Foot Normand
Coupe de France. 8e tour - Yvetot AC (R1) / Bayeux FC (R1), samedi 29 novembre à 18H

Sa demande refusée pour avancer un match, le Bayeux FC fulmine, Benjamin Renaux et Romain Guillotte suspendus

Pour permettre à Benjamin Renaux et Romain Guillotte de purger leur suspension avant le 8e tour, face à l’Yvetot AC (R1), ce samedi, le Bayeux FC (R1) a demandé à avancer l’un de ses matchs de championnat. Malgré l’accord des adversaires, la Ligue a refusé, afin de préserver l’équité entre les participants à la Coupe de France. Un refus qui a provoqué l’incompréhension dans le Bessin, surtout qu’il y a deux ans, l’instance régionale, mais qui n’est plus dirigée par les mêmes personnes, avait accédé à une requête similaire pour la JS Douvres. Sauf qu’à l’époque, il ne s’agissait pas d’une affiche entre deux clubs normands.

Les Bayeusains Benjamin Renaux et Romain Guillotte (en arrière-plan) seront suspendus face à l'Yvetot AC, pour le 8e tour de la Coupe de France. ©Damien Deslandes

Alors que ses joueurs venaient à peine de signer un incroyable exploit aux dépens d’un Stade Malherbe (3-2) évoluant trois divisions au-dessus (N1), Eric Fouda ne pensait déjà qu’au prochain tour, et notamment à l’absence de Benjamin Renaux et Romain Guillotte. Pour avoir écopé d’un avertissement contre le SMC, le troisième en moins de dix rencontres, les deux attaquants bayeusains manqueront le rendez-vous face à l’Yvetot AC (R1), ce samedi (au niveau régional, les suspensions, pour accumulation de cartons jaunes, ne sont pas automatiques). Un coup dur pour le BFC tant ces deux éléments pèsent lourd dans les performances des « Jaune et Bleu ». A eux deux, ils ont inscrit 55% des buts (5/9) de leur équipe, en R1, depuis le début de la saison. Compte tenu de leur importance, dans le Bessin, on s’est remué les méninges pour trouver une solution afin de pouvoir s’appuyer sur les deux gâchettes maison. C’est ainsi que l’idée d’avancer une journée de championnat, la semaine précédant ce 8e tour, a germé ; la sanction prenant effet à partir du deuxième lundi suivant le troisième avertissement récolté, cette modification du calendrier leur aurait permis de la purger.

"Ce n’est pas de la triche puisque le règlement nous l’y autorise", assure Luis Ferreira-Pavesi, le président bayeusain. Surtout que, successivement, l’USON Mondeville puis la réserve de l’AS Trouville-Deauville-Villers avaient accepté de jouer ce mercredi ; ces deux adversaires y voyant aussi leur intérêt, celui d’affronter un BFC amoindri par ces absences et ayant déjà, peut-être, la tête tournée vers la Coupe de France trois jours plus tard. Pour Mondeville, il s’agissait de l’un des trois matchs en retard des hommes d’Eric Fouda en raison de leur parcours dans cette « Vieille Dame »*. Pour la « B » de l’ASTDV, cette rencontre aurait dû se tenir le week-end dernier mais les conditions climatiques en ont décidé autrement ; l’arbitre ayant estimé que la pelouse du Stade Henry-Jeanne était impraticable.

Le précédent de la JS Douvres il y a deux ans

Sauf que la Ligue de Normandie (LFN), et plus précisément la commission des compétitions, ne l’a pas entendu de cette oreille. Malgré l’accord des clubs concernés, et bien qu’elle ait été effectuée dans les délais requis (soit 48 heures avant la nouvelle date prévue, via le logiciel Foot club), cette requête a été rejetée. « Aucun motif impérieux ou circonstance exceptionnelle ne justifie la fixation de cette rencontre aussi vite », peut-on lire sur le procès-verbal de la commission. "Mais dans les règlements, aucune obligation de saisir un motif n’est nécessaire", ne comprend pas Luis Ferreira-Pavesi. Pour la Ligue, il est principalement question « d’être garante de la régularité des compétitions et particulièrement d’un 8e tour de Coupe de France »… entre deux représentants normands aurait-on envie d’ajouter. « Accepter cette demande permettrait à l’un des deux clubs encore en lice (le BFC) de modifier éventuellement la composition de son équipe », est-il également écrit sur ce fameux PV, référence donc à la suspension de Benjamin Renaux et Romain Guillotte. En accédant à cette sollicitation, l’instance régionale aurait pu donner le sentiment de favoriser Bayeux au détriment d’Yvetot. Pas certain qu’on aurait apprécié cette décision dans le pays de Caux.

Le problème, c’est que la même commission, mais composer de membres différents (elle a été renouvelée depuis les dernières élections de novembre 2024), avait répondu favorablement à une requête similaire de la part de la JS Douvres (R2) il y a deux ans. Pour permettre à Mathieu Jouenne et Valentin Joseph de purger leur suspension et de participer au 7e tour contre Choisy-au-Bac (R1), l’équipe alors entraînée par Jean-Baptiste Piquet avait obtenu de décaler l’un de ses matchs, en l’occurrence face à l’USC Mézidon, au mercredi précédent, sans que cela n’offusque personne. Bien au contraire. D’où l’incompréhension dans les rangs bayeusains. Mais la JSD n’affrontait pas un voisin normand. Un « détail » qui fait toute la différence dans cette histoire. Rétrospectivement, s’il y a eu une erreur de commise, c’est peut-être bien à l’époque en autorisant cet arrangement. Si cela part d’une bonne intention, celle de donner un coup de main à un club de son territoire, la Ligue, même si ce ne sont plus les mêmes personnes qui la dirigent, a mis le doigt dans un engrenage dont elle n’a pas mesuré toutes les implications sur le long terme.

*A noter que ces trois matchs en retard, respectivement contre l’USON Mondeville (J4), l’AS Cherbourg (J6) et la réserve du HAC (J10), ont tous déjà été reprogrammés dans le calendrier, à des dates prévues à cet effet : le 13 décembre, le 24 janvier et le 15 février.

Quelle(s) solution(s) pour éviter que ce problème se reproduise ?

Avec une suspension par compétition, un exemple de modification de la réglementation sur le volet disciplinaire, Romain Guillotte n'aura pas été privé du 8e tour de la Coupe de France. ©Damien Deslandes

Et si le cas du Bayeux FC, avec Benjamin Renaux et Romain Guillotte, établissait une jurisprudence ? Pour éviter que ce type d’imbroglio se reproduise, avec la possibilité ou non de décaler un match pour faire purger une suspension à un joueur, une modification de la réglementation semble nécessaire. Plusieurs pistes peuvent être étudiées, même s'il convient de préciser que le règlement sur le volet disciplinaire est géré par la Fédération française, et non par la Ligue de Normandie :

- la suspension automatique (dans le cas de trois avertissements en moins de dix matchs), comme dans le monde professionnel ; ce qui nécessiterait d'informatiser les sanctions,

- la suspension en temps comme dans d’autres sports collectifs (la suspension court jusqu’à telle date, peu importe le nombre de matchs qui se disputent sur cette période). Problème, au niveau amateur, les arrêtés municipaux et/ou les journées reportées par la Ligue la rendent compliquer à appliquer,

- la suspension pour une date précise (dans le cas d’un week-end, elle entrerait en vigueur le vendredi matin et se terminerait le dimanche soir). En cas de report du match sur le week-end en question, pour une raison indéterminée, la suspension serait décalée à la rencontre suivante,

- la suspension par compétition (les avertissements et les expulsions en championnat et en Coupe de France seraient dissociés. Ainsi, le joueur purgerait dans la compétition dans laquelle il a été sanctionné)

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