéral avant les Ligues et la FFF, est d’organiser et de gérer les compétitions départementales, chacun d’entre eux (au nombre de 90) possède ses spécificités en fonction de son histoire, de son territoire, de son nombre de clubs… Durant cette année 2023, FOOT NORMAND est parti à leur rencontre. Premier à ouvrir le bal : l’Orne.

Le bénévolat, pilier du lien social

"Dans de nombreuses communes, il n’y a plus de troquet, plus de boulangerie mais il y a toujours un club de foot"

"Même si de nouvelles pratiques ont vu le jour, le foot reste de très loin le premier sport sur notre territoire. Souvent, dans de nombreuses communes, le club de foot est la dernière association du village. Il n’y a plus de troquet, plus de boulangerie mais il y a toujours un club de foot. Et la buvette du dimanche après-midi devient un lieu absolument vital pour la vie de ces communes". Dans l’Orne, peut-être plus qu’ailleurs, le ballon rond est vecteur de lien social comme l’indique Sébastien Gourdel. Ce lien social s’appuie sur des bénévoles quand ce n’est pas sur une seule personne. "Ils portent les associations à bout de bras. Forcément, avec le temps, ils fatiguent et ils n’ont pas identifié de relais pour assurer la suite", constate le co-président du District.

L’ex-trésorier du Vimoutiers FC sait à quel point le départ d’un dirigeant emblématique peut causer des dégâts. "A Croûtes, le jour où Raymond Deslandes a arrêté, le club n’y a pas survécu. Lui et son épouse réalisaient le travail de plusieurs bénévoles". "Le plus dur, c’est de trouver un meneur. Des bénévoles, il y en aura toujours. Les gens sont prêts à filer un coup de main mais en assumant des responsabilités, ils ont peur d’être pris tout le temps alors que plus on est nombreux, mieux c’est", rappelle Patrick Baillard qui a vu des associations renaître de leurs cendres avec l’arrivée de nouveaux dirigeants ou le retour d’anciens. "A Bellême, il y a quelques années, il ne comptait plus aucun licencié et aujourd’hui, ils sont 200".

Le défi de la mobilité

"C’est un exploit que nos clubs parviennent à maintenir leur effectif dans ce contexte démographique"

Malgré une population ornaise en baisse à chaque recensement depuis 30 ans (à peine 280 000 habitants en 2019), le District stabilise le nombre de ses licenciés en flirtant avec la barre des 10 000 (lire ci-dessous). "C’est un réel exploit que nos clubs parviennent à maintenir leur effectif dans ce contexte démographique", se félicite Sébastien Gourdel. Surtout que pour assouvir sa passion pour le ballon rond dans ce territoire rural, il faut parcourir plusieurs kilomètres, et ça dès le plus jeune âge. "15-20 dans le meilleur des cas et parfois, ça dépasse les 60. Ça représente un coût très important pour les clubs avec l’augmentation du prix de l’essence et ce sont des responsabilités supplémentaires pour les bénévoles", pointe le co-président de l’instance départementale, parfaitement conscient des enjeux autour de cette question de la mobilité. Bien sûr, il existe des dispositifs fédéraux pour faciliter la vie des associations avec notamment le Fafa ; un Fonds d’aide pour le football amateur qui finance à hauteur de 50% l’achat d’un mini-bus neuf places.

Mais cela ne suffit pas toujours à l’image de la désaffection constatée entre les U13, qui pratiquent le foot à 8, et les U15, qui basculent sur un grand terrain. Pour pallier ce problème, le District se veut force de proposition. "La saison dernière, en U15, certains clubs ruraux, qui n’ont tout simplement pas l’effectif nécessaire pour jouer à 11 ou aligner une deuxième équipe, ont continué la pratique à 8. Plutôt que de laisser huit gamins sur le carreau", expose un Patrick Baillard pleinement satisfait du résultat. "Des clubs nous ont expliqué que sans cette mesure, des gamins auraient arrêté le foot. Ça nous a permis de garder 90 licenciés. Et contrairement à ce que pensaient certains, on n’a pas perdu d’équipe à 11".

Le District de l’Orne en 4 chiffres

9 814

Le nombre de licenciés que comptait le District de l’Orne au terme de l’exercice 2021-2022 dont 978 féminines, soit environ 10% de l’effectif total (dans la moyenne régionale). "Globalement, on tourne autour de la barre des 10 000. C’est une tendance stable à l’exception des années Covid même si aujourd’hui, on a retrouvé notre niveau d’avant la crise sanitaire", constate le co-président Sébastien Gourdel.

83

Le nombre de clubs actifs au sein du District de l’Orne. Si des associations mettent la clé sous la porte tous les ans, l’instance départementale a eu le bonheur d’enregistrer deux créations cette saison ! "On en a eu un sur la commune de Sai (à proximité d’Argentan) et un deuxième avec l’Alençon FC", précise le co-président Sébastien Gourdel.

3

Le nombre d’éducateurs composant l’équipe technique du District de l’Orne. Alors que Clément Loudjani, conseiller technique départemental, a principalement pour missions le foot animation et le foot jeune, Elisa Monin, éducatrice sportive (et joueuse à l’US Alençon), a en charge la promotion du foot féminin, du foot à l’école et du foot en marchant. Salarié de la Ligue de Normandie et détaché sur l’Orne, Florent Jiquel, conseiller technique de secteur, s’occupe, entre autres, de la détection des jeunes joueurs à potentiel et du développement de leur potentiel.

1

Depuis le mois de mai, le District de l’Orne compte un nouveau directeur en la personne de Frédéric Ortiz. Ancien salarié du HAC pendant 15 ans ; un club doyen dont il a fini directeur administratif de l’association, à la Cavée Verte, Frédéric Ortiz a succédé à Yvette Boucher qui après 20 ans de bons et loyaux services a fait valoir ses droits à la retraite.

Des championnats réformés

"Les deux équipes qui monteront de D1 seront prêtes pour les joutes de R3"

C’est la grande mesure de la première partie du mandat du duo Sébastien Gourdel - Patrick Baillard : une réforme des championnats départementaux. Elle entrera en vigueur dès la saison prochaine. La principale nouveauté concerne la D1 puisqu’il n’y aura plus qu’une poule contre deux aujourd’hui (ainsi que deux poules de D2 et de D3 et un nombre encore à déterminer de poules de D4 en fonction des équipes engagées). Couplée à la réduction des groupes de R3 impulsée par la Ligue de Normandie (huit au lieu de dix en 2023-2024), cette réforme verra pratiquement les trois quarts des pensionnaires de première division descendre d’un étage ; le dernier de la classe sera, lui, carrément rétrogradé en… D3 ! "Notre future D1 sera composée pour moitié de reléguées de R3 plus les équipes classées deuxième, troisième voire quatrième de notre actuel D1", détaille Sébastien Gourdel.

On ne va pas se mentir, ce remaniement des championnats n’a pas fait l’unanimité même si 76% des clubs présents ou représentés lors de l’assemblée générale de juin 2022 l’ont approuvé. "Je suis assez content et fier qu’on ait pu porter une réforme sportive difficile à accepter pour les clubs", souligne l’ancien trésorier du Vimoutiers FC. L’objectif de cette refonte des compétitions départementales : "Redonner de l’attractivité et de l’intérêt à nos championnats, surtout en D3 où, entre les forfaits et les exempts, on avait du mal à former des groupes de 12", justifie Patrick Baillard. "Certaines équipes se retrouvent deux-trois semaines sans jouer. C’est encore pire en D4 où il n’y a parfois qu’un match par mois. C’est comme ça qu’on perd des licenciés. Il faut proposer trois matches, de championnat ou de coupe, par mois". Pour les deux co-présidents, cette réforme augmentera aussi la compétitivité des championnats ornais, à commencer par la D1. "Les deux équipes qui monteront seront prêtes pour les joutes de R3". Premiers éléments de réponse à partir de 2024.

La construction de terrains de Foot 5

"Ça répond aux besoins de nos clubs"

La Ferté-Macé a été le pionnier en la matière, Le Mêle-sur-Sarthe, Saint-Germain-du-Corbéis, Mortagne-au-Perche, Domfront et L’Aigle sont sur le point de l’imiter. Les terrains de Foot 5 constituent l’un des enjeux du développement du football, principalement en zone rurale. Il faut dire que les avantages de cet équipement sont légion. "C’est une installation maligne. Si l’aire de jeu est, certes, réduite, elle permet de poursuivre l’activité l’hiver quand les terrains en herbe sont fermés", lance, en préambule, Sébastien Gourdel. "Ça répond aux besoins de nos clubs qui n’ont parfois qu’une petite dizaine de joueurs à l’entraînement. Et c’est éclairé ! Ça change des phares de la bagnole", ajoute Patrick Baillard, caricaturant un brin le trait. Cette surface doit également permettre aux associations d’élargir leur offre de pratique à travers le foot animation, le foot en marchant, le foot à l’école…

"Avec un coût abordable", met en avant Sébastien Gourdel. S’il faut désormais compter environ 1 M€ pour se doter d’un synthétique ; "des communes n’en auront jamais les moyens même si les deux structures sont complémentaires", un terrain de Foot 5 « ne coûte que » 125 000-130 000 €. Surtout, jusqu’aux JO de Paris, en 2024, cet équipement est financé à hauteur de 80% par la FFF, via le Fafa, et l’ANS (Agence nationale du sport). Conclusion des dirigeants ornais : "C’est maintenant qu’il faut les construire".

Financés à hauteur de 80% par la FFF et l’ANS jusqu’aux JO de Paris 2024, les terrains de Foot 5, comme, ici, à La Ferté-Macé, constituent l’un des enjeux du développement de la pratique, surtout en milieu rural.

Quitter la version mobile